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Kennedy St-Pierre : La fierté familiale

3 août 2014

Marie-Rose St-Pierre (2e à dr.) est admirative des exploits de son fils.

De Terre-Rouge à Glasgow via Tranquebar. C’est le chemin parcouru par le boxeur mauricien qui est en passe d’écrire sa légende dans le noble art. A l’heure où nous mettons sous presse, il se préparait à monter sur le ring pour affronter le Néo-Zélandais David Nyika en finale des moins-81-kg à l’occasion des 20e Jeux du Commonwealth.

Qu’importe l’issue de cette finale, ce jeune homme est, déjà, un grand champion pour ses proches. Lui qui se faisait gronder par sa mère, Marie-Rose, lorsqu’il se rendait en cachette à des sessions d’entraînements. La boxe voire le sport est une histoire de famille chez les St-Pierre, car l’aîné qui se nomme Kennedy Joseph St-Pierre est aussi boxeur, alors que la maman a été athlète.

D’ailleurs, dans le salon familial, chez les St-Pierre à Terre-Rouge dans le quartier dit Cité Mandela, les trophées, médailles, et carte d’accréditions tapissent tous les coins et recoins. Il faudrait trouver une place pour accrocher la médaille, que le jeune Kennedy James St-Pierre, dont le sobriquet est « Rasta », ramènera de Glasgow.

Agé seulement de 21 ans, ce soudeur de profession a une bonne marge de progression, et peut espérer émuler les Richard Sunee (premier médaillé d’or aux Jeux du Commonwealth), Bruno Julie (premier médaillé mauricien aux Jeux olympiques), ou encore Michael Macaque et Giovanni Frontin (médaillé d’argent aux Jeux de Commonwealth). Son nom est sur les lèvres de tous les Mauriciens depuis vendredi après avoir disposé du Gallois Nathan Thorley en demi-finale de manière fracassante.

Pieux et discipliné

L’honneur et la fierté sont déjà bien présents au sein de sa famille. Marie-Rose était une mère noyée de bonheur, lorsque nous l’avons rencontrée, hier, dans sa modeste demeure, où la chaleur humaine et la foi en Dieu sont très présentes. « Kennedy est quelqu’un de très pieux et discipliné. C’est quelque chose que je lui ai enseigné depuis son jeune âge », fait ressortir cette mère de famille de huit enfants.

Des qualités que fait, aussi, ressortir la grand-mère maternelle du champion de boxe, Marie Bottesoie. « C’est un garçon toujours obéissant. A une époque, il vendait des CD et je lui ai demandé de choisir entre cette route et une vie disciplinée avec la boxe.  Voilà le résultat », nous dit-elle à propos de son petit-fils qui raffole d’un « bouyon bred creson avek pwason saler ».

Le pugiliste est déjà un exemple pour ses proches et ce n’est pas son neveu Raphaël Daryl qui nous dira le contraire. Ce dernier réside à Tranquebar et pratique la boxe. « J’aimerais bien boxer comme lui et avoir beaucoup de trophées. J’aime la boxe même si des fois on ne reçoit pas l’aide et la considération nécessaires », avance cet étudiant du collège Bhujoharry.

Marie-Rose nous explique que son champion de fils est en train d’accomplir son rêve d’enfance. « Nous étions à la plage de Blue-Bay un jour et Kennedy n’avait que deux ans. En voyant un avion décoller, il s’était exclamé que c’était ça sa maison. Aujourd’hui, il voyage beaucoup pour participer à des compétitions internationales pour tenter de remporter des trophées», raconte la maman.

Et dire qu’elle le grondait fermement quelques années plus tôt. Effectivement, Kennedy St-Pierre a été scolarisé jusqu’au CPE (Certificate of Primary Education) car « il était peu porté pour les études ». Le môme disparaissait le soir sans que personne ne sache où il passait ses soirées. « Vous imaginez dans quel état je me retrouvais lorsque mon fils rentrait à la maison vers 22 heures avec tous les fléaux et les dangers qui existent ? », s’interroge toujours sa mère, âgée de 47 ans.

La réponse allait provenir de la bouche de Gaëtan Runghien. Ce dernier, entraîneur de boxe, avait pris sous sa férule le jeune Kennedy, qui voulait suivre les traces de son frère aîné, Kennedy Joseph. « Il est venu me voir pour me demander pourquoi je grondais mon fils, tout en me révélant la vérité sur ce qu’il faisait. Ça faisait un an qu’il partait assister à des sessions d’entraînement sans que je le sache».

Le pugiliste savait déjà encaisser les coups, tout en essuyant la colère de sa mère. Le jeune homme allait poursuivre sa route en enchaînant les sessions d’entraînements et aussi les compétitions. Sa mère n’est pas du genre à aller assister à ses combats. « Je suis triste de voir les gens recevoir des coups », lâche-t-elle.

Mais elle n’a pas voulu rater la demi-finale de vendredi soir. « Comme les autres matchs auxquels j’ai pu assister, je l’ai vécu comme ci c’était moi qui avait mal lorsque Kennedy recevait des coups et ensuite ça a été la délivrance », nous dit-elle. Comme quoi le sport peut écrire de belles histoires.

 

La grand-mère maternelle  du champion est fière du succès de son petit-fils.

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