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24 mai 2021 16:37
C’est une mère désemparée. Désespérée. Le cœur broyé par la douleur terrible et infinie d’avoir perdu son enfant chéri dans de terribles circonstances. Depuis une semaine, Indira, 71 ans, est plongée en plein cauchemar après l’agression mortelle de son fils. Ivano Rome, plus connu comme Abhishek, âgé de 28 ans, a été retrouvé inanimé dans une mare de sang au domicile de sa petite amie, une adolescente de 16 ans, à la cité NHDC de Lallmatie, dans la soirée du dimanche 16 mai. Il avait été agressé au couteau par un dénommé Rattan Sooknah, un habitant de Terre-Rouge.
Le décès d’Abhishek a été constaté à l’hôpital de Flacq. Il avait une profonde entaille à la cuisse droite, qui l’a vidée de son sang. La CID de Brisée-Verdière n’a pas tardé à mettre la main sur son présumé agresseur. Ce cuisinier de 47 ans, plus connu comme Zulu, a comparu devant le tribunal de Flacq sous une accusation provisoire de murder. Il est aussi passé aux aveux et a participé à une reconstitution des faits le 20 mai. Dans sa déposition à la police, il explique qu’il se trouvait au domicile de son ami Tayab, le père de l’adolescente de 16 ans, pour faire la fête, lorsqu’une violente altercation, avec échange de coups, a éclaté entre Abhishek et lui. La raison : il désapprouvait la relation entre ce dernier et la jeune fille pour qui il avait lui-même des sentiments. À un moment, la police a été appelée chez cette famille pour ramener le calme. Et Zulu a alors pris la fuite, avant de revenir. Il est passé par la cuisine où il a pris un couteau avec lequel il a agressé mortellement Abhishek.
Depuis le drame, Indira ne vit plus. Elle n’est que chagrin et regrets. «Mo garson ti pou ankor vivan si li ti ekout mwa lavey so lamor. Mo ti dir li retourn lakaz me li pann ekout mwa. Li ti dir mwa pa bizin pran traka», lâche avec amertume cette habitante de Pamplemousses. Elle sentait, dit-elle, qu’il allait arriver malheur à son fils. «Mo disan ti pe averti mwa ki pou ariv kitsoz. Abhishek ti zis dir mwa prepar enn ti manze pou so lindi parski li ti pou retourn lakaz pou prezant mwa so 35 ek so bann paran. Monn zis dir li wi. Zordi, get kinn ariv li. Se kadav mo garson kinn rant kot mwa. Li bien dir pou enn mama sa. Sirtou kan ou perdi ou dernie zanfan. Mo ti ena 5 garson ek 4 tifi. Mo res zis 4 garson aster. Abhishek ti enn extra bon garson. Zame ou pou tann li lev lavwa ek kikenn. Li pa ti kontan lager. Li ti ousi enn ti zenes korek. Li ti touzour trankil dan so kwin. Li pa ti merit enn lamor koumsa.»
Indira explique que son fils, qui travaillait dans une poterie, a fait la connaissance de l’adolescente de 16 ans via les réseaux sociaux quelques jours seulement avant sa mort. Abhishek s’était rendu à son domicile, à Lallmatie, le 12 mai, pour rencontrer sa famille. Elle n’a plus revu son fils depuis. Mère et fils se sont parlés au téléphone la veille du drame. C’est d’ailleurs lors de cette conversation qu’Indira avait demandé à son fils de rentrer à la maison. Mais Abhishek ne l’a pas fait.
Les circonstances entourant son décès demeurent encore floues pour Indira et les siens. Les explications de la jeune fille n’ont pas été d’une grande aide pour les éclairer. «L’adolescente est venue chez moi hier (NdlR : le 18 mai), en compagnie d’un jeune homme qu’elle a présenté comme son frère aîné, pour présenter des sympathies. Les funérailles de mon fils avaient eu lieu la veille. Nous avons noté plusieurs zones d’ombre dans ses explications. Nous comptons sur la police pour faire la lumière sur cette affaire. Nous voulons savoir ce qui s’est vraiment passé ce soir-là à son domicile. Nous sommes en présence de trop de versions. Nous voulons surtout que justice soit faite au plus vite», martèle Indira.
Même si elle sait que rien ne pourra lui rendre son fils, elle espère plus que tout que justice lui sera rendue.
Elle semble être terriblement tourmentée par les événements tragiques qui se sont produits à son domicile le 16 mai. Quand elle nous parle quelques jours plus tard, soit le 20 mai, Taslimah, la mère de la petite amie d’Abhishek, cache très mal son angoisse. Un peu plus tôt, la police avait organisé une reconstitution des faits à son domicile avec le présumé meurtrier du jeune homme. Le même jour, cette habitante de Lallmatie avait également été appelée à fournir des explications à la police sur ce terrible drame. Son époux Tayab et ses quatre enfants ont également été interrogés. «Zame mo pa ti expect enn zafer koumsa. Zulu enn bon kamarad mo mari sa. Ziska ler mo pa le krwar linn touy sa garson-la», affirme Taslimah.
Elle confirme qu’Abhishek est venu chez elle le 12 mai. «Li ti vinn dimann lame mo tifi. Nou ti fini dir li wi me li ti pou bizin atann 2 zan pou kapav marye, kan mo tifi ti pou gagn 18 an», précise Taslimah. Elle raconte qu’Abhishek «ti fer fet Eid ansam ek (nou) vandredi» et confirme que son époux et elle devaient se rendre au domicile de sa mère, à Pamplemousses, le lundi 17 mai, «pou prezant fami». Elle soutient que le jeune homme n’avait pu rentrer chez lui le 12 mai «parski li ti rat dernye bis pou al so lakaz». Puis, Abhishek serait resté le lendemain aussi pour «evite ale ek revini pou Eid». Par contre, Taslimah dit ignorer les circonstances du drame qui a coûté la vie au jeune homme : «Mo ti fini al dormi kan Zulu inn touy Abhishek. Mo strese mwa. Mo bizin bwar komprime pou kapav dormi. Mo pa kone si zot ti diskite vremem aswar-la. Seki mo kapav dir ou, se zis ki ti ena enn ti fet kot mwa.»
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