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Incendie au Caudan Waterfront : des rescapés racontent l'horreur

15 novembre 2021

Les bureaux et commerces du Barkly Wharf ont été complètement ravagés par les flammes.

Ils ont failli y laisser la vie… Cela fait des années qu’Aleem Farjan et Siddiq Wadalee travaillent pour le compte de Netcor Trade Services qui se trouve au 5e étage du Caudan Waterfront. Mais c’est la première fois qu’ils vivent une telle tragédie. «Sak fwa mo ferm mo lizie, mo reviv sa moman-la. Li vreman pa fasil», confie Siddiq Wadalee.

 

En raison de la situation sanitaire, les deux employés avaient été contraints de changer leurs habitudes. «Cela fait un moment que nous travaillons de chez nous mais chaque jeudi, nous nous rendions sur place.» Ils se sont ainsi rendus au bureau le jeudi 11 novembre. «Habituellement, nous quittons les lieux plus tôt mais ce jour-là, nous sommes restés plus longtemps car nous avions du travail à rattraper.» Ils étaient alors loin de se douter qu’ils vivraient un événement qui les marquerait à vie.

 

Aleem Farjan et Siddiq Wadalee ont été pris au piège lorsqu’un incendie s’est déclaré au Craft Market, au Barkly Wharf du Caudan Waterfront, soit dans le même bâtiment où ils travaillent. Ils étaient sur le point de rentrer chez eux lorsqu’ils ont senti une odeur de fumée. «À aucun moment, nous ne nous sommes rendu compte de ce qui se passait», raconte Aleem Farjan. «Tous les ans, les employés du bâtiment participent à un Fire Drill et par moments, l’alarme incendie se déclenchait même pour rien. Le jour où il aurait fallu qu’elle se déclenche, rien ne s’est produit.»

 

Une situation qui les laisse perplexes. Ce soir-là, ce sont les nuages de fumée qui les ont alertés du danger, aux alentours de 19h15. «Nous nous sommes rendus dans le bureau d’à côté et il y avait d’autant plus de fumée. Nous avons tout de suite compris que quelque chose d’anormal se produisait. Nous avons récupéré nos affaires pour quitter le bureau mais en ouvrant la porte, nous sommes tombés sur un épais nuage de fumée. Nous savions que nous ne pourrions pas quitter les lieux, d’autant qu’il n’y avait plus d’électricité aux étages inférieurs.»

 

Se trouvant dans une impasse, les deux employés n’ont eu d’autre choix que de se réfugier sur le balcon. Ils comprennent l’ampleur de la situation en voyant les nuages de fumée se dégager des autres étages du bâtiment. «J’ai contacté l’Administrative Manager de la compagnie pour la mettre au courant. Elle s’est affolée. Elle a tenté de joindre le personnel du Caudan Waterfront, en vain. J’ai aussi informé ma famille. Nous avons commencé à appeler au secours car l’air devenait irrespirable.»

 

Reprendre leur souffle

 

Les épaisses fumées ayant commencé à envahir leurs locaux, ils se sont déplacés du côté gauche du balcon, en pensant que cela leur permettrait de reprendre leur souffle. «Nous nous sommes allongés sur le sol mais plus le temps passait, plus cela devenait difficile pour nous de respirer. À un certain moment, j’ai même pensé à me jeter du haut du balcon», raconte Aleem Farjan. Il a fallu l’intervention des sapeurs-pompiers pour les évacuer au bout de deux heures.

 

Deux heures durant lesquelles ils ont fait de leur mieux pour tenir le coup. «Devant une telle situation, beaucoup de choses nous ont traversé l’esprit car nous ne savions pas encore comment nous allions nous en sortir», explique Siddiq Wadalee, encore tourmenté par ce qu’il a vécu. Les proches d’Aleem Farjan avaient, eux, eu le temps de faire le déplacement alors que les sapeurs-pompiers se faisaient toujours attendre. Quelques minutes plus tard, ces derniers sont arrivés sur les lieux mais les deux hommes, ainsi qu’un agent de sécurité resté bloqué sur le toit du bâtiment, n’étaient pas au bout de leurs peines. Pour cause, l’infrastructure du bâtiment a rendu leur intervention plus compliquée que prévu. «L’échelle dont disposaient les pompiers ne pouvait pas arriver jusqu’à nous. Ils ont eu du mal à l’ériger. Il y a eu un gros problème d’accessibilité car leur véhicule ne pouvait, au départ, pas accéder jusqu’à nous car les lieux étaient trop étroits», relate Aleem Farjan. 

