Kamla Sithanen : «C’est impossible d’oublier…»

Depuis quelques jours, elle ressasse, cogite, réfléchit sans arrêt. Elle le savait. Cette date la replongerait douloureusement dans les souvenirs encore vifs de ce 30 mars 2013, jour fatidique lors duquel les eaux ont emporté son fils Retnon, 36 ans. Depuis, son cœur de mère ne cesse de saigner, le désespoir se mêlant à un sentiment d’impuissance. 

Ce jour-là, Kamla Sithanen, 63 ans, était à son travail lorsque son téléphone s’est mis à sonner. Les pluies s’abattaient avec violence sur la capitale, mais elle ne pouvait imaginer le drame qui se jouait chez elle à Tranquebar. «C’est ma voisine qui m’a annoncé que mon fils, qui se trouvait derrière la maison qui donne sur le Ruisseau du Pouce, avait été emporté par les eaux. Mon fils est mort. Je n’étais même pas à la maison. Peut-être que j’aurais pu lui venir en aide», se reproche-t-elle encore aujourd’hui. 

Son corps avait été emporté sur plus d’un kilomètre et avait été retrouvé sans vie dans la soirée, à proximité du jardin de la Compagnie. Depuis, Kamla ne se remet pas. Elle pense à lui tous les jours. À chaque fois qu’il pleut, elle ne peut refouler les larmes qui lui viennent aux yeux. Impossible pour cette sexagénaire, qui avait déjà perdu un autre fils quelque temps auparavant, de faire son deuil. Traumatisée – elle consulte un psychiatre –, elle a été dans l’obligation d’arrêter son travail. 

Après la mort de son fils, elle s’était retrouvée seule dans sa maison ravagée. «J’ai perdu mon fils, mais aussi ma maison et toutes mes affaires. Je ne pouvais plus y vivre. Je le voyais partout et la maison était devenue inhabitable.» Kamla a été contrainte de quitter sa maison et, depuis plusieurs mois, est hébergée tour à tour par des membres de sa famille. «J’ai fait une demande aux autorités pour avoir un logement, mais j’attends toujours. Mon fils ne reviendra pas. C’est impossible d’oublier, mais j’aimerais pouvoir au moins finir mes jours dans une maison.» C’est tout ce qu’elle souhaite. 

Cette maman n’a pas fini de pleurer son fils.