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9 novembre 2021 01:29
Nouvel an. Je suis de foi bahaïe et le 20 mars 2020, c’était le Nouvel an selon notre calendrier. Après avoir jeûné pendant un mois, la famille bahaïe de Maurice devait se réunir sur la plage de Belle-Mare pour célébrer. Et voilà qu'on se retrouvait en confinement ! On savait tous ce qui se passait à l’étranger et on appréhendait la situation. C’est là que j’ai découvert le Zoom qui m’a permis, notamment, de faire des prières et de célébrer le Nouvel an en ce 20 mars…
Pression. Dès le lundi suivant, nous n’avons pas arrêté de travailler, Reeaz Chuttoo, moi et toute l’équipe de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP). Nous étions sollicités par beaucoup d'employés qui se retrouvaient dans l'obligation de se rendre sur leur lieu de travail. Nous étions en communication constante avec le gouvernement, notamment le ministère du Travail, et les fédérations internationales auxquelles nous sommes affiliés pour essayer de trouver des solutions. Nous avons exigé que ces employés aient un transport, le permis et les protections adéquates. Ensuite, il a aussi fallu gérer la situation de ceux qui se retrouvaient sous la menace de perdre leur emploi…
Time-table. À la maison, pour faciliter les choses pour chacun de nous, nous avions mis au point un time-table, mon époux, ma fille et moi, pour faire la cuisine et les autres tâches ménagères. Cela a tellement bien fonctionné que nous avons gardé cette pratique jusqu’à maintenant.
Isolation. Actuellement, je suis en self-isolation car un de mes proches a eu la Covid. Heureusement, son état est stable. C'est certes une situation stressante mais nous allons sans doute tous devoir y faire face à un moment ou un autre.
Vivre avec. La Covid-19 est partie pour durer. Nous devons donc apprendre à vivre avec. Il y a toutefois la perception qu'il y a un problème au niveau du service hospitalier. Il faut donc rebâtir la confiance dans ce système. Tous les malades de Covid ayant des symptômes plus ou moins sérieux devraient être admis pour obtenir des soins en toute sécurité. Pour cela, il faut recruter plus de personnel. Il faut aussi que les tests rapides soient faits gratuitement à l'hôpital pour garantir que tous y ont accès et sont testés correctement.
Responsabilités. Nous pouvons questionner la gestion des autorités face à cette pandémie mais nous devons tous prendre nos responsabilités. Ce n’est pas le gouvernement ou l’opposition – bien qu'ils doivent arrêter de se disputer pour concentrer toute leur énergie sur le combat contre la Covid-19 – qui va nous garder en bonne santé mais nous-mêmes. Chacun doit prendre ses précautions qui impliquent, notamment, la vaccination – ce serait mieux qu'il y ait un seul vaccin d'ailleurs – et le respect des règles sanitaires.
Protéger. Même si on se protège à 101 %, le virus peut trouver un chemin jusqu’à nous. Donc, en amont, renforçons notre système immunitaire avec des vitamines, de l’exercice, du soleil. Ressaisissons-nous ! Arrêtons de juste nous plaindre ou critiquer ou encore d’agir de manière négligente. Faisons ce qu’il faut pour protéger nos proches et nous-mêmes.
Essentiel. La pandémie de Covid-19 est définitivement un wake-up call pour nous ramener à l’essentiel. Déjà, elle ne regarde pas si on est riche ou pauvre. Elle vient ainsi nous montrer que nous sommes tous pareils dans notre essence, au-delà de ce que nous possédons. Nous avons donc aujourd’hui l’occasion de rééquilibrer les choses, de changer notre mentalité souvent matérialiste, égoïste, de réfléchir avec notre coeur et pas seulement avec notre tête, d’être solidaires entre nous. Nous avons aussi l’opportunité de nous rapprocher de Dieu, de la Source, pour vivre mieux.
Solidarité. Nous n’allons pas améliorer l’état de notre société d’un coup mais nous devons essayer continuellement. Pour cela, il faut de la volonté, de la solidarité, de la compassion, de la compréhension. Pour revenir aux travailleurs, il faudrait que le gouvernement et le patronat travaillent ensemble pour que ceux-ci ne soient pas les grands perdants dans l’histoire. Par exemple, de temps à autre, des employés se retrouvent en isolation. À force, certains n’ont plus de sick ou de local leaves et leur salaire est coupé ! Pendant plusieurs mois, le gouvernement a soutenu les grands patrons. Il doit pouvoir maintenant, avec ces mêmes grands patrons, soutenir les employés qui vont quelques jours en isolement. C’est une solution d’où nous sortirons tous gagnants. Le gouvernement doit aussi amender la loi pour inclure la Covid comme maladie professionnelle car on peut l’attraper sur le lieu de travail.
Salaire. Et il y a une grande réflexion à faire sur les salaires. Nous avons vu, durant le confinement, que ce sont souvent ces travailleurs au bas de l’échelle, comme les Cleaners, les caissiers, les Scavengers, les employés de station d’essence, entre autres, qui nous permettaient d’avoir une vie décente. Or, ces mêmes employés n’ont que le salaire minimum alors que des ministres touchent Rs 200 000 ! Le PRB a aussi montré cela : ceux en haut de l’échelle ont touché gros mais pas ceux au bas qui font pourtant un travail important. Nous réclamons un salaire minimum de Rs 15 000 au lieu de Rs 10 575. En sus d’une compensation de Rs 1 000 pour palier l’augmentation du coût de la vie. Chaque Mauricien doit avoir un salaire et un logement décents. Le gouvernement doit y veiller.
Courage. Malgré la situation sanitaire inquiétante, je vois beaucoup de lueurs d’espoir entre le vaccin, l’ouverture des frontières, la reprise économique. Nous comprenons aujourd’hui que nous devons vivre avec la Covid et faire des efforts pour que ça se passe le mieux possible. Ne baissons pas les armes. Travaillons ensemble, chacun à son niveau, pour redresser la barre. Nous sommes dans le même bateau. Alors, prenons notre courage à deux mains et continuons d’avancer. La vie est tellement belle quand on prend la peine d’aller au-delà de ses tragédies.
Droits. J’invite aussi les travailleurs à rejoindre les syndicats pour connaître leurs droits et être mieux encadrés. Il y a plein de recours pour ceux qui perdent leur emploi, par exemple, et tout le monde ne les connaît pas : le Redundancy Board, le Portable Retirement Gratuity Fund, le Wage Guarantee Fund, le Workfare Program... En sus de ça, je suggère que le ministère du Travail mette un desk spécial pour recenser les chômeurs et les mettre en relation avec les employeurs.
Je suis toujours, avec Reeaz Chuttoo, porte-parole de la CTSP. En ce moment, en plus de nos combats habituels pour les travailleurs, nous nous préparons pour les réunions tripartites en vue de la compensation salariale qui devraient débuter d’ici fin novembre. On exigera une compensation d’au moins Rs 1 000 pour ceux touchant jusqu’à Rs 20 000-Rs 25 000 car moins que ça ne soulagera aucunement les ménages. Cela fait 21 ans que je suis syndicaliste après avoir commencé dans l’administration de la Federation of Progressive Unions (FPU). J’ai fait mes armes aux côtés de Jack Bizlall mais je crois que je suis tombée dedans dès mon enfance quand mon père m’emmenait à la boulangerie où il travaillait et passait des heures à discuter de syndicalisme avec ses collègues ! L’autre chose très importante dans ma vie, c’est évidemment ma famille : mon époux Harry, mon fils Gary et sa femme Nati, ma fille Deeana et son fiancé Daivik, et mes autres proches. Je suis bien entourée et comblée.
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