 

Le premier à avoir été secouru est l’agent de sécurité. C’est non sans mal que les sapeurs-pompiers ont pu évacuer les deux autres hommes. «Le Caudan Waterfront devrait revoir son infrastructure pour qu’un tel drame ne se produise pas à nouveau. Il est question de vies humaines. Si l’infrastructure avait été correcte, cela aurait été beaucoup plus facile pour eux d’arriver jusqu’à nous», explique Aleen Farjan qui déplore aussi le fait que les sapeurs-pompiers n’étaient pas équipés d’une trousse de secours ou de masques à oxygène. Son collègue abonde dans son sens : «Ils ont eu beaucoup de mal à accéder jusqu’au balcon mais ils ont fait de leur mieux.»

 

Après leur évacuation, les trois rescapés ont été conduits à l’hôpital Jeetoo, où ils ont reçu les soins nécessaires. Leur état de santé est désormais stable. «J’ai l’impression d’avoir vu la mort en face mais par la grâce de Dieu, nous sommes en vie aujourd’hui. Nous sommes soulagés que cet incendie n’ait pas fait de victimes», lâche Aleem Farjan. 

 

Une enquête a été ouverte afin de déterminer l’origine du sinistre.

 


 

Les commerçants du Craft Market : «Nous nous retrouvons à zéro»

 

 

Ils sont bouleversés, anéantis. Depuis l'an dernier, les commerçants du Craft Market ont eu beaucoup de mal à joindre les deux bouts avec la situation sanitaire. Le confinement et la fermeture des frontières ont eu beaucoup d'impact sur leurs chiffres de vente. À peine commençaient-ils à voir la lumière au bout du tunnel que l'herbe leur est à nouveau coupée sous les pieds. Suite à l'incendie survenu au Barkly Wharf, au Caudan Waterfront, le jeudi 11 novembre, ils sont nombreux à avoir tout perdu. «Nous nous retrouvons à zéro», lâchent-ils, découragés.

 

Kaviraj et Binity Appanah, propriétaires de Mak Design, ont leurs échoppes au Caudan Waterfront depuis plus d'une vingtaine d'années. Ils fabriquent des sculptures en bois, qu'ils mettent ensuite en valeur avec de la peinture. Ces souvenirs artisanaux, ils les revendent essentiellement aux touristes. Tous les ans, la saison estivale est celle où ils se font le plus d'argent. «Après la réouverture des frontières, les ventes avaient redémarré. Nou finn gagn enn ti lankourazman, enn ti lespwar.» Mais suite à l'incendie, ils ont tout perdu. «Li pa fasil. Nou leker desire apre tou sakrifis ki nou finn fer. Lame dan lame, nou pe sey remont la pant me nou pa ankor kone ki pou arive.»

 

Idem pour Guy-Noël Verny, propriétaire de la boutique Woodspeaks. Ce dernier, qui possède une échoppe au Barkly Wharf depuis une dizaine d'années, y vend des sculptures en bois. «Après le confinement, je pensais que la situation allait s'améliorer et que je pourrais faire un pas en avant.» Mais dans cet incendie, il a tout perdu : ses sculptures, ses outils, son matériel. Au samedi 13 novembre, il évaluait ses pertes à plus de Rs 1,6 million. «Le Caudan Waterfront nous propose de nous aider en nous offrant un kiosk pour nos ventes. Mo kapav gagn dibwa me mo pena zouti pou travay. Azordi, nou pa kone ki laport nou pou tape pou nou gagn enn led.» Il déplore, en outre, le manque de professionnalisme des sapeurs-pompiers qui, dit-il, «ont mis bien trop de temps à venir à bout des flammes». Il lance un appel aux autorités concernées afin de les aider, lui et les autres commerçants concernés, à surmonter cette situation difficile.

 

Par ailleurs, Lakaz Ravann, autre échoppe du Barkly Wharf ayant été ravagé par les flammes, a lancé une cagnotte afin de récolter des fonds pour pouvoir remonter la pente. Ceux souhaitant contribuer peuvent faire un don sur le site Met Enn Koste !

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