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Journée mondiale du refus de la misère : L’engagement citoyen au cœur du combat

21 octobre 2015

Pouba Essoo, Jean Marie Pazot, Anielle Ducray et Patrick Virginie, militent tous pour faire reculer la pauvreté dans l’île.

Il est de ceux qui croient que les bonnes intentions ne suffisent pas pour combattre la pauvreté. «Il faut l’avoir vécue, il faut avoir ressenti la douleur que cette situation peut engendrer», explique Patrick Virginie, président de la Warm Heart Foundation. Ce n’est pas un hasard s’il a fait de la lutte contre la pauvreté son cheval de bataille. «J’ai perdu ma mère quand j’avais 14 ans. J’ai grandi avec ma grand-mère qui avait beaucoup de mal à subvenir à nos besoins. J’ai dû me battre. Lorsque je vois quelqu’un en difficulté, je ne peux m’empêcher de lui venir en aide», confie notre interlocuteur.

 

Il ne peut rester insensible au sort des sans-abri : «J’ai commencé en apportant un peu de nourriture aux SDF. J’écoutais leurs histoires. À partir de là, j’ai décidé de m’engager pleinement dans ce domaine et j’ai rejoint la Warm Heart Foundation dont l’objectif principal est de reloger les familles en détresse.»

 

Pour Pouba Essoo, une connaissance de la vie, de l’histoire et de la pensée des familles les plus démunies est nécessaire afin de combattre la pauvreté. Pour leur venir en aide, elle est d’avis qu’il faut d’abord comprendre leur mode de vie et les aimer sans les juger. «Très jeune, j’ai été attirée par le social, car je suis de cette génération qui a vécu la période de mai 1975 où il y avait vraiment une prise de conscience chez les jeunes concernant les diverses inégalités auxquelles nous devions faire face. Après mes études, j’ai travaillé au sein de divers ministères à vocation sociale. Ensuite, j’ai choisi de rejoindre la NEF au lancement du CSR et j’ai participé à l’implémentation de plusieurs projets pour combattre la misère», explique Pouba Essoo. Cette dernière s’apprête à écrire un nouveau chapitre de son combat. Elle a récemment démissionné de son poste de CSR Officer à la NEF afin d’apporter son aide au Lovebridge Project, initié par le Curepipe Starlight Sports Club, en étroite collaboration avec le gouvernement.

 

À Rivière-Noire, Anielle Ducray, de l’ONG Le Pont du Tamarinier, et son équipe mettent tout en œuvre pour sortir plusieurs familles de cette localité de l’enfer de la pauvreté. Elles misent avant tout sur un accompagnement continu de ces familles. «Il ne suffit pas d’aider les familles à trouver une maison ou du travail pour que le problème soit réglé. Tout est basé sur un accompagnement avant, pendant et après. C’est essentiel ! Puis il faut leur donner les outils nécessaires pour qu’ils arrivent à se tenir debout. Par exemple, on aide les femmes à développer l’esprit d’entrepreneuriat pour qu’elles deviennent financièrement indépendantes», explique Anielle Ducray.

 

Aujourd’hui, son équipe et elle savourent le fruit de leur travail. Deux des bénéficiaires du programme d’entrepreneuriat, Francesca et Claudia, ont été sélectionnées pour présenter leurs travaux d’artisanat au Marché de Noël. Les familles ayant bénéficié du soutien du Pont du Tamarinier ont réussi, entre autres, à agrandir leur maison.

 

Pour Jean Marie Pazot, directeur de Psy-chologics Family Care, c’était presque une évidence de s’engager dans le social après son passage au SOS Village de Bambous, dont il a été le directeur pendant cinq ans. «J’ai vécu avec ces enfants, j’ai compris d’où venait le problème. C’est pour cette raison que j’ai choisi de miser beaucoup plus sur l’accompagnement à long terme des familles à problèmes. La place d’un enfant n’est pas dans un shelter, mais dans sa famille. Pour cela, il faut savoir encadrer la famille si elle rencontre un quelconque problème et travailler avec elle jusqu’à ce qu’elle soit complètement réhabilitée», précise ce dernier.

 

Lui soutient qu’il ne suffit pas de résoudre un problème de logement pour éradiquer la pauvreté. «Il faut accompagner ces personnes jusqu’à ce qu’elles retrouvent la stabilité financière et sociale pour ne pas se retrouver à la case départ, comme c’est bien souvent le cas», explique le directeur de Psy-chologics Family Care. 

 

«Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’homme sont violés», disait Joseph Wresinski, l’initiateur de la Journée mondiale du refus de la misère. C’est justement pour rendre à l’homme sa dignité que ces quatre citoyens se sont engagés dans cette noble cause.

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