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Par Sabine Azémia
3 août 2014 17:24
Elle restera dans les mémoires comme une femme de poigne, qui avait la force de ses convictions et se donnait les moyens de mener ses combats à bon port. Rada Gungaloo, activiste féministe et avocate, Rada Gungaloo s’était donné pour mission de militer pour le bien-être et le respect des femmes, surtout celles victimes des coups de leurs conjoints. Après avoir fait ses débuts dans le Muvman Liberasyon Fam (MLF), elle s’est démenée corps et âme afin que SOS femmes, le foyer accueillant les victimes de violences conjugales, voit le jour dans les années 80 – un autre centre ouvrira ses portes en 2009. Son caractère d’acier et sa volonté à toute épreuve l’ont accompagné jusqu’à ses derniers instants, comme en témoignent ses amis.
Loga Virahsawmy, ancienne directrice de Gender Links, a eu l’occasion de la côtoyer pendant des années. «J’ai une grande admiration pour cette femme qui s’est battue pour que la Protection against Violence Act entre en vigueur dans le pays», souligne Loga. Elle salue aussi l’initiative de Rada Gungaloo d’avoir fondé SOS Femmes : «Je suis fière d’elle par rapport à son dévouement pour le peuple et pour avoir été le cerveau de cette organisation non gouvernementale (SOS femmes) qui a pour but d’aider les femmes victimes d’actes de violence. Je dis chapeau.» Loga ne tarit pas d’éloges concernant la mission et la vision que Rada Gungaloo avait pour la société. «C’est un modèle à suivre, une grande dame et le pays lui doit une fière chandelle.» Pour elle, le départ de Rada Gungaloo constitue une grande perte pour les femmes, d’autant qu’elle «s’est toujours battue pour que la femme soit respectée à sa juste valeur».
Femme de terrain
Un sentiment que partage le père Filip Fanchette qui considérait Rada Gungaloo comme une surprenante battante. Le prêtre, qui la connaissait bien, la décrit comme «une femme de terrain qui faisait tout ce qui était en son pouvoir pour faire bouger la société, triompher la justice, entre autres». Il se remémore sa première rencontre avec l’avocate : «C’était dans les années 70 et Rada était en compagnie de son père qui était gréviste à cette époque», confie Filip Fanchette. Depuis son plus jeune âge, dit-il, Rada Gungaloo s’est montrée persévérante : «Elle s’est battue pour ses frères et ses sœurs, pour qu’ils avancent dans la vie.»
Bien que Rada Gungaloo ait été traitée de tous les noms, notamment de «kaser menaz» de par son engagement auprès des femmes victimes de violences conjugales, elle n’a jamais baissé les bras. «Sa bravoure et sa persévérance étaient l’une des facettes que j’admirais le plus. Quelles que soient les difficultés, Rada ne baissait jamais les bras, elle ne cédait jamais, elle piochait loin afin de trouver une solution à tout problème. Elle voulait tout le temps savoir le fonds de mes pensées, afin de faire des choses pour améliorer la société. Elle était à mes cotés quand j’avais besoin d’elle, a toujours prêté une oreille plus qu’attentive à ses semblables», raconte Filip Fanchette. La dernière fois qu’il a vu Rada Gungaloo, c’était il y a quelques semaines. «C’est un grand regret de l’avoir perdue.»
La ministre de l’Égalité des genres, du Développement de l’enfant et du Bien-être de la Famille, Mireille Martin, a tenu à présenter ses sincères condoléances aux proches de Rada Gungaloo. La ministre soutient que Rada Gungaloo «a lutté avec acharnement pour le respect des droits des femmes de la République de Maurice».
Elle laisse le souvenir d’une femme engagée sur tous les fronts, pour l’avancement des femmes et de la cause féminine. «Elle était aussi volontaire pour aider à la cause des femmes opprimées, victimes de violence. Quand je lui ai demandé, c’est sans hésitation, malgré sa santé déclinante, qu’elle a accepté de faire partie du Comité consultatif sur le Renforcement du Cadre pour la Protection contre la Violence domestique (Advisory Committee on the Reinforcement of Framework for the Protection from Domestic Violence), que j’ai mis sur pied en mars de cette anné».
La dernière sortie publique de Rada Gungaloo a d’ailleurs eu lieu le 8 mars, à l’occasion de la Journée de la femme, avec la grande famille de SOS femmes. Activiste jusqu’au bout.
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