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Il tue sa mère pour des cigarettes

7 septembre 2015

Le suspect a comparu en cour de Flacq où une charge provisoire de meurtre a été logée contre lui.

Il a été rattrapé par son double infernal. Si Abdool Sameer Daran pouvait être doux comme un agneau, à en croire son entourage, il était tout aussi capable de faire ressortir son côté sombre en devenant très violent. Comme en témoigne l’agression mortelle de sa mère Asmeen Bibi, 58 ans. Abdool Sameer, 40 ans, a été arrêté et il a confessé son crime, tout en précisant qu’il souffrait de troubles mentaux.

 

La raison de cette agression barbare est d’autant plus choquante. Le suspect s’en est violemment pris à sa mère parce que cette dernière a refusé de lui donner des cigarettes à crédit. Face à ce refus, il s’est acharné sur elle dans le commerce familial situé à Caroline, Bel-Air/Rivière-Sèche. Ce, sous le regard impuissant de Rizawana, la belle-fille de la victime.

 

Sans éprouver le moindre remords, Abdool Sameer se serait ensuite dirigé sous la varangue du commerce, alors que ses voisins faisaient tout leur possible pour secourir sa mère et la transporter d’urgence à l’hôpital. «Il disait, à qui voulait l’entendre, qu’elle était déjà morte et semblait n’éprouver aucun regret pour ce qu’il avait fait», raconte un voisin.

 

S’il y a bien une personne que ce drame a plongé dans une tristesse sans nom, c’est Abdool Mautalib, le mari de la victime et père du suspect. «Comment pourrais-je pardonner à mon fils pour ce qu’il a fait ? Comment continuer à vivre après un tel drame ?» ne cesse-t-il de se demander. Les yeux rougis pour avoir trop pleuré, vêtu d’une chemise de couleur bleu roi, il attend nerveusement l’arrivée de la dépouille de sa femme, en compagnie de quelques hommes qui tentent tant bien que mal de prendre un peu de sa peine.

 

Abdool Mautalib est sous le choc après l’agression mortelle de sa femme.

 

Une tente, dressée dans la cour, accueille les nombreux proches et amis venus rendre un dernier hommage à celle qu’il a épousée il y a bientôt 42 ans. «J’étais au travail quand cela s’est passé. Mon patron m’a demandé de rentrer chez moi, car mon épouse allait mal. Mais en arrivant à la maison, j’ai appris la terrible nouvelle», avance-t-il d’une voix cassée de chagrin. Son fils, précise-t-il, souffre de troubles psychiatriques.

 

Ex-étudiant au collège Darwin, Abdool Sameer a abandonné l’école après le School Certificate, avant de rejoindre le monde du travail. Au bout de quelques années, il finit par rencontrer celle qui deviendra ensuite son épouse et la mère de son unique enfant, aujourd’hui âgé de 12 ans. «Leur mariage n’a pas duré. Car Sameer frappait sa femme. Elle a fini par le quitter et a emmené leur enfant avec elle», explique un membre de la famille. À quel moment Sameer a-t-il donc développé des troubles psychiatriques ?

 

À cette question, son père Abdool Mautalib et son frère Sammad n’ont pas de réponse. «Cela remonte à plusieurs années, mais quand exactement, on ne sait pas. Il était suivi par des psychiatres à l’hôpital Brown-Séquard. Mais depuis quelque temps, il voyait un autre psychiatre à l’hôpital de Flacq. C’est moi-même qui l’emmenais à ses rendez-vous. Le dernier était il y a deux semaines», précise Sammad.

 

Sammad avait pour habitude de conduire son frère à l’hôpital pour ses traitements psychiatriques.

 

Abdool Sameer est sans emploi. C’est Abdool Mautalib et son épouse qui subvenaient à ses besoins. «Mais dès qu’ils lui refusaient quelque chose, il devenait très violent. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’il s’en prend à sa mère. Mais la toute première fois, la famille avait choisi de ne pas porter plainte», souligne un proche de la famille, sous le couvert de l’anonymat.

 

Originaire d’Olivia, Asmeen Bibi était une femme très respectée dans le petit village de Caroline. Cela faisait quelques années déjà qu’elle tenait un commerce à proximité de son domicile. «Elle était une femme simple, toujours souriante. C’est difficile de croire qu’elle a connu une fin aussi horrible», lâche Nasser, le frère de la victime, toujours sous le choc. Mère de trois enfants, dont deux fils et une fille, Asmeen Bibi laisse derrière elle toute une famille qui n’arrive pas à expliquer ce drame qui a plongé toute l’île en émoi. Alors qu’Abdool Mautalib, lui, se pose toujours et encore la même question : «Pourrais-je un jour pardonner à mon fils ?» La réponse est suspendue dans le temps…

 


 

Abdool Sameer Daran provisoirement inculpé de meurtre

 

Arrêté par la police suite à l’agression mortelle de sa mère, Abdool Sameer Daran a comparu en cour de Flacq dans l’après-midi du vendredi 4 septembre. Une charge provisoire de meurtre a été retenue contre lui. Si, pour expliquer son geste, il a avancé aux enquêteurs qu’il était atteint de troubles mentaux, à la magistrate qui siégeait en cour, il a laissé entendre que la mort de sa mère était accidentelle. Il sera examiné par un psychiatre durant la semaine pour déterminer s’il était en présence de toutes ses facultés au moment du drame. Il sera de nouveau présenté en cour le 11 septembre.

 


 

Un meurtre d’une rare violence

 

Il s’est acharné sur sa mère sans retenue. Et les supplications de cette dernière, lui demandant d’arrêter, ne l’ont pas calmé. Au contraire. Les coups ont continué malgré la présence de Rizwana Daran, la belle-fille de la victime, qui, en entendant des cris, s’est précipitée sur les lieux de l’agression pour voir ce qui se passait. Son fils – qui présente un handicap physique – dans les bras, Rizwana aurait supplié son beau-frère d’arrêter. En vain. Paniquée, la jeune femme a alerté ses voisins qui ont porté secours à Asmeen Bibi Daran. Cette dernière saignait abondamment. Elle a été transportée d’urgence à l’hôpital de Flacq où son décès a été constaté. L’autopsie a attribué son décès à une aspiration of blood following fatal injury.

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