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Jonathan, 26 ans, accusé de l’assassinat de Cindy, 33 ans | Un amour impossible se termine en tragédie

7 mars 2018

Jonathan Pierre Louis, lors de sa comparution devant la Bail & Remand Court, le samedi 3 mars.

Leur idylle a duré une année. Une année durant laquelle leur relation a connu des hauts et des bas, sans compter la désapprobation de leur entourage. Mais Jonathan Pierre Louis, 26 ans, et Cindy Foolchund, 33 ans, s’aimaient. Sauf que cet amour s’est terminé de façon dramatique…

 

Le 1er mars, le corps de Cindy Foolchund, maman de trois enfants âgés de 15, 13 et 10 ans, a été retrouvé en état de décomposition avancée, à Ébène, sur un terrain en friche se trouvant à proximité de l’école hôtelière Sir Gaëtan Duval. La police s’est rendue  sur place, vers 13 heures, à la requête d’un employé d’autobus qui a fait la découverte macabre. Un téléphone portable de couleur noire a également été recueilli sur les lieux. Selon le rapport d’autopsie, la jeune femme est morte suite à une compression of the neck.

 

Dans la soirée, les enquêteurs ont d’abord procédé à l’interpellation de Sunilduth Koomar Jolie. Il s’agit d’un maçon de 36 ans, plus connu comme Rakesh, qui vivait en couple avec Cindy Foolchund depuis trois ans. Il a, ensuite, été autorisé à rentrer chez lui après avoir fourni un alibi solide, nous affirme une source policière. La garde des enfants de la victime lui a également été attribuée.

 

Le lendemain, la police a procédé à l’arrestation de Jonathan Pierre Louis qui s’apprêtait, à ce moment-là, à mettre fin à ses jours. Cet habitant de Bambous a été placé en cellule au centre de détention de Vacoas. Il a été présenté devant la Bail & Remand Court, le samedi 3 mars, et fait l’objet d’une charge provisoire d’assassinat. Il a avoué avoir frappé la victime avec un morceau de bois dans un accès de colère mais nie l’avoir étranglée.

 

Dans l’entourage de Jonathan et Cindy, il n’était un secret pour personne qu’ils entretenaient une liaison depuis plus d’un an. Kevin, 19 ans, et Steward*, 15 ans, le frère et le fils aîné de la victime, le savaient, tout comme Steeve et Marie Lourdes, les parents adoptifs de Jonathan. «Nous savions que cette relation allait mal finir. Mais il n’en faisait qu’à sa tête lorsqu’il s’agissait de Cindy. Il était éperdument amoureux d’elle», confie Marie Lourdes.

 

Cette dernière considérait Jonathan comme son fils. Son époux et elle l’ont accueilli alors qu’il n’avait que quelques mois. «C’est le fils de ma sœur. Nous avons d’autres enfants. Il a toujours été avec nous. On n’a jamais eu d’ennuis avec lui. Il travaillait comme maçon avec mon époux», explique Marie Lourdes, le cœur lourd de regrets depuis l’arrestation de son neveu. «Je l’ai vu ce matin (Ndlr : samedi 3 mars). Il participait à une reconstitution des faits. Il avait le visage boursouflé. Il était au bord des larmes. La veille, nous lui avons conseillé de se rendre à la police après tout ce qu’il nous avait raconté au sujet de Cindy. Il disait avoir eu une violente dispute avec elle. Il était tourmenté. Il a quitté la maison en nous disant qu’il se rendait au poste de police de la localité.»

 

Toutefois, ce vendredi 2 mars, c’est au réservoir de La Ferme que Jonathan s’est rendu pour tenter de mettre fin à ses jours. Mais un gardien a alerté la police. «C’est la seconde fois qu’il tente de mettre fin à ses jours. Il avait ingurgité de l’eau de Javel après une violente dispute avec Cindy, il y a quelques mois. Il avait été conduit à temps à l’hôpital où on lui a fait prendre un lavement. Le médecin traitant l’avait référé à l’hôpital Brown-Séquard pour un suivi psychiatrique. Jonathan était très perturbé. Il n’était plus le même. On le surprenait souvent la nuit parlant tout seul», raconte Steeve.

 

Kevin et Steward avancent, eux, un autre son de cloche. «Ma sœur voulait rompre avec Jonathan mais ce dernier était très possessif», soutient Kevin. Le fils de la victime, qui nous parle avec l’autorisation de ses proches, allègue, lui, que Jonathan soutirait de l’argent à sa mère : «Ma mère gagnait sa vie en travaillant dans un snack à Rose-Hill, où travaille également ma grand-mère. Toulezour Jonathan ti pe telefonn li ek rod kas ek li. Toukou mo mama ti pe bizin avoy li EPIN.» Il poursuit : «Jonathan et moi, nous nous sommes croisés à plusieurs reprises en bas de notre appartement ou encore à Bambous où j’ai de la famille. On s’est également déjà rendus chez lui avec ma sœur et mon petit frère.

 

«Cool et timide»

 

Sauf que depuis le lundi 26 février, Cindy n’avait plus donné signe de vie. Ce jour-là, elle ne s’était pas non plus rendue au travail. «Elle nous a dit qu’elle était souffrante et qu’elle devait se rendre à l’hôpital pour se faire soigner. On s’est fait un sang d’encre en début de soirée lorsqu’elle n’est pas rentrée. Avec des proches, on a fait un tour à l’hôpital Victoria et à celui de Port-Louis, en vain. Mon petit doigt me disait que quelque chose s’était passé car Jonathan a téléphoné une dizaine de fois sur le portable de Rakesh pour prendre des nouvelles de ma mère», se souvient Steward.

 

Selon l’adolescent, sa mère lui a déjà confié qu’elle se faisait brutaliser par Jonathan. Les proches du jeune homme dressent, eux, un autre portrait de lui. «Tous les habitants de notre quartier sont sous le choc», nous confie sa cousine Stéphanie, 23 ans. Sa sœur Sandrine abonde dans le même sens : «Jonathan était quelqu’un de cool et timide.»

 

Interrogé, Jonathan a expliqué aux policiers avoir frappé la jeune femme à la tête avec un morceau de bois. Il aurait ensuite quitté les lieux en catastrophe lorsqu’il a constaté que cette dernière avait perdu connaissance. «Linn dir nou ki li ti ankor pe respire kan linn ale», précise Marie Lourdes. Cependant, il nie l’avoir étranglée.

 

Steeve se souvient des quelques heures qui ont précédé l’agression de Cindy Foolchund. En quittant la maison ce jour-là, il aurait supplié Jonathan de l’accompagner sur un chantier à Albion : «Mo ti dir li nou al travay. Li ti dir mwa ale touzour li pou vini apre. Apre ki nou finn kone ki li ti pe al zwenn Cindy.»

 

Cette rencontre entre Jonathan et Cindy s’est toutefois terminée de façon tragique…

 

(*Prénom fictif)

 


 

Me Anoup Goodary, avocat de Jonathan Pierre Louis : «Il n’y a pas d’assassinat dans cette affaire»

 

L’avocat Anoop Goodary a déjà rencontré son client hier, samedi 3 mars. Et les deux ont eue une longue discussion. À sa sortie, l’avocat dit ne pas pouvoir divulguer la teneur de la conversation privée qu’il a eue avec son client. Cependant, il a déclaré qu’«il n’y a pas d’assassinat dans cette affaire. Tous les éléments indiquent que mon client n’avait pas l’intention de tuer cette dame.» Me Anoop Goodary a conclu en disant qu’il va faire de son mieux pour que son client soit jugé en fonction du délit qu’il a commis.

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