Publicité
28 novembre 2022 16:06
Leur tranquillité d’esprit, ces derniers jours, est partie en fumée. Car suite à l’incendie qui s’est déclaré ce mardi 22 novembre au centre d’enfouissement de Mare-Chicose, qui se trouve dans le sud-est du pays, des habitants des villages avoisinants et même des régions plus loin, tout comme les activistes écologiques, se disent inquiets de la composition de la fumée qui se dégageait des flammes et qui peut, disent-ils, être nocive pour la santé mais aussi pour l’environnement.
Même si nos dirigeants, à travers le National Emergency Operations Command (NEOC), rassurent, la situation inquiète toutefois ceux qui suivent de près cette actualité. Ainsi, selon les autorités, le NEOC et le ministère de la Santé et du bien-être «continuent d’exercer un contrôle rigoureux concernant la santé publique dans les régions avoisinantes». Selon le National Emergency Operations Command, «à ce jour, aucun cas de détresse respiratoire lié à l’incendie en cours à Mare-Chicose n’a été rapporté à l’hôpital Jawaharlal Nehru, à Rose-Belle, ou dans les centres de santé publics des régions avoisinantes.»
Selon le communiqué qui a été diffusé ce vendredi 25 novembre, la situation serait sous contrôle. «L’hôpital Jawaharlal Nehru à Rose-Belle et le Cluny Community Health Centre restent à la disposition d’éventuels patients en besoin d’attention médicale à cause de l’incendie en cours. Le ministère de la Santé et du bien-être a pris la disposition de dépêcher une ambulance à Mare-Chicose et à Beemanique de 9 heures à 16 heures, à partir de ce vendredi 25 novembre 2022 et ce jusqu’au vendredi 2 décembre 2022, pour répondre à toute demande de soins urgents des habitants de ces régions», souligne le document, tout en déconseillant vivement de se rendre à proximité du centre d’enfouissement et en rassurant la population que «la police reste mobilisée sur le terrain et continue de sensibiliser les habitants de la région afin d’assurer la sécurité de tous». Les instances concernées ont fait savoir que «des tests sur la qualité de l’air ambiant, réalisés par le National Environmental Laboratory (NEL) dans les régions de Union-Park, Rose-Belle, New-Grove, Deux-Bras, Mare-Chicose et le village de Cluny, n’ont décelé la présence d’aucun élément toxique. Aussi, des tests réalisés sur la qualité de l’eau à Rivière-Tranquille, Rivière-La-Chaux et Rivière-des-Créoles confirment qu’il n’y a aucune trace de pollution».
Lors d’un point de presse ce vendredi 25 novembre, Ashok Ramdhean, Assistant Chief Fire Officer, a donné des explications sur les opérations en cours sur les lieux de l’incendie. «Les pompiers travaillent d’arrache-pied. On utilise l’eau de la rivière pour maîtriser le feu. Tout se passe bien et peut-être d’ici une semaine, on aura des résultats positifs. Les autorités font des air monitorings et jusqu’à présent, il n’y a eu aucun problème», a-t-il déclaré.
Si les autorités affirment que l’air, après les tests d’usage, ne contient aucun élément toxique, nombreux sont ceux qui habitent dans les environs de Mare-Chicose à avoir partagé leurs craintes, notamment sur les réseaux sociaux ces derniers jours.
Dave Kissoondoyal, qui habite à Union-Park, nous partage son expérience. «La fumée affecte les villages des environs. Je peux sentir la fumée quand le vent les pousse vers le Nord-Ouest. Nous pouvons ressentir des brûlures aux yeux, avoir le nez qui coule, de la toux, des mucosités et ressentir également une respiration sifflante et des difficultés respiratoires», dit-il, tout en souhaitant une action urgente du gouvernement pour résoudre ce problème. «Il devrait y avoir une enquête des autorités pour vérifier le niveau de monoxyde de carbone et d'autres particules qui se répandent dans l’air dans les villages environnants car la pollution peut être plus intense que l’on peut imaginer. Il faudrait une distribution de masques de protection pour les villageois et aussi une équipe de médecins praticiens tournant dans les régions pour fournir une assistance immédiate aux personnes âgées, aux enfants et aux personnes vulnérables. Les effets pourraient être à long terme et le gouvernement devrait prendre des mesures», témoigne Dave Kissoondoyal.
Ashley, un habitant de Rose-Belle, dit aussi avoir ressenti les effets de l’incendie. «Nous avons l’habitude d’avoir des cendres des champs de cannes, là, nous avons eu des cendres différentes», nous dit-il, tout en précisant que la situation a tenu, ces derniers jours, les habitants des régions avoisinantes en haleine.
Ils sont aussi plusieurs personnes des régions plus éloignées à avoir noté des choses inhabituelles dans l’air autour de chez elles et à avoir attiré l’attention sur ce fait sur les réseaux sociaux. Muhammad, un habitant de Vacoas, nous raconte comment il a été forcé de se protéger en laissant ses fenêtres fermées. «C’est depuis mercredi après-midi que j’ai commencé à ressentir une odeur de brûlé dans ma localité. Au départ, j’ai cru que cela provenait du voisinage mais après une virée dans la région, j’ai constaté que ce n’était pas le cas. En consultant les réseaux sociaux, j’ai réalisé que cela pourrait peut-être être causé par l’incendie de Mare-Chicose et que cette odeur de fumée s’est répandue dans les hauteurs des Plaines-Wilhems, entre autres. L’air sec et la faible brise y sont certainement pour quelque chose. On est forcés de fermer les fenêtres malgré la chaleur. L’odeur est très présente durant certaines heures, notamment le soir, et j’ai des maux de tête. Il faudrait que les autorités rassurent la population que cette odeur n’est pas toxique et revoient une bonne fois sa politique de gestion des déchets en favorisant le tri», nous confie Muhammad, en revenant sur les événements des jours écoulés.
Des politiciens et autres personnes engagées pour la cause environnementale ont aussi partagé leurs avis autour de l’incendie de Mare-Chicose. Pour ces personnes, c’est impensable que la fumée ne puisse pas être un danger pour les habitants des environs, comme l’attestent les autorités.
Ce qui se passe interpelle aussi Adi Teelock, l’activiste environnementale. «C’est une situation très grave. Ce qui est arrivé affecte la santé des gens, même s’il y a des communiqués qui disent le contraire. Il ne faut pas qu’on attende qu’il y ait des gens qui souffrent de détresse respiratoire pour voir que la situation est grave. Des personnes qui sont fragiles, qui ont des problèmes cardiaques ou des enfants qui sont affectés par la fumée qui émane de cet incendie. Ce qui se passe à Mare-Chicose affecte la santé des gens mais cela affecte aussi l’environnement. Il y a des cours d’eau qui se trouvent près des lieux. Au-delà de cet incendie, Mare-Chicose, le centre d’enfouissement en lui-même, est une vraie plaie. Des habitants, par exemple, ont eu des problèmes de santé graves, que ce soit au niveau de la peau ou des troubles respiratoires, à tel point qu’il a fallu déplacer ces habitants. Et ça, c’est terrible ! Depuis des années, des personnes engagées ne cessent de venir en avant avec des solutions comme la nécessité de faire des campagnes sur l’importance du tri des déchets mais on ne nous a pas écoutés. Nos craintes autour de cette bombe à retardement qu’est Mare-Chicose n’ont jamais été considérées», conclut Adi Teelock, en évoquant l’incendie de Mare-Chicose et ses fumées de la discorde...
Publicité