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20 septembre 2015 13:49
Est-ce la première étape d’une longue marche vers la reconquête du pouvoir ? En tout cas, le rassemblement de ce dimanche 20 septembre à Kewal Nagar, à 9h30, pour marquer le 115e anniversaire de la naissance de Sir Seewoosagur Ramgoolam, est annoncé comme un rendez-vous du PTr pour se repositionner sur l’échiquier politique.
Arvin Boolell l’a d’ailleurs souligné lors d’une réunion le vendredi 11 septembre dans la circonscription no 11 à Nouvelle-France. Pour les Rouges, la célébration d’aujourd’hui sera un test pour le parti qui ferait en ce moment une belle remontée. «La mobilisation (…) s’accentuera à partir du 21 septembre pour des élections anticipées», s’est exclamé Arvin Boolell.
Mais qu’en pensent les habitants de ce petit village situé dans l’est du pays ? Un petit détour à Kewal Nagar, en fin d’après-midi, jeudi dernier, et nous rencontrons Baliram Limbajee, 43 ans. Alors que la nuit pointe le bout de son nez et qu’un vent frais – hiver oblige – souffle sur la petite localité, lui s’affaire à quelques travaux dans sa maison.
Entre un coup d’œil à son potager pour prendre soin de ses laitues et cotomili, et ses autres occupations, cet opérateur dans une compagnie privée et père de trois enfants ne fait pas grand cas du rassemblement d’aujourd’hui. «C’est un événement qui a lieu chaque année et, comme tous les ans, j’irai assister aux festivités», dit-il. Pour lui, c’est un rendez-vous annuel qui permet de «rendre hommage à un grand homme politique», mais surtout de se «souvenir que le père de la nation» est né dans son petit village. «Ce n’est pas particulièrement parce que les politiciens ont annoncé que ce rassemblement marque le grand come-back de Navin Ramgoolam que j’irai. J’y vais parce que j’ai l’habitude d’y aller.»
Mais une chose est sûre, Baliram est «curieux» et «impatient» d’écouter ce que le leader des Rouges a à dire : «Son discours est très attendu !» Surtout, dit-il, après la vague de scandales qui les a secoué lui et son parti ces derniers temps : «Je ne vais pas porter de jugement. Je voudrais juste savoir quel message il a à délivrer.»
Un peu plus loin, nous rencontrons Pascaline. Hésitante à parler de politique, elle sait toutefois qu’elle ne pourra pas rater le rassemblement : «Comme c’est dans la localité, on ne peut pas ne pas y aller.» Associe-t-elle cet événement à un retour en force du PTr après la débâcle électorale de décembre dernier ? «Je ne sais pas», lâche-t-elle, avant d’ajouter : «Pour moi, Navin Ramgoolam n’est pas mort politiquement. Comme on dit, en politique, tout est possible et à Maurice encore plus.» Comme Baliram, Pascaline accordera, dit-elle, une attention particulière au discours de l’ex-Premier ministre : «On est tous curieux, on veut tous savoir comment ce revival annoncé va prendre forme !»
Alors que les préparatifs pour l’événement Ensemble avec sir Seewoosagur Ramgoolam vont bon train autour du jardin de la localité, plus précisément autour de la marquise qui a été dressée, Jean-Yves Louis, 55 ans, maçon de profession, ne cache pas sa «sympathie» pour Navin Ramgolam. «Il a quand même dirigé le pays pendant longtemps. Je vais aller écouter ce qu’il a à dire», dit-il.
Deux rues plus loin, on rencontre Neetoo Seebaluck. Étant parfaitement au courant des enjeux du rassemblement du PTr, elle dit ne pas se sentir concernée : «Je n’ai pas de grandes attentes par rapport à cet événement.» Pour Atish, autre habitant de la région, cet exercice est sans nul doute une opération séduction : «La mission de Ramgoolam désormais, c’est de convaincre. Il faudra qu’il arrive à réinstaurer la confiance en lui. Certes, le PTr va maintenant surfer sur beaucoup de choses. Par exemple, que le parti est victime d’une vendetta politique, tout en jouant sur le fait que le gouvernent SAJ n’est qu’un accident de parcours. Je pense que les remous autour de l’affaire BAI et de la carte biométrique seront aussi parmi leurs armes, tout comme les rumeurs que les ministres Duval et Badhain ne sont pas sur la même longueur d’onde. Let’s wait and see comment s’annonce la suite.»
Cilla Ramachundrah, 62 ans, n’associe en rien le rassemblement d’aujourd’hui à un enjeu politique : «Je ne vois que l’aspect historique de cette manifestation, c’est-à-dire le 115e anniversaire de la naissance de sir Seewoosagur Ramgoolam.» Une de ses voisines est, elle, catégorique : «Ce rassemblement ne garantit en rien un retour triomphal en politique. Beaucoup ne sont pas prêts à tirer un trait sur tous les scandales qui le suivent. On saura très vite de quoi il en retourne après la manifestation. Attendons voir…»
Un autre habitant estime que «cet exercice de communication ne servira à rien» : «Ils n’ont jamais rien fait pour la région. Il n’y a qu’à voir l’état du village !» Selon lui, beaucoup pensent comme lui : «Je sais que la plupart des gens qui viennent y assister arrivent de régions lointaines.»
S’il y a ceux qui sont curieux de voir l’accueil dont bénéficiera Navin Ramgoolam à Belle-Rive, d’autres qui y vivent ne se disent pas du tout concernés. À l’instar de Babé et Pritam, que nous rencontrons près du jardin du village. Eux disent ne pas être intéressés par ce qui va se dire. «Je n’ai jamais été intéressé à aller à cette commémoration, je ne vois donc pas pourquoi j’irais cette année», lâche Pritam, sous le regard approbateur de son ami Babé.
D’autres autour d’eux ne cachent pas qu’ils seront là pour «écouter», car ils font partie de ceux qui sont en mode «wait and see» !
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