Kinsley Lacharmante, 23 ans, agressé mortellement | Le père de la victime : «Mo kouzin ti dir li pou pik mo garson»

16 décembre 2019 10:51

Ce mardi 10 décembre, en fin de matinée, Kersley Lacharmante profite d’un moment de répit pour griller une cigarette. Cette journée n’est pas comme les autres pour cet habitant de Bois-d’Oiseaux, dans l’Est. Un peu plus tôt, à 9h30, il a dû organiser les funérailles de son fils aîné, Kinsley, 23 ans, à la chapelle de la localité. Puis il y a eu l’inhumation au cimetière de Saint-Julien. Alors il se met un peu à l’écart, pour souffler un peu. Car les deux derniers jours n’ont pas été de tout repos pour sa famille et lui.

Dans la soirée du dimanche 8 décembre, son fils a succombé à ses blessures après avoir reçu un violent coup de couteau à l’estomac. C’était à Cité NHDC, Camp-Ithier. Le rapport d’autopsie indique qu’il a succombé à un stab wound to the chest. Un sergent de police affecté au poste de police de Bel-Air explique s’être rendu sur place vers 20h40 suite à une requête. Il retrouve alors Kinsley Lacharmante gisant sur le trottoir, inconscient, et saignant au niveau du ventre et du visage. Le sergent note également qu’il a une entaille sur le côté gauche de la poitrine.

En examinant les lieux, ses collègues et lui constatent qu’il y a du sang à plusieurs endroits sur la route. Un couteau maculé de sang est aussi retrouvé peu après devant la maison du présumé meurtrier, Dylan Malbrook, le petit cousin de Kersley Lacharmante. Peu après 21 heures, la police procède à son arrestation et il passe aux aveux. Dylan Malbrook explique avoir poignardé Kinsley, alors qu’il s’échangeait des coups.

La police a toutefois logé une charge provisoire d’assassinat contre lui. Le suspect reste en détention policière, la police ayant objecté à sa remise en liberté sous caution. Une décision qui rassure quelque peu Kersley Lacharmante. Ce dernier soutient que son cousin est déjà fiché. En effet, d’après la police, il est notamment reproché à Dylan Malbrook d’avoir tabassé son père et menacé sa mère avec un couteau.

Alors Kersley Lacharmante commence à regretter le jour où Dylan Malbrook a commencé à fréquenter son fils, il y a un mois. «Dylan, se garson ser mo papa. Nou pa ti pe frekant li mem avan. Li ti pe res Baie-du-Tombeau avan vinn Camp-Ithier. Li travay sofer Bobcat me so lavi pa bon ditou», soutient Kersley. Ce dernier s’interroge : Dylan a-t-il prémédité son geste ?  «Enn kouzinn inn dir mwa ki li ti dir li pou pik mo garson. Linn pik li pou touy li manier monn trouv lekor mo garson apre.»

Le soir fatidique, Kinsley Lacharmante, qui travaillait comme ferrailleur pour un «contracteur» en bâtiment, s’était rendu à Camp-Ithier chez Dylan Malbrook pour fêter son 23e anniversaire, célébré le 6 décembre. Kersley explique qu’il se trouvait chez un ami à Eau-Coulée lorsque son épouse lui a téléphoné une première fois vers 19h30, pour lui dire que leur fils «ti pe gagn problem ek dimounn» et qu’il fallait venir le récupérer en voiture.

Cet opérateur dans le domaine de la construction conseille alors à son épouse d’appeler la police. Quinze minutes plus tard, Kersley reçoit un autre appel. «Mo fam dir mwa nou garson inn fini mor. Monn al lopital Flacq dan loto mo kamarad. Kan ariv laba, mo ti panse ki mo garson inn zis blese parski pa fasil pou zet li. Li fer labox», explique-t-il. Sur place, il apprend qu’il doit se rendre au poste de police où on lui fait comprendre qu’il doit finalement se rendre à Camp-Ithier. En arrivant à Cité NHDC, Kersley se heurte à la dure réalité.

Plusieurs unités de police sont présentes sur les lieux. «Zot inn anpes mwa get lekor mo garson. Zot ti fini rekouver li ek enn tapi. Ena enn bann lapolis ti pe tir foto. Lot bann ti pe ekrir», se remémore Kersley. Peu après, il apprend que son fils a été victime d’une agression à l’arme blanche : «Lapolis dir mwa ki sispe-la linn pik mo garson dan sime apre sa linn sove linn al kasiet. Mo garson inn tombe 5/6 m pli lwin.»

Kinsley Lacharmante était issu d’une fratrie de trois garçons. Ses funérailles ont eu lieu le mardi 10 décembre. Proches et amis ont fait le déplacement pour lui dire un dernier adieu. Notamment sa grand-mère maternelle qui est venue de Rodrigues. Sa mère Dalila, elle, est inconsolable, tout comme les autres membres de la famille qui pleurent ce jeune homme parti trop tôt.