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Il était une fois Agnès, 106 ans

2 décembre 2016

Des yeux brillants, le visage souriant et un brin d’espièglerie dans la voix. À la question de savoir ce qu’on peut lui souhaiter pour son anniversaire, célébré dimanche dernier, Agnès Marie, 106 ans, lance sur un ton amusé : «Bah, bon anniversaire !» Jouissant d’une bonne santé malgré une petite surdité, celle que ses proches appellent affectueusement «marraine» se déplace toute seule et vit dans sa maisonnette à Arsenal en compagnie de sa cousine Raymonde Hoareau, âgé de 96 ans.

 

C’est à deux qu’elles regardent défiler le temps tout en se rémomorant leur passé. «Toi aussi tu vas arriver à 100 ans»,lance Agnès à sa cousine dans un éclat de rire. Avec une joie de vivre omniprésente, la centenaire est connue pour son côté enjoué, même si elle est passée par beaucoup d’épreuves dans sa vie. «J’ai vu partir beaucoup de mes proches. Il y a eu ma mère, décédée à 40 ans, puis mon père, à 52 ans. Ça fait aussi plusieurs années que j’ai perdu mon époux»,raconte celle qui n’a jamais eu d’enfant et qui a travaillé un moment comme «manev dan potri».

 

N’ayant jamais été portée sur tout ce qui est matériel, Agnès, qui avait des cabris autrefois, a toujours été une personne simple. «J’aimais aller au cinéma. C’était mon grand loisir. J’ai connu le cinéma muet, puis parlant. Il m’arrivait aussi de marcher pour aller en ville, parfois avec des chaussures à talons. Comme il n’y avait pas de transport, je marchais et ce n’était absolument pas pénible.»Agnès a évidemment connu beaucoup de choses au cours de sa longue vie, notamment le passage de certains grands cyclones. «Ti bizin al dormi dan Village Hall», dit-elle.

 

Celle qui a étudié jusqu’au Standard VI aimait aussi faire la cuisine : «J’aimais beaucoup faire des rotis qu’on mangeait avec un bon cari de poisson.» Aujourd’hui, elle continue à apprécier les «petits plaisirs simples»de la vie : «J’aime regarder la télévision. Et m’asseoir sur la terrasse.»

 

C’est entourée de ses proches, de ses neveux et nièces qu’Agnès traverse maintenant la vie. «Elle vit seule dans sa maison avec sa cousine mais plusieurs membres de sa famille vivent dans la même cour. Une femme vient l’aider mais elle aime beaucoup se débrouiller seule. Par exemple, elle se déplace toute seule»,confie Chantal, une de ses nièces.

 

Une autre proche, Louise, dit être très fière de côtoyer Agnès : «Elle est comme la mémoire de la famille. Elle nous raconte souvent comment la vie était auparavant.»Pour elle, la vie d’Agnès est riche en enseignements. «Elle nous raconte souvent le temps de rationnement quand il fallait se nourrir de manioc»,ajoute Chantal qui a passé la journée de dimanche avec sa tante. «On a déjeuné, elle a coupé son gâteau puis on a regardé ensemble la messe pour l’élévation de Mgr Piat au rang de cardinal», conclut Chantal sous le regard pétillant d’Agnès.

 

Voir notre rencontre avec Agnès 

 

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