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Il a été arrêté suite à une opération musclée à Riambel

23 novembre 2015

Le récidiviste notoire aurait commis 55 cas de vol en deux mois.

Mercredi 18 novembre, 16h50. Les habitants d’African Town, Cité des Dieux et Cité EDC vaquent tranquillement à leurs occupations quand un bruit se fait entendre, celui de moteurs de plusieurs véhicules qui freinent et ensuite de bottes qui s’approchent. Ils se rendent alors compte que le quartier est encerclé par des membres des forces de l’ordre. Les policiers munis de fusils, de chiens de garde et de tout leur arsenal sont là pour une opération spéciale : procéder à l’arrestation de Sébastien Samuel, 29 ans, habitant des environs, qui est recherché depuis quatre mois.

 

On le soupçonne d’avoir commis pas moins de 55 cas de vol en deux mois dans le Sud, dont plusieurs avec violence, ainsi que des agressions sexuelles. Après une véritable chasse à l’homme d’environ deux heures dans les trois cités, avec coups de fusils, introduction musclée dans plusieurs maisons, bousculade, hostilité des habitants, sept policiers blessés, le récidiviste notoire est repéré par l’hélicoptère de la police et arrêté (voir hors-texte). Au grand soulagement des policiers, mais aussi des habitants du coin, qui même s’ils n’ont pas apprécié les méthodes des policiers, voulaient aussi que Sébastien Samuel, la terreur de l’endroit, soit mis sous les verrous.

 

Car le simple fait de prononcer son nom fait trembler plus d’un dans le Sud où il est connu comme «une grande gueule», un homme violent au «sang chaud» et un récidiviste notoire au casier judiciaire très chargé. Pour cause, Sébastien Samuel, plus connu comme Cewe, passe son temps à commettre des délits : vol avec violence, vol avec effraction, vol avec une arme, vol sur touristes ou larceny from car.

 

Pire, la police soupçonne aussi cet homme de s’en être pris à des couples d’amants ou de collégiens en plein ébat dans des lieux retirés de Riambel ou Pomponette et d’avoir agressé sexuellement les jeunes femmes une fois que leur partenaire s’est enfui sous la menace d’une arme. Toutefois, aucune de ces présumées victimes n’auraient porté plainte officiellement pour ne pas avoir de problèmes avec leurs familles.

 

«Li pa hezite pu pike…»

 

Sébastien Samuel s’est fait un nom dans sa localité et celles avoisinantes pour ses nombreuses frasques et ses démêlés avec la justice depuis qu’il est tout jeune. Autant dire qu’il sème la terreur. «Il n’a peur de rien depuis l’enfance. Il n’a pas le physique d’un culturiste, mais il inspire la peur autour de lui. De plus, il aime les armes tranchantes. Li pa hezite pu pike ou koupe», explique quelqu’un qui le connaît très bien.

 

La preuve, alors qu’un policier armé d’un revolver s’était retrouvé face à lui mercredi, Sébastien Samuel lui a assené un coup de sabre, l’atteignant à la main avec le dos de l’arme, avant de prendre la fuite. Une balle est d’ailleurs partie dans la foulée sans avoir de graves conséquences, mais semant la panique chez les habitants de l’endroit.

 

Né le 25 août 1986, Sébastien Samuel a ses premiers ennuis avec la justice à l’âge de 16 ans seulement. Le 10 janvier 2003, il est condamné à payer une amende de Rs 4 000 pour possession of cannabis for the purpose of selling. La cour lui ordonne alors de bien se comporter pendant deux ans, d’autant qu’il n’a pas encore atteint la majorité. Une promesse qu’il ne tient pas. Un an plus tard, le 30 juin 2004, il est condamné à passer quelque temps à la maison d’arrêt pour mineurs et deux ans de probation pour une histoire de vol. Libéré, il ne tarde pas à être arrêté pour breach of condition of release. Le 5 avril 2005, il est condamné à trois mois de prison pour ce délit.

