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Khatiba Goburdhun, 57 ans, retrouvée morte chez elle en mars 2022 - Pascal, son époux : « J’avais fait part de mes soupçons à la police mais elle n’a rien fait»

2 octobre 2023

Pascal était convaincu du meurtre de son épouse depuis le début.

Convaincu que son épouse n’était pas morte de cause naturelle, il avait réclamé une enquête approfondie et une contre-autopsie mais ses démarches n’avaient pas abouti. Même si plus d’une année s’est écoulée depuis le décès de sa compagne, «je souffre toujours autant. Je n’ose imaginer la souffrance de l’entourage des Sookur, qui a perdu deux êtres chers dans des circonstances tragiques.»

 

Le 11 mars 2022, rappelons-le, le corps sans vie de Khatiba Goburdhun, 57 ans, avait été retrouvé à son domicile à Bain-des-Dames. L’autopsie ayant attribué son décès à un œdème pulmonaire, la police avait écarté la thèse de l’acte criminelle et privilégié une mort naturelle. D’autant qu’elle n’avait décelé aucune trace d’effraction. Cependant, dit Pascal, «j’étais convaincu qu’elle avait été tuée. J’étais en contact avec elle tous les jours. La veille, elle avait passé la soirée en compagnie de nos amis, qui m’avaient dit qu’ils l’avaient ramenée chez elle en pleine forme. Ils l’avaient simplement aidée à monter les escaliers parce qu’elle s’était blessée à la cheville. Ils trouvaient cela inconcevable qu’un problème de santé ait pu entraîner sa mort et étaient prêts à témoigner mais la police n’est pas allée de l’avant.» Idem pour Azize, le cousin de la victime, qui avance que «nous nous parlions régulièrement ; elle ne m’avait jamais parue malade. Je savais que quelque chose clochait dans cette affaire.»

 

Pascal a pris l’avion pour notre île peu de temps après afin d’assister aux funérailles de sa moitié. Ce qui avait fortement éveillé ses soupçons, dit-il, «ce sont les ecchymoses qu’elle avait au visage.» De plus, dit-il, «j’avais rencontré Sandrine et Nacir, ses locataires, les jours suivants. Ils m’avaient présenté leurs sympathies et prétendu qu’ils avaient toujours été présents pour aider ma femme. Ils avaient voulu me faire croire qu’elle buvait trop d’alcool et que cela avait nui à sa santé. Je savais qu’ils mentaient car depuis une intervention, Khatiba pouvait à peine en consommer.»  En contact au quotidien avec la quinquagénaire, Pascal se souvient qu’ «elle m’avait confié qu’elle rencontrait beaucoup de soucis avec ses locataires. Ils ne réglaient pas le loyer, ne faisaient pas le ménage et se permettaient même de se servir dans son frigo. Elle ne le leur avait pas reproché parce qu’ils avaient un enfant; elle avait le cœur sur la main»

 

Les nombreux doutes l’avaient poussé à se rendre au poste de police de Bain-des-Dames en compagnie de la cousine de la victime pour réclamer une enquête approfondie mais «les policiers m’avaient simplement écouté, sans consigner ma déposition. Je leur avais fait part de mes soupçons sur ce couple mais ils n’ont rien fait.» Cela l’avait ainsi poussé à retenir les services de Mes Saud Peerun et Shameer Hossenboccus. Dans une correspondance datée du 29 mars 2022, Pascal avait demandé l’exhumation du corps de son épouse pour une contre-autopsie. Néanmoins, «nous n’avons jamais pu aller de l’avant car la police nous a répondu qu’elle avait conclu à une mort naturelle et qu’elle avait réclamé des examens sanguins mais était toujours dans l’attente des conclusions. Les enquêteurs ne sont plus jamais revenus vers nous depuis.»

 

Bien qu’à distance, Pascal a continué à suivre l’actualité à Maurice. C’est ainsi que récemment, il a reconnu le tandem Rathbone/Buckreedun sur des photos après leur arrestation pour le meurtre du couple Sookur. Il en a aussitôt fait part à ses hommes de loi, qui ont, à leur tour, transféré cette information aux enquêteurs. C’est ainsi que l’obstination et la persévérance de cet homme meurtri a poussé les enquêteurs de la Major Crime Investigation Team (MCT) à interroger le duo sur les circonstances du décès de Khatiba Goberdhun. Sandrine Rathbone et Nacir Buckreedun sont alors passés aux aveux pour ce troisième meurtre. Lors de leur interrogatoire, ils ont déclaré qu’ils s’étaient rendus chez la quinquagénaire pour commettre un vol mais qu’ils l’auraient étouffée avec un oreiller parce qu’elle les aurait surpris.  À présent, Pascal compte sur la police pour poursuivre son enquête et retrouver les objets volés suite au meurtre de son épouse, «particulièrement un médaillon que je lui avais offert et qu’elle avait souhaité remettre à son neveu après sa mort.»

 

Cette affaire a également choqué les voisins de Khatiba Goburdhun. Après les aveux du couple, disent-ils, «nous nous sommes souvenus qu’à l’époque, ces locataires avaient tout fait pour ne pas être soupçonnés. Ils avaient frappé à sa porte, nous disant qu’ils s’inquiétaient de ne pas avoir eu de ses nouvelles depuis quelques jours. Nous avions contacté la police en pensant qu’ils étaient sincères.Or, tout cela ne faisait que partie de leur plan.» Ils se disent outrés, car «ils nous ont donné l’impression d’être sympathiques. Mem kan zot ti pe pran kredi dan laboutik, zot ti pe tini zot promes ek paye. Zame nou pa fin gagn oken problem ek zot.»

 

Sollicité, Me Shameer Hossenboccus, l’homme de loi de Pascal Chantapanya déplore qu’ «en l’espace de dix jours, il y a eu l’affaire des sœurs Oozeerally, qui ont été injustement incarcérées, et la cas de Khatiba Goburdhun, où la police a failli une nouvelle fois. Voilà où en est l’état de notre système judiciaire.» Dans sa conférence de presse, Me Rama Valayden, qui était aux côtés de ses confrères du groupe Avengers, est également revenu sur cette affaire. Selon lui, «cela démontre que l’affaire Kistnen n’aura pas servi de leçon à la police.»

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