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Interdiction des cartes à gratter : Une espèce en voie de disparition

C’est la fin des cartes à gratter. Une décision annoncée lors   du dernier exercice budgétaire.

Bientôt, elles disparaîtront des boutiques et des supermarchés. Un changement qui n’emballe pas tout le monde.

Un coca bien glacé. Une cigarette détail (même si c’est interdit par la loi). Et une carte à gratter. C’est le rituel laboutik de Mario, 42 ans, maçon de profession. Avant de se rendre sur son chantier du moment, il a besoin de ces trois items pour bien commencer sa journée. S’il est un peu à sec, il oublie son petit jeu. Avec regret. La promesse – pas souvent tenue – de gagner un peu de cash en plus pour améliorer le quotidien, ça lui fait du bien : «Ce n’est pas tous les jours facile de joindre les deux bouts. Alors, je tente ma chance.» Rs 500 par-ci, Rs 1 000 par-là, ce n’est pas négligeable. Même si, avoue-t-il, il ne compte pas vraiment la somme dépensée pour enfin toucher ces «petits lots».

 

Bientôt, Mario ne pourra pas gratouiller le dos de la chance. Dans son discours budgétaire, le ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo a pris une série de mesures pour contrer la «nasion zougader», a-t-il dit. Parmi : l’interdiction de la vente des cartes à gratter (mesure qui sera prise après des précisions émanant de la Gambling Regulatory Authority). Pour quelque temps encore, ce père de famille pourra s’acheter ses cartes à gratter : «Je ne vois pas l’utilité de cette mesure. Je ne joue pas avec excès. À cause de certaines personnes qui en font trop, les autres sont pénalisées. C’est dommage.»

 

Répression ?

 

Cette mesure (ainsi que les autres touchant à l’univers du jeu) a fait couler beaucoup d’encre cette semaine. Certains la jugent répressive – est-ce bien là le rôle d’un gouvernement ? – et sans fondement : il n’y a aucune étude, basée sur un contexte théorique sérieux, qui vient étayer la formule de «nasion zougader». D’autres s’interrogent sur les motivations réelles du gouvernement (serait-ce un moyen de renflouer les caisses des casinos ?). Alors que beaucoup la saluent ; elle aiderait à réduire, à long terme, l’endettement de certains foyers, car ces cartes sont faciles d’accès. Qu’importe les raisons avancées par les pour et les contre, Mario n’apprécie pas du tout cette modification de ses habitudes.

 

Même s’il connaît des amis et des collègues qui s’endettent en espérant décrocher, un jour, le gros lot : «Ce n’est pas mon cas. Ni celui de la plupart des gens qui jouent.» Tenter sa chance, c’est rêver de remporter une grosse somme et de s’offrir une autre vie. «Une existence plus facile. Ça a l’air simple quand on voit des gens gagner, alors on se dit qu’un jour, ce sera notre tour», explique Kamini. Gratter la bonne carte, acheter les tickets qu’il faut, cocher les bons numéros : jouer aux jeux du hasard est devenu, pour cette mère de famille, bonne à tout faire de profession, son hypothétique lumière au bout du tunnel, sa lueur d’espoir à elle : «On travaille dur, mais la vie ne s’améliore pas pour autant. Alors il faut bien essayer autre chose.»

 

Mais les jeux de hasard, ce n’est pas seulement pour imaginer s’en sortir – un jour, peut-être, avec un peu de chance – avec plus de facilité. Ça provoque également des addictions et des compulsions. Gagner une fois, perdre cent fois, mais ne pas s’arrêter. À aucun prix. C’est pour cette raison que Navesh Hamritte, joueur occasionnel, n’est pas contre l’idée d’interdire les cartes à gratter : «C’est une mesure qui va aider ceux qui sont accros. Ils n’auront plus accès à ces cartes. Du coup, ils dépenseront moins.» Une désintox extrême est donc au programme.

 

Sahil Choonne, qui a gratouillé «deux fois pour voir», partage le point de vue de Navesh. Surtout qu’il estime que ces cartes sont une vaste arnaque : «Ils en mettent sur le marché, font de la publicité pour que les gens achètent. Mais au final, il n’y a rien. Ek lepep kontinie grate mem.» Il comprend que l’illusion de devenir riche vite est tentante. Mais il sait que ce n’est pas la solution. Alors tous les matins, avant d’aller travailler, il passe par l’étape laboutik. Mais il se contente d’un Dahi.

 

Les jeux du hasard dans le viseur

 

Le ministre des Finances a pris une série de mesures concernant l’univers du jeu. Les voici :

 

Publicité interdite pour tous les jeux du hasard

 

Abolition des cartes à gratter

 

Pas de nouvelle licence pour des maisons de jeu. Celles qui existent devront payer plus cher pour renouveler leur licence (ce sera également le cas pour les bookmakers). Cette semaine, Henry Le Blanc, président de l’Association des propriétaires de maisons de jeu, a qualifié cette majoration de 30 % de discriminatoire lors d’une conférence de presse : «Les mesures annoncées dans le Budget 2015/2016 font preuve d’une injustice à notre égard. Nous opérons comme les casinos de Maurice, nous avons les mêmes activités, nous payons les mêmes taxes et les mêmes licences. Et que voyons-nous ? Le doublement de la taxe.»

 

La relocalisation des maisons de jeu hors des centres-villes est également au programme.

 

Le nombre des journées de courses a été réduit à 35.

 

Ces mesures qui vous touchent

 

Bien sûr, le but du Budget 2015-2016 est de donner une nouvelle impulsion à l’économie mauricienne et de permettre au pays de faire face à l’avenir. Mais loin du discours théorique, il existe des mesures qui ont un impact direct sur votre vie. Quelles sont-elles ?

 

La taxe de 10 sous sur les SMS n’existent plus – Plus de sacs en plastique utilisés dans l’île à partir du 1er janvier 2016 – Pas de changement au niveau des prix des boissons alcoolisées et des cigarettes – Mesures fiscales : tous les seuils d’exemption seront augmentés – Ceux touchant moins de Rs 285 000 par an ne paieront plus de taxe. Les couples avec deux enfants ou plus ne paieront pas de taxe si leurs revenus ne dépassent pas Rs 495 000 – Lors d’un premier achat, l’intégralité des intérêts du prêt logement sont déductibles – Vente à crédit : le taux d’intérêt passe de 19 % à 12 % et le taux de pénalité de 5 à 2 % – Les chômeurs diplômés auront droit à une allocation de Rs 80 000 par an pour financer un crash course à l’université de Maurice – Les Mauriciens qui ont étudié à l’étranger sont encouragés à revenir, ils ne paieront pas de taxe sur le revenu pendant dix ans – Tous les prix affichés doivent désormais inclure la TVA.