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27 octobre 2015 17:24
De l’argent comme s’il en pleuvait ? Pas du tout ! Les familles mauriciennes sont nombreuses à ne pas voir la couleur de leur argent à chaque fin de mois. La raison : l’argent gagné s’engouffre dans les dépenses. Le chômage chez les jeunes, les inégalités salariales, le surendettement ou encore la hausse du prix du panier de la ménagère empêchent également les Mauriciens de faire des économies. Dans le cadre de la Journée mondiale de l’épargne, observée le 31 octobre, quelques familles nous racontent leur combat au quotidien.
Nathalie et Pedro Seebrunah, âgés de 40 et 43 ans, sont mariés depuis sept ans. Ce couple sans enfant habitant La Caverne, Vacoas, est l’heureux propriétaire d’une maison. «Mais nous avons un prêt à rembourser pour la maison. Même sans enfant, notre vie est assez compliquée sur le plan financier. Mon salaire mensuel s’épuise complètement le même jour où il est versé sur mon compte bancaire. Il est impossible de mettre quelques sous de côté», soutient Nathalie, gérante au foyer Fiat, à Petite-Rivière.
Son époux, technicien, et elle rêvent depuis longtemps de faire un voyage en Europe. Mais ce projet, regrette Nathalie, ne se concrétisera peut-être jamais. «Pour se faire un peu plaisir, il faut se serrer la ceinture. Pour les achats en fin de mois, il faut toujours trouver les supermarchés où il y a de bonnes promotions. Un dîner ou un déjeuner au restaurant se fait de plus en plus rare. Donc on ne peut pas réaliser nos rêves, comme partir ensemble en Europe», fait ressortir la jeune femme.
Mila Reekoye, qui habite Notre-Dame, est une jeune célibataire. Mais elle a à sa charge son neveu de 7 ans. En moins d’un an, l’enfant a perdu ses deux parents qui sont morts de maladies. «Je suis chauffeur de bus. Je suis payée à la quinzaine. Et de mon salaire, il ne reste pas grand-chose. Du coup, impossible d’économiser, car j’ai un loyer à payer en plus des autres dépenses de la maison. Mon neveu touche une pension, mais elle est loin de suffire. Je dois trouver Rs 3 100 par mois pour son école et Rs 1 200 pour le van scolaire», précise-t-elle.
De son côté, Roland Magasin, 50 ans, doit cumuler deux boulots pour pouvoir joindre les deux bouts. Maintenance Officer au sein d’une ONG, ce père de deux enfants touche un salaire de base de Rs 10 000, qui est loin de répondre aux besoins de sa famille. «Ma femme est coiffeuse à domicile. Mais les clients se font très rares. Dans l’après-midi, après mon emploi, je vais faire des travaux de plomberie. C’est ce qui m’aide à garder la tête hors de l’eau», confie-t-il. Ses enfants étudient toujours. L’un suit une formation et l’autre est en Form 4. «Si jamais il nous arrivait quelque chose de grave, on ne saurait pas comment faire face, car nous n’avons pas un sou de côté», lâche Roland.
L’épargne et les jeunes, c’est encore une autre histoire. Bernard Marié, par exemple, n’a eu d’autre choix que de poser ses valises aux Seychelles pour avoir un salaire décent. «Les Mauriciens sont tous endettés, car leurs salaires sont très bas. Ils ne peuvent pas concrétiser un rêve ou faire face aux imprévus. Ils travaillent pour survivre et pas pour avancer dans la vie. Maurice est un paradis pour les expatriés, pas pour les locaux.»
Sous le couvert de l’anonymat, une étudiante confie ses craintes quant à l’avenir. Il est pratiquement impossible pour un jeune, dit-elle, de trouver un emploi à Maurice : «Nous faisons des études pour nous retrouver ensuite dans un centre d’appels. Lorsque nous postulons pour un emploi, on nous dit que nous n’avons pas d’expérience. Dans ce cas, comment construire un avenir, gagner de l’argent pour acheter une maison, entre autres ? On bosse dur, mais la classe moyenne est presque oubliée par les autorités.»
L’absence d’épargne constitue une cause majeure d’insécurité financière, ce qui fragilise considérablement les ménages. Mais lorsque le simple fait de ne pas pouvoir manger à sa faim devient un problème, l’épargne n’est pas la priorité des priorités. Combattre la vie chère demeure, hélas, un slogan qui sonne creux !
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