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27 juin 2022 13:41
Les campagnes de sensibilisation continuent. Mais les saisies s’enchaînent… Si en réponse à une Private Notice Question du leader de l’opposition sur les grosses saisies de drogue, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a soutenu que son gouvernement a déclenché une croisade contre la mafia de la drogue depuis 2014 – avec, selon ses dires, des réseaux de drogue démantelés et plus de Rs 1 billion de drogue saisie depuis 2017 –, les travailleurs sociaux engagés dans ce combat, eux, tirent la sonnette d’alarme en ce dimanche 26 juin, date marquant la Journée internationale contre l’abus et le trafic illicite des drogues.
«Le pays a déjà perdu le combat contre le trafic de drogue», estime Ally Lazer, président de l’Association des travailleurs sociaux de Maurice. «Pourquoi Navind Kistna, arrêté en 2017 après la saisie de 137 kg d’héroïne, n’a-t-il toujours pas fait face à la justice ? Idem pour Kusraj Lutcheegadoo et Dereck Jean-Jacques, plus connu comme Gro Derek. N’est-ce pas là une delaying tactic pour permettre à leurs avocats de déposer une motion pour abus de procédures après une longue période en détention ?» se demande-t-il.
De son côté, chaque année, l’United Nations Office on Drugs and Crime (UNODC) publie un rapport mondial sur les drogues, contenant des statistiques-clés et des données factuelles obtenues par des sources officielles. Selon l’organisme, en 2022, le monde continue d’être témoin de crises humanitaires généralisées en Afghanistan, en Ukraine et ailleurs, tandis que la pandémie de Covid-19 reste une crise sanitaire mondiale majeure. Ce qui rend d’autant plus difficile la lutte contre l’abus et le trafic des drogues. Avec la campagne CareInCrises, l’UNODC veut ainsi marquer un tournant dans les efforts mondiaux pour relever les défis liés à la drogue en prônant la prévention au lieu de la répression.
À Maurice, des travailleurs sociaux décrient le manque d’une politique nationale pour la prévention, même si le Premier ministre a récemment réaffirmé son engagement et celui de son gouvernement pour protéger la société mauricienne contre les effets dévastateurs des drogues illicites. Ils disent aussi regretter l’absence de mesure dans le dernier Budget présenté par le ministre des Finances pour pallier au problème des drogues. Une absence, soulignent-ils, qui n’arrange pas la situation dans le pays.
Dans un rapport sur la situation du trafic de drogue à Maurice, rendu public en 2021, l’UNODC indique que Maurice arrive à la première place en Afrique en tant que pays où on consomme le plus l’héroïne ainsi que les différentes drogues de synthèse. Selon ce même rapport, notre île est classée 5e dans le monde pour la prévalence à l’héroïne. Sans compter que la consommation d’héroïne continue malgré le programme de substitution par la méthadone et l’échange de seringue proposés par le gouvernement en 2006. Les travailleurs sociaux observent aussi la montée en puissance des drogues de synthèse qui sont facilement accessibles à travers le pays.
Autre rapport, même constat. Selon un rapport de la Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GIATOC) sur l’évolution du commerce des produits illicites dans l’ouest de l’océan Indien, rendu public l’année dernière, Maurice est devenu une plaque tournante pour les transactions de stupéfiants dans la région. D’après les récentes saisies, les produits illicites rentreraient sur notre sol principalement par voie maritime. Le rapport de la GIATOC indique que notre île sert ainsi de plaque tournante dans l’acheminement d’héroïne vers La Réunion, les Seychelles et Rodrigues. Le rajeunissement et la féminisation des toxicomanes inquiètent également les travailleurs sociaux.
La gendarmerie de l’île Soeur a procédé à un autre joli coup de filet. Les gendarmes ont intercepté 147 kg de cannabis lors d’une opération dans une zone boisée, à Sainte-Rose. Cette grosse cargaison devait, semble-t-il, être acheminée vers Maurice en provenance du sud-est de La Réunion. Les autorités réunionnaises ont également mis la main sur 1 kg de résine de cannabis. Huit suspects sont en détention dans cette nouvelle affaire qui interpelle également le quartier général de la brigade antidrogue à Maurice. Le modus operandi des trafiquants serait le même que celui utilisé par des Mauriciens quelque temps de cela. Sauf qu’il n’y a pas de suspect mauricien cette fois.
Les limiers de la brigade antidrogue ont mené plusieurs opérations fructueuses durant la semaine écoulée. Ils ont mis plusieurs trafiquants hors d’état de nuire et ont aussi procédé à la saisie de psychotropes, de cannabis, d’héroïne et de drogue de synthèse.
À Ste-Croix, un couple a été arrêté avec une importante quantité de psychotropes. Il s’agit de Mohammad Ibrahim Faez Lallmahamood, 31 ans, et Bibi Nabeela Kanowah, 30 ans. Ces derniers avaient plusieurs capsules de Pragabalin sur eux lors d’une perquisition le lundi 20 juin. Les suspects avaient également, en leur possession, plusieurs prescriptions médicales avec une copie carbone. Mohammad Ibrahim Faez Lallmahamood et Bibi Nabeela Kanowah font l’objet d’une charge provisoire de trafic de drogue.
Deux jours plus tard, une équipe de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) de Rose-Belle a procédé à l’arrestation de deux habitants de Trois-Boutiques pour trafic de gandia. Il s’agit de Dhanayus-Sing Goonawah, 19 ans, et Sayelesh Kumar Ramnauth, 48 ans. Des officiers de la brigade antidrogue les ont piégés en se faisant passer pour des consommateurs. Ils avaient 3,6 grammes de cannabis sur eux.
Louis Jaimi Joseph, plus connu sous le sobriquet de Ti Papa, a également été arrêté pour trafic de drogue. Lors d’une opération au domicile de cet habitant de Rivière-Noire, âgé de 44 ans, la police a recueilli du gandia, de l’héroïne, de la drogue de synthèse et une certaine somme d’argent soupçonnée de provenir du trafic de stupéfiant. Le tout estimé à plus de Rs 300 000.
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