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29 juin 2015 12:17
Jeune, souriante et pleine de vie. C’est l’image que Linda Leste garde de sa fille Alissa l’Aiguille. Mais il lui est tout aussi impossible d’oublier le visage d’Alissa complètement brûlée ainsi que le reste de son corps ce 4 décembre 2014. Elle avait été brûlée vive par son époux Patrick Packiry à leur domicile, à Eau-Coulée, le 30 novembre 2014, pour avoir refusé d’avoir des relations sexuelles avec ce dernier, car il était sous l’influence de l’alcool. Toutefois, ce n’est que quatre jours après l’agression que la victime, alors âgée de 24 ans, a été transportée à l’hôpital où elle a rendu l’âme un mois plus tard, soit le 1er janvier 2015.
«Je ne pouvais pas en croire mes yeux lorsque j’ai découvert ma fille dans cet état. C’était horrible. En plus, ses brûlures s’étaient déjà infectées et elle dégageait une odeur nauséabonde», pleure Linda Leste, une habitante de Cité La Cure. Ce jour-là, en rendant visite à sa fille après un appel du mari de cette dernière, elle est abasourdie en voyant la gravité de son état. «Mon gendre Patrick m’avait appelée ce jour-là pour me dire que ma fille s’était brûlée accidentellement et qu’elle ne voulait pas se rendre à l’hôpital. J’ai trouvé cela louche, d’autant que je savais qu’il était très violent. Déjà, j’avais le sentiment qu’il avait quelque chose à voir avec cette histoire», témoigne cette maman.
Ses doutes se confirment quand Alissa, dans une souffrance extrême, lui raconte les circonstances dans lesquelles elle s’est brûlée. «Elle m’a dit qu’elle avait été brûlée par son époux quatre jours plus tôt, soit le 30 novembre 2014. Et que celui-ci avait refusé de l’emmener à l’hôpital pour qu’elle y reçoive des soins. Pire encore, elle m’a dit qu’il l’avait brûlée, car elle avait refusé d’avoir des relations sexuelles avec lui ce soir-là parce qu’il était ivre», précise Linda, les larmes aux yeux.
Elle en avertit aussitôt la police d’Eau-Coulée, le quartier où résidaient Alissa l’Aiguille et son présumé agresseur. «La police est arrivée et a transporté mon enfant à l’hôpital. Elle a pu donner une déclaration et expliquer ce qui s’était vraiment passé. Elle était une femme régulièrement battue. Toute la famille l’a, à maintes reprises, conseillé de se séparer de lui, car elle vivait l’enfer auprès de cet homme. Elle s’en séparait régulièrement, mais finissait toujours par retourner avec lui», soutient Linda. «Mo lamour sa ma», disait-elle à chaque fois à sa mère pour se justifier.
Aujourd’hui, Linda se retrouve seule à élever la fille d’Alissa, 7 ans, issue d’une première union. «Elle touche une allocation de Rs 1 000 par mois. On arrive tant bien que mal à lui donner tout ce dont elle a besoin. Mais rien ne pourra remplacer l’amour et la présence d’une mère.» Ce qui révolte le plus Linda, c’est le fait que le présumé meurtrier de sa fille jouit depuis peu de la liberté conditionnelle en attendant le début de son procès. Après son arrestation, Patrick Packiry avait confessé aux enquêteurs avoir brûlé sa femme pour se venger d’elle. «Comment peut-on accorder la liberté conditionnelle à une personne qui a avoué son crime ? Il peut recommencer à tout moment avec une autre personne. La loi est mal faite», s’insurge Linda.
Nous n’avons pu rencontrer Patrick Packiry, mais nous avons parlé à sa mère. Visiblement agacée par notre présence et par nos questions, celle-ci n’a pas souhaité faire de commentaire sur toute cette affaire. Toujours est-il qu’aujourd’hui, le présumé meurtrier de Linda est libre, même si on ne sait pas pour combien de temps encore, pendant qu’une mère pleure amèrement le départ tragique de sa fille, victime de violences conjugales.
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