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La chute mortelle de Lawrence Rolando traitée comme un meurtre par la police - Michael, son fils aîné : «Je soupçonne mon frère d’être impliqué»

4 août 2021

Michael espère que les circonstances de la mort de son père seront vite établies.

Une ombre plane sur la NHDC de Baie-du-Tombeau depuis une semaine. Soit depuis que José Lawrence Rolando a été retrouvé mort, dans une mare de sang, au pied de son bloc d’appartements. Domicilié au troisième étage, Lawrence Rolando, 68 ans, a vraisemblablement fait une chute mortelle de son appartement dans la nuit du dimanche 25 juillet. Depuis, les interrogations sont nombreuses. Pas seulement pour les voisins et les proches du sexagénaire mais également pour les enquêteurs qui n’ont pas encore pu établir dans quelles circonstances le drame s’est produit. S’est-il donné la mort ? A-t-il fait une chute accidentelle ? Ou alors a-t-il été poussé par quelqu’un ? Si à ce stade, la police préfère ne pas sauter aux conclusions, les voisins et le fils aîné de la victime, Michael Rolando, penchent pour la thèse du meurtre. Leurs soupçons se portent sur Jordan*, l’autre fils de la victime, qui souffre de schizophrénie. Il est interné à l’hôpital psychiatrique de Brown-Sequard depuis les faits.

 

Cela fait des années que Lawrence Rolando habite à la NHDC de Baie-du-Tombeau. Séparé depuis plus d’une dizaine d’années, il vivait avec deux de ses trois enfants – Michael, 30 ans, et Jordan, 26 ans –, alors que son autre fils vit avec son ex-femme. Bien qu'il était décrit comme quelqu’un de calme et de discret par ceux qui le côtoyaient, sa vie n’était pas pour autant de tout repos. Pour cause, son plus jeune fils souffrant de schizophrénie depuis des années, les querelles étaient incessantes et dégénéraient régulièrement à cause du comportement agressif et colérique du jeune homme. «Bien souvan, nou tann tipti-la lager avek so papa, avek so frer. Li kraz kitsoz dan lakaz. Nous nous étions tellement habitués à leurs bagarres que nous avions cessé d’y prêter attention», confie une voisine.

 

Ces faits, Michael Ronaldo ne les dément pas. Pour cause, il a souvent été témoin des accès de colère de son frère. Ce dernier, dit-il, souffre de schizophrénie depuis environ cinq ans. «Il est le plus éduqué de nous tous. Il avait décroché un poste dans une usine et était chef d’équipe dans le département de la maintenance mais lorsqu’il a perdu son emploi, les premiers symptômes se sont manifestés. Il s’est mis à entendre des voix lui parler à travers les murs.» Par la suite, ses proches l’ont emmené à l’hôpital psychiatrique de Brown-Sequard où les médecins lui ont diagnostiqué sa maladie. «À chaque fois que son état de santé se stabilisait, les médecins l’autorisaient à rentrer à la maison. Cependant, dès que personne n’avait l’oeil sur lui, il arrêtait son traitement. Par moments, nous devions même lui faire du chantage pour qu’il accepte de prendre ses médicaments.»

 

Avertissement

 

Au fil du temps, l’état de santé de Jordan s’est dégradé. D’ailleurs, au cours de ces cinq dernières années, il a été interné plus d’une dizaine de fois. Et il se disputait souvent avec ses proches, allant même jusqu’à lever la main sur eux sans aucune raison valable. «J’ai dû intervenir de nombreuses fois pour l’empêcher de s’en prendre à nous mais c’est mon père qui en faisait les frais le plus souvent. Nous avons aussi dû solliciter la police à plusieurs reprises.» La dernière dispute, confie Michael, remonte à la semaine qui a précédé le décès de Lawrence. «Jordan voulait lui emprunter de l’argent et il a refusé. Mon frère est entré dans une colère noire. Il s’est rendu dans la cuisine, s’est emparé d’un couteau et a voulu s’en prendre à lui. Je suis intervenu à temps et j’ai alerté la police.» Lorsque les policiers sont arrivés sur place, ils ont donné un avertissement au jeune homme et l’ont prévenu qu’il serait directement interné la prochaine fois qu’il s’en prendrait à quelqu’un.

 

Dans la soirée du dimanche 25 juillet, c’est sans surprise qu’une dispute a à nouveau éclaté entre le sexagénaire et son fils Jordan. Une voisine raconte : «Quelques minutes plus tard, j’ai entendu un hurlement. Je suis sorti pour voir ce qui s’était passé et j’ai vu la porte de leur appartement ouverte. J’ai aussi aperçu des traces de sang sur le sol.» Un peu plus tard, elle a appris que Lawrence était tombé du troisième étage. Depuis, les interrogations se bousculent dans sa tête. Elle ne cesse de se demander si Jordan n’est pas responsable de la mort du vieil homme. Ce qui l’inquiète davantage, dit-elle : «C’est que les traces de sang avaient déjà disparu le temps que la police arrive sur les lieux. A-t-il voulu dissimuler des preuves ?» Son époux a déjà fait part de ces éléments aux enquêteurs dans le cadre de l’enquête.

 

Pétition

 

Au moment du drame, Michael n’était pas présent. «Je m’étais rendu chez un ami à Cité Briqueterie où j’ai passé la soirée.» Ce n’est qu’en regagnant son domicile, le lendemain matin, qu’il a appris la terrible nouvelle. «Lorsque j’ai vu des policiers sur place, je les ai questionnés et ils m’ont annoncé le décès de mon père. Cela m’a dévasté.» Encore plus lorsque des voisins lui ont lancé : «To frer inn touy to papa. Si to ti la, pa ti pou ena sa.»

 

Toutefois, à ce stade de l’enquête, la police de Baie-du-Tombeau ne dispose d’aucune preuve, ni de témoins oculaires pouvant accuser directement Jordan. Ce dernier n’est donc pas suspecté par les enquêteurs pour l’heure mais la thèse de l’acte criminel n’est pas à écarter. Interné à l’hôpital psychiatrique de Brown-Sequard, Jordan n’a pas encore été en mesure, non plus, de répondre à leurs questions. Alors qu’à sa mère, il aurait déclaré ne pas être au courant de ce qui est arrivé à Lawrence.

 

À la lumière de tous ces éléments, Michael ne peut s’empêche de soupçonner son frère. «Je n’écarte pas la possibilité qu’il soit impliqué dans la mort de mon père. D’autant que j’ai relevé des traces de sang à divers endroits dans l’appartement à mon retour.» Pour lui, la thèse du suicide est définitivement à écarter. «Mon père avait bien trop de projets en cours pour commettre un acte pareil.» Une autre voisine de la famille Rolando partage cette opinion. Proche de la victime, qui lui rendait service à chaque fois qu’il en avait l’occasion, elle confie : «Une semaine avant les faits, je l’ai croisé dans les couloirs. Il m’a confié que son fils avait menacé de le tuer. Pour moi, cela ne fait aucun doute. Son fils est responsable de sa mort.»

 

Craignant pour leur sécurité, bien que rien n’accuse encore Jordan, les habitants de la localité envisagent de faire signer une pétition pour que le jeune homme ne puisse plus remettre les pieds dans les environs. Quant à Michael, il campe sur sa position : «Peu importe ce que révèlera l’enquête, j’estime que la place de mon frère est dans un hôpital psychiatrique.»

 

En attendant, il compte sur la police pour faire la lumière sur cette affaire au plus vite.

 

(*Prénom modifié)

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