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25 mai 2017 14:26
Trop d’obstacles, d’incohérences et de complications. Ils sont les premiers à le dire. Se rendre dans un centre hospitalier pour des soins est un véritable parcours du combattant pour les personnes vivant avec le sida. Alors que le monde observe aujourd’hui l’International Aids Candlelight Memorial dont le thème de cette année est Ensemble, éliminons le Sida, l’association AILES (Aides, Infos, Liberté, Espoir et Solidarité) a présenté un rapport dans lequel plusieurs cas ont été rapportés par les patients et les travailleurs de terrain. Ce document, remis au ministère de la Santé, a pour but, explique Brigitte Michel, responsable de l’ONG, de dénoncer les dysfonctionnements dans la prise en charge des séropositifs à l’hôpital.
Pour cette dernière et son équipe, il n’est plus possible d’accepter qu’en 2017, des personnes meurent encore du sida. «Nous ne voulons pas nous mettre à dos les médecins et infirmiers. Nous voulons simplement que notre voix soit entendue et qu’ils comprennent notre inquiétude. Le ministère peut nous aider à trouver des solutions efficaces afin que les personnes séropositives puissent avoir une longue vie.» Pour éliminer le sida, estime celle-ci, la stigmatisation et la discrimination envers les usagers de drogue doivent disparaître et la prise en charge médicale pour le VIH et l’hépatite C doit être améliorée. «Souvent, les personnes dépendantes admises en salle sont marginalisées, mises de côté et malmenées, alors que tout ce dont elles ont besoin, c’est d’un traitement adéquat.» Les travailleurs de terrain regrettent aussi l’absence d’un psychologue dans ce service, alors que le patient a besoin d’un suivi psychologique dans les moments difficiles. «Nous demandons au ministère de mettre sur pied une charte du patient hospitalisé afin de le protéger et de respecter ses droits.»
Et les difficultés sont nombreuses. Par exemple, souligne Johnny, l’un des pairs éducateurs de l’association, la machine à charge virale, est en panne depuis plus d’un mois. Ce qui fait qu’aucun examen, qui permet de déterminer l’état du système immunitaire et la quantité de virus dans le sang, ne peut se faire en attendant. «Est-ce que la santé des personnes séropositives n’est pas importante au point de ne pas réparer la machine ? Il faudrait la réparer au plus vite et que chaque hôpital en ait une.» Pire, avance-t-il, les tests de résistance du VIH aux antirétroviraux et de génotypage ne sont pas disponibles à Maurice. Ces examens permettent d’adapter le traitement en fonction de la résistance de l’individu à un ou plusieurs antirétroviraux et en second lieu de détecter la présence d’une ou de plusieurs mutations du virus. Selon le travailleur de terrain, la perte des résultats des examens nécessaires au suivi des patients est aussi fréquente.
Autre manquement, dénonce Brigitte Michel, l’absence du PrEP VIH. Ce traitement s’adresse au partenaire non infecté et qui n’utilise pas systématiquement le préservatif lors de ses rapports sexuels à haut risque. Il est donc mieux protégé contre le virus. «Nous avons noté le cas d’un patient vivant avec une femme séropositive qui a contracté le VIH alors que nous avions demandé l’accès au PrEP. Cette recommandation de l’OMS doit être implémentée à Maurice.» Si l’arrivée du nouveau ministre Anwar Husnoo a apporté un regain d’espoir chez les personnes engagées dans ce combat, ils attendent néanmoins davantage d’implication de sa part. Le programme de substitution à la méthadone, soulignent-ils, est resté jusqu’ici qu’une annonce. Tous espèrent donc qu’il redeviendra bientôt réalité.
À l’occasion de l’International Aids Candlelight Memorial 2017, plusieurs célébrations auront lieu à travers le pays pour rendre hommage aux victimes du VIH. Ainsi, AILES tiendra son rendez-vous aux Loges de Mangalkhan à partir de 14 heures. Outre une cérémonie de recueillement en l’honneur des personnes décédées du sida, des tests de dépistage du VIH et de l’hépatite C seront disponibles. La cérémonie officielle marquant ce moment fort aura lieu au Mahebourg Waterfront à partir de 17 heures.«Il y a quelques artistes et entre chaque prestations, les travailleurs sociaux s’adresseront au public. Nous allumerons les bougies vers 19 heures», explique Nicolas Manbode, coordinateur national de l’AIDS Candlelight Memorial. Une autre soirée est prévue le 28 mai au Caudan.
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