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Par Yvonne Stephen
21 octobre 2015 16:00
Nuages de fumée. L’arrivée des voitures soulève les particules de terre et de poussière qui tournoient et enveloppent la scène d’une atmosphère particulière. D’une lumière et d’une couleur qui font penser à une photo d’époque. Sépia, granuleuse, passée. Sous des arbres alignés, offreurs d’ombre, les femmes des champs prennent leur pause. Morceaux de pain, gorgées de thé et petites histoires dégustées et échangées. Il est un peu plus de 9 heures et elles travaillent depuis 6 heures ce matin-là. Avant même que le soleil ne s’étire complètement et marque de ses rayons l’étendu infini de ciel bleu, elles étaient là, assises par terre, s’activant sur le karo du jour, sur le site de Tamarin de Medine.
Medine, ce n’est pas uniquement des champs de canne, des terrains à vendre, des offres de résidences de luxe… Ce sont aussi des légumes et des fruits qui sont cultivés et vendus en grande surface. Et cela, depuis septembre 2012, année où la marque «Jardins de Medine» a été lancée. Une des réalisations de la réforme entamée par la Medine Sugar Estate, il y a dix ans, pour être plus compétitif et pour faire face à la baisse du prix du sucre. Bonne nouvelle pour les consommateurs de produits frais ! Ce pôle agriculture innove et propose des produits rares aux Mauriciens depuis quelque temps : le butternut cultivé à Maurice ou encore la pitaya qu’il faut absolument récolter à 4 heures du matin.
De plus, la banane, le giraumon en tranches et les pommes d’amour de gros calibre en barquette sont également disponibles désormais. Bientôt, vous trouverez des laitues déjà lavées, découpées et essorées. Et mêmes d’autres «compositions» de légumes. «Nous faisons en ce moment des essais de plantation sur des nouveaux produits et communiquerons là-dessus assez rapidement», explique Pierre-Philippe Lenferna, Marketing & Sales Manager de Medine Agriculture. Sympa ? Absolument ! Ce qui l’est encore plus ? La récolte de ces légumes se fait de la manière la plus traditionnelle possible. D’ailleurs, en ce mercredi 14 octobre, les travailleuses se penchent sur un karo bien particulier. La journée est consacrée à la récolte de l’oignon. Medine produit annuellement 1 000 tonnes d’oignons et est, donc, le plus gros producteur local.
La pause terminée, les ladies bravent le soleil qui a décidé de shine bright et travaillent en rythme. Chacune dans leur coin, chacune a son quartier. Leurs mains, habiles, manipulent l’oignon, les dépouillent de feuilles sèches, les séparent en deux groupes (les plus grosses d’un côté, les plus petites de l’autre). Le mouvement n’est pas synchronisé, mais la chorégraphie est belle. Parmi celles qui s’affairent en ne se mêlant pas des oignons des autres, la dernière recrue fait rouler les bulbes qu’elle nettoie entre ses doigts. Dans ce champ, l’amour de la terre et des produits se cultive, se développe. On ne devient pas cueilleuse de légumes, travailleuse à la barbe du soleil, accroupie, penchée pendant de longues heures par choix, par vocation. Ici, le métier est alimentaire.
C’est un peu par dépit, pour survivre, qu’Anaëlle Cupidon, 20 ans et des poussières, a choisi cette nouvelle voie : «Le soleil tape fort. Ce n’est pas évident.» Avant, cette maman d’une petite fille d’un an, qui habite à La Gaulette, travaillait dans un snack. Pour des raisons économiques et pratiques, elle a dû chercher ailleurs. Au bout de quelques jours de travail, elle se débrouille déjà bien : «J’ai récolté la pomme d’amour et la pomme de terre. Il faut beaucoup de patience et de douceur. Fode ena la main.» Le travail n’est pas difficile en soi, explique-t-elle. Mais il est répétitif. Et les heures sont longues (la journée se finit aux alentours de 15 heures). En tout, par personne, ce sont 400 kilos d’oignons que les femmes des champs doivent nettoyer et stocker dans des bal.
Pour réussir à répondre à l’appel, il faut travailler inlassablement et enchaîner les mouvements qui deviennent automatiques à force, sans faiblir. Et sans faire attention aux nuages de fumée que soulèvent les véhicules qui empruntent les chemins de terre…
Sur la bonne voie : le compost végétal est utilisé pour fertiliser les champs. Néanmoins, les produits chimiques le sont également. Mais il y a un début à tout ! Vous voulez en savoir plus ? Il suffit de suivre les aventures des produits de la marque «Jardins de Medine» sur la page Facebook : https://www.facebook.com/JardinsDeMedine.
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