 

Le 25 avril 2006, il connaît sa première grosse condamnation. Il est trouvé coupable en cour intermédiaire de trois délits : vol, complot et coups et blessures. Il est condamné à un an de prison et à payer une amende de Rs 4 000. Avec des complices, il avait agressé un individu le 28 décembre 2004. Les malfaiteurs portaient des cagoules et étaient armés de sabres.

 

Sa famille ne sait plus à quel saint se vouer. «A sak fwa li arete, nou bizin al rode ki stasyon li ete ek la plipar ditan se mwa ki al get li prizon ou la kour ek osi rod kas pu tir li lor kosyon», explique sa sœur Jenna, 27 ans. Visiblement dépassée par les événements, elle avoue : «Sa mari afekte nou.» Pourtant, dit-elle, enfant, Sébastien, le seul garçon de la famille et aussi l’aîné, était «un bon garçon». Il a trois sœurs dont Jenna et sa soeur jumelle, et la petite dernière qui a maintenant 23 ans.

 

Jenna précise que son frère, ses deux soeurs et elle n’ont pas eu une enfance facile, même si elle concède que cela ne doit pas justifier les mauvaises actions de Sébastien. Ce dernier était encore en bas âge lorsque ses parents se séparent. C’était il y a 23 ans. Alors que le père prend ses trois filles avec lui, Sébastien est envoyé chez une tante maternelle, Lucienne Cabot, qu’il a toujours considéré comme sa grand-mère et qui «a toujours fait de son mieux pour le garder sur le droit chemin», explique Jenna. Leur mère Violeta Coco vit ailleurs.

 

Sébastien met fin à sa scolarité après avoir échoué aux examens du Certificate of Primary Education. Il prend par la suite des cours de soudure dans un centre technique, mais jette l’éponge pour aller épauler son père Robert, un pêcheur, aujourd’hui âgé de 53 ans. Quelque temps plus tard, il se met à enchaîner les délits. «Mon frère a basculé à cause de ses mauvaises fréquentations. Il a toujours été mal entouré. La mort de Lucienne l’avait aussi beaucoup affecté», souligne Jenna.

 

Après sa condamnation de 2006, il sort de prison pour mieux y retourner. Le 14 août 2008, il est condamné à payer une amende de Rs 3 000 pour une histoire de vol. Il doit également bien se comporter pendant deux ans, sinon il risque un mois de prison. Un an plus tard, le 4 septembre 2009, l’habitant de Riambel est condamné à payer Rs 30 000 d’amende pour avoir vendu du cannabis et avoir consommé ladite drogue.

 

Longue liste de vols

 

Trois mois plus tard, le 15 décembre 2009, il est condamné à deux mois d’emprisonnement pour un cas de possession of stolen property devant le tribunal de Savanne. Il avait volé des concombres de mer d’un montant de Rs 100 000. Le 14 mai 2010, la cour le juge coupable dans une autre affaire de vol et il doit purger six mois de prison. Une semaine plus tard, le 21 mai, il est condamné à 18 mois de prison pour d’autres histoires de vol. La liste est loin d’être terminée.

 

Le 7 juillet de la même année, il doit payer une amende de Rs 5 000 pour possession d’un objet volé. Deux mois plus tard, la cour intermédiaire le condamne à une autre année d’emprisonnement pour vol et complot.

 

Le 26 octobre 2010, il est envoyé en prison pour huit mois pour complot dans une affaire de vol. Il est également placé sous surveillance policière pendant deux ans. Ce qui ne l’empêche pas d’enfreindre les conditions de sa remise en liberté sous caution. Il est alors condamné à quatre mois de prison. «Il sort très vite de prison, car ses peines ne sont pas cumulatives. Il retourne alors à Riambel où il sème la terreur et terrorise tout le monde. Il a toujours un sabre sur lui», raconte un ami d’enfance.

