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9 juin 2014 14:56
Il leur suffit de fermer les yeux pour qu’ils se revoient dans leur pays natal. Des plages de Bahia aux fiestas endiablées de Rio, en passant par les favelas, le foot et la luxuriante forêt amazonienne, ils ont toutes ces images, et beaucoup plus encore, ancrées dans leur tête. Pour les Brésiliens installés à Maurice, il ne se passe pas un jour sans qu’ils ne pensent à leur terre qui, la Coupe du monde oblige, se trouve actuellement sous les feux des projecteurs.
À quatre jours du coup d’envoi de la grande fête du football, qui rythmera le pays, mais aussi le monde entier pendant un mois, ceux et celles qui, pour une raison ou une autre, ont quitté leur pays pour poser leurs valises à Maurice, nous racontent comment ils vivent cet événement pas comme les autres.
S’il y a bien un endroit où Klicia da Costa Toussaint, 23 ans, aurait aimé être en ce moment, c’est dans le pays où elle est née. «J’aurais tout donné pour y être», nous dit la jeune femme qui est arrivée à Maurice à l’âge de 9 ans : «Je suis de Manaus, la capitale de l’État d’Amazonas, au nord-ouest du Brésil. Et bien que j’étais petite lorsque j’étais là-bas, je me souviens parfaitement de là où je viens.»
Klicia et toute sa famille – son père Stellio, sa mère Keila et ses sœurs Katheline, 14 ans, et Kalicia, 11 ans (nées à Maurice) –, ont ainsi créé un petit bout du Brésil chez eux. «On n’oublie pas ses racines. Et le pays, sa culture, sa musique ou encore sa cuisine, sont omniprésents dans tout ce qu’on fait», confie Klicia qui se fait une joie de vivre, pendant un mois, au rythme de la Coupe du monde. «Je suis aussi animé par un sentiment de fierté car le Brésil a une grande histoire avec le foot. Que la fête du football s’y déroule, c’est pour moi très symbolique», poursuit Klicia qui a aussi une pensée pour ceux qui manifestent contre le mondial, estimant que «l’argent public aurait dû être investi ailleurs».
Pour elle, la frustration est compréhensible : «On ne peut pas oublier que le Brésil est un pays pauvre où plusieurs personnes vivent dans des conditions difficiles. Pour ces personnes, la Coupe du monde et tout le battage médiatique ne vont pas changer et améliorer leurs conditions de vie et encore moins remplir leurs assiettes quand elles ont faim. Pour toutes ces raisons, je suis avec elles, sachant qu’elles ont toutes à cœur le foot, c’est indéniable.»
Jeudi prochain, jour de l’ouverture de la grande fête du football, Klicia pense vivre ce moment en famille. Et ce sera forcément sa mère Keila qui organisera ce qui s’apparente à un grand événement chez eux. «Entre musique et bonne cuisine, il y aura de tout pour se croire comme au Brésil», lâche Keila, une fan inconditionnelle du joueur brésilien Neymar : «J’ai hâte que les matchs commencent. Il va s’en dire que je serai fidèle au poste à chaque fois que mon équipe sera sur le terrain.»
Pour elle, il n’y a pas de doute : le pays organisateur à de grandes chances de gagner, porté par les encouragements de son peuple. Avec toute sa famille sur place, Keila est envieuse à chaque fois que ses sœurs lui parlent de l’ambiance là-bas : «Il y a quelques jours encore, elles m’ont fait voir, via skype, les décorations dans les rues et c’était incroyable. Je n’ai aucun doute sur le succès de ces jeux.»
Vanda Maria Da Silva-Bheenick, mère de deux enfants, arrive facilement, dit-elle, à imaginer l’ambiance qui régnera dans les rues de son pays natal pendant un mois : «Les Brésiliens savent très bien faire la fête et c’est ce qui va contribuer à rendre cette Coupe du monde spéciale.» Si Vanda n’a pu faire le déplacement, d’autres plus chanceux, comme Cidicley Miranda Dos Santos, prof de portugais à l’université de Maurice, n’ont, pour rien au monde, voulu rater cette chance de vivre quelque chose d’inoubliable : «Je me suis déplacé au Brésil cette année parce que c´est une opportunité unique de voir une Coupe du monde dans mon pays. Et je pense que ce sera ma seule opportunité de voir ça, vu que la dernière fois que le pays a accueilli une Coupe du monde, c’était en 1950. Mes parents n’étaient même pas nés à l’époque. En plus, l’amour du football, je l’ai dans le sang. Et l’ambiance chez nous est quelque chose qui n’existe pas ailleurs.»
Selon Cidicley, qui est sur place, les Brésiliens se sont laissés gagner par la fièvre du Mondial : «Tout le pays est en jaune et vert. Il y avait ce mouvement de manifestations contre sa réalisation, mais les Brésiliens aiment le foot. Alors, à quelques pas du coup d’envoi, tous sont déjà habillés avec le maillot de notre seleção et les rues sont colorées avec des banderoles. L’ambiance est très festive.»
Et même s’il a toujours quelque chose qui lui rappelle son pays lorsqu’il est à Maurice, c’est beaucoup mieux,
dit-il, d’être sur place, chez lui, pour vibrer au rythme de la fiesta brésilienne !
C’est aux premières loges que le Mauricien Mikel Mervyn Tanner (photo) va vivre ce mondial. Installé au Brésil, c’est difficile, à quelques jours du début des jeux, de ne pas se laisser gagner, dit-il, par la fièvre de ce festival de foot. «Certes, il y a eu des mobilisations contre la tenue de cette Coupe du monde, mais plus le grand jour approche, plus les Brésiliens sont impatients et excités. Mes voisins, par exemple, ont changé de rideaux pour en mettre d’autres aux couleurs de la Coupe du monde. Les rues sont très colorées et il y règne une très bonne ambiance», raconte le jeune homme qui, bien évidemment, se laisse aussi gagner par l’ambiance de cette grande fête du football.
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