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Humans of Mauritius : Clichés d’une île

13 octobre 2014

Kevin Keenoo veut favoriser la fraternité et le respect mutuel.

Avant les mots, l’émotion. Celle d’une photo. Celle d’un visage. Inconnu ou pas. Puis, se laisser porter par l’histoire. Les paroles qui touchent au cœur. La douceur d’une rencontre éphémère, mais tellement éternelle. Comment oublier le visage de Liline, aperçue sur son écran pendant quelques secondes ? Comment ne pas garder au fond de sa mémoire sa triste histoire ?

 

Impossible. Imaginer qu’elle n’est pas loin cette grand-mère courage, qu’elle vit peut-être à quelques rues de chez vous. Laisser voguer ses pensées vers elle. Être, le temps d’une seconde, un soutien silencieux et insoupçonné. Humans of Mauritius* permet ces instants d’éternité. Cette page, qui se trouve sur Facebook, existe depuis quelques semaines.

 

Elle s’inspire de la toute première page de ce genre, Humans of New York, créée par le photographe Brandon Stanton et suivie par plus de trois millions de personnes. Une photo, une citation et des bribes de vie des New-yorkais : la recette gagnante ! Depuis, on retrouve le même concept un peu partout dans le monde : Humans of Paris, Humans of Pakistan, Humans of India, entre autres. Maurice surfe désormais sur cette vague humaniste, tournée vers l’autre, loin du selfie. Et c’est Kevin Keenoo, 26 ans, qui a lancé le mouvement local. Avec son appareil photo, le jeune homme sillonne l’île et va à la rencontre des autres.

 

Il est un capteur d’âmes. Ses clichés, ses histoires : c’est un peu de chacune de ces rencontres qu’il porte en lui : «C’est l’aventure d’une vie. Je ne crois pas que je vais m’arrêter. Chaque personne a une histoire à raconter.» Avec ses images et ses mots, il veut faire une grande et poignante photo de notre pays : «Je vais voir des jeunes, mais aussi des personnes plus âgées. J’essaie de toucher toutes les cultures, toutes les tranches d’âge, toutes les régions.» Une façon pour lui de promouvoir la culture mauricienne à l’étranger : «Je voyage beaucoup, surtout dans les pays africains. Et nombreux sont ceux qui ne connaissent pas notre pays.» Mais pas seulement : «Je veux mettre l’accent sur la fraternité et le respect mutuel.»

 

Alors, il se balade et accoste les gens : «Je choisis les gens au hasard. Ou plutôt au feeling. Je me présente et j’explique le concept de la page. Bien sûr, il y a des personnes qui refusent. Mais tout se passe bien avec courtoisie.» Aborder un inconnu et le convaincre, ce n’est pas toujours évident : «Des personnes sont plus timides. D’autres veulent parler. Comme si elles n’attendaient que ça : un moyen de les soulager d’un poids.» Chacune des histoires écoutées est racontée dans le respect de l’autre : «C’est quelque chose de positif et de valorisant.» 

 

Kevin Keenoo espère fixer, pour longtemps, de nombreux sourires, de nombreux regards. Pour que les mots et les photos fassent parler vos émotions…

 

* https://www.facebook.com/pages/Humans-of-Mauritius/ 294326567425439 (Bitly : http://on.fb.me/1vQoREH)

 


 

Kevin Keenoo, l’aventurier

 

Il anime des causeries, publie des livres et découvre le monde. À 26 ans, Kevin Keenoo a une vie excitante et plus que remplie. Amoureux de l’Afrique, de son pays et de son prochain, il enchaîne les initiatives. Employé par une multinationale dans le département des ressources humaines, il voyage beaucoup et rencontre de nombreuses personnes. Son goût pour les autres le mène toujours vers de nouvelles aventures. Et il adore ça. Après la publication de son roman, My Message Of Youth Leadership, en 2012, il fera paraître, en décembre, Ten Arts of Life.

 


 

Dans le viseur

 

Au détour d’une rue, dans un centre commercial ou dans les allées tortueuses de la capitale, Kevin Keenoo fait de belles rencontres.

 

 

1. «Grâce à la prière, vous ne pouvez jamais perdre. Dans la foi, vous gagnerez toujours. Soyez dédié à Dieu et il vous montrera la voie pour faire face à vos problèmes.»

 

 

2. «Je m’appelle Patrick. Et cela fait trente ans que je vends des mines et des boulettes de viande à Port-Louis. J’aime mon travail, même si je me demande souvent si la prochaine génération pourra faire le même métier avec la même passion et le même amour. Ces dernières décennies, j’ai vu la capitale changer. Mais pas que. J’ai aussi vu l’évolution des esprits.»

 

 

3. «Si j’avais des pouvoirs magiques, la première chose que je ferais, c’est de ramener la personne que j’aime le plus au monde : mon père. Papa, j’aurais tellement voulu que la magie existe vraiment. Je t’aime et tu me manques énormément.»

 

 

4. «Je me prénomme Liline et j’ai 75 ans. Ma vie a basculé quand j’ai perdu mes deux fils. J’ai l’impression de survivre uniquement et ma vie a perdu toutes ses couleurs. Mais grâce à ma foi en Dieu, je n’ai pas baissé les bras. J’ai une petite-fille de six ans et je dois m’occuper d’elle. C’est très dur de joindre les deux bouts avec ma pension mensuelle. Je ne suis pas riche financièrement. Mais grâce à ma foi, je le suis.»

 

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