 

Le 12 septembre 2011, il est condamné à deux ans de prison pour une énième histoire de vol et est placé sous surveillance policière pendant trois ans, après sa libération. À sa sortie, il est condamné à payer une amende de Rs 3 000 pour complicité dans une autre affaire de vol. C’était le 9 juillet 2013. Deux mois plus tard, il est trouvé coupable de menace d’incendie criminel et passe trois mois derrière les barreaux.

 

Cette fois, avec ses 55 cas de vols, il ne risque pas de retrouver la liberté de sitôt. Et les habitants de Riambel et des alentours pourront retrouver un peu de paix. Également blessé lors de la chasse à l’homme qui a mené à sa capture, il avait été admis à l’hôpital de Rose-Belle. Hier matin, il a été autorisé à quitter l’hôpital pour être enfermé en cellule policière. Il sera présenté devant le tribunal du district de Savanne le lundi 23 novembre pour ces nombreux cas de vol.

 


 

Une chasse à l’homme qui fait sept blessés chez les policiers

 

L’assaut qui a mené à l’arrestation de Sébastien Samuel a eu lieu vers 16h50 le mercredi 18 novembre. Sept policiers ont été blessés lors de cette intervention très musclée. Ce jour-là, une opération spéciale dirigée par l’ASP Ramdour, assisté du CI Calleechurn et des inspecteurs Putchay et Mohesh, a lieu. Une escouade est aussi placée sous la responsabilité de l’ACP Maunkee. Plusieurs unités sont mandées sur le terrain à Cité des Dieux, African Town et Cité EDC pour perquisitionner des maisons afin d’arrêter Sébastien Samuel.

 

Il y a l’Helicopter Squadron, la Dog Section, la District Supporting Unit, l’Emergency Response Unit, la Police du Tourisme, la Criminal Investigation Division et l’Anti-Drug & Smuggling Unit. Sébastien est pris au piège. C’est grâce au personnel de l’hélicoptère de la police que le fugitif est repéré vers 18h50. Lors de son arrestation, une foule de 100 personnes se montre très hostile à l’égard des policiers présents à qui ils reprochent d’avoir causé des dommages à certaines maisons où ils sont entrés pour les perquisitions. Certaines personnes présentes lancent des projectiles en direction des policiers, blessant sept d’entre eux : le constable Fatemamonde de la CID de Grand-Bois, les constables Beeharry, Jinerdeb, Ramsahye et Jacques de la CID de Chemin-Grenier, et le constable Sunnassee de la CID de Souillac. Ces derniers sont rentrés chez eux après avoir reçu des soins à l’hôpital. Le constable Jognee, affecté à la District Supporting Unit, a, pour sa part, eu le pied gauche plâtré. Lors des échauffourées, le constable Figaro a dû faire usage de son arme à feu en tirant à trois reprises dans l’air et deux autres sur le sol pour décourager la foule hostile de continuer à jeter des pierres sur les policiers.

 


 

Sa famille porte plainte à la Commission nationale des Droits de l’homme

 

«Mo inkapab dir ou komie fwa la polis inn vinn kraz nu lakaz telma zot vinn kot nu», s’insurge Jemma, la sœur de Sébastien Samuel. La jeune femme a, une fois de plus, porté plainte à la Commission nationale des Droits de l’homme contre la police pour abus de pouvoir. Plusieurs maisons, dont celle des Samuel, ont été perquisitionnées mercredi dernier. Des portes ou encore des fenêtres ont été enfoncées par la force faisant ainsi des dégâts matériels considérables. Interrogé à ce sujet, l’inspecteur Shiva Coothen, responsable du Police Press Office, avance que la police a le droit d’enfoncer des portes ou des fenêtres par la force lorsqu’il y a une opération d’execution of warrant of arrest. Il précise que ceux qui ont des plaintes doivent informer la Commission nationale des Droits de l’homme à ce sujet.

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