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17 juin 2014 17:34
Chaque matin, c’est le même rituel. Doris Natchayan et sa petite équipe s’attellent à préparer leur deux-pièces. À 7h30 tapantes, leurs petits protégés vont arriver les uns après les autres. La salle va alors grouiller de bambins. Les bébés iront dans l’arrière-salle où une puéricultrice s’occupera d’eux dans une chambre spécialement aménagée à cet effet, pendant que les plus grands prendront tranquillement le petit déjeuner sous le regard bienveillant du reste de l’équipe. Depuis quatre ans, c’est le même rituel, tous les matins, à la crèche de l’Association Solidarité Maman, nichée au cœur de la résidence Père Laval, à Quatre-Bornes.
Si, à première vue, cette garderie ressemble à toutes les autres, ce n’est pas vraiment le cas. «En 2009, on a annoncé aux mamans de la région que la crèche municipale allait fermer ses portes par manque de financement. Ça a été un vrai bouleversement pour ces mamans qui n’avaient nulle part où faire garder leurs enfants pendant la journée», déclare Doris Natchayan, engagée dans le domaine du social depuis des années. Désemparées, ces mamans se tournent alors vers elle. Ensemble, elles mettent en place une chaîne de solidarité et, après 18 mois de discussions, lancent l’association et la crèche. Celle-ci se consacre particulièrement aux enfants issus de trois quartiers de la ville : les résidences Père Laval, Beau-Séjour et Trèfles.
Des endroits où, selon la directrice du centre, les fléaux s’accumulent. Entre drogue, alcool et pauvreté, on y retrouve une majorité de mamans à problèmes, de filles-mères, de mamans célibataires qui ont besoin de travailler, mais qui n’ont personne pour garder leurs enfants. Ainsi, cette crèche, qui s’occupe des enfants de trois mois à monter jusqu’à 17h30, offre non seulement un lieu sain et approprié à ces petits, mais vise aussi à encourager les mamans à travailler afin qu’elles puissent devenir indépendantes et subvenir aux besoins de leur famille.
La crèche est gratuite, mais pour que leurs enfants y soient admis, il y a une condition : elles doivent obligatoirement travailler. Doris Natchayan veille scrupuleusement à ce que cette règle soit respectée. Avant d’accepter un enfant à la crèche, elle rend visite à la maman pour évaluer sa situation familiale. Une fois sa candidature acceptée, la maman a une période de deux mois pour trouver un emploi, si elle n’en a pas, et fournir une attestation de son employeur : «Je suis intransigeante sur ce point. Pas de preuve, pas de garderie.»
Soutenue par 2tribes et IBL Foundation, l’Association Solidarité Maman arrive modestement à faire rouler la crèche au jour le jour, à offrir le petit déjeuner et le goûter aux enfants. Toutefois, le financement n’est pas suffisant pour entreprendre plus d’actions : «Nous n’arrivons toujours pas à donner un déjeuner aux enfants. Nous souhaitons aussi fournir des couches aux bébés, mais faute d’argent, nous avons dû sélectionner les plus vulnérables. Nous avons besoin de sponsors pour nous soutenir dans cette cause. C’est l’appel que je lance», souligne-t-elle.
Il faut dire que Doris et sa petite équipe se démènent pour faire de cette garderie un havre de paix et un centre d’épanouissement pour les enfants. Au cours de la journée, les bouts de chou ont droit à plusieurs activités. Aidés des puéricultrices, ils font des dessins, du coloriage, des collages, des jeux, regardent des dessins animés, font la sieste après avoir écouté une jolie petite histoire, entre autres.
Vers 16 heures, une partie de la garderie se transforme et prend des airs de salle de classe car l’association fait aussi dans l’accompagnement scolaire depuis 2011, grâce à l’aide d’Aquarelle et du United Basalt Group. Tous les après-midi de la semaine, une quarantaine d’enfants investissent les lieux. À leur arrivée, un goûter leur est servi. Grâce à des professeurs volontaires, ils font leurs devoirs et apprennent leurs leçons. «Il y avait trop d’enfants qui traînaient les rues après l’école. Sans repères, sans guide, ils délaissaient leurs devoirs et cela avait une mauvaise influence sur eux.» Pour éviter que le cercle vicieux se perpétue, les membres de l’association travaillent sur ce projet d’arrache-pied. L’an dernier, sept de leurs protégés ont même fait leur fierté en réussissant aux examens du CPE. «C’est extraordinaire. Quand nous avons commencé ce programme, nous ne voyions que des E et des U dans leurs bulletins de notes et aujourd’hui, le progrès est énorme», confie Doris Natchayan.
Motivée à bloc par cette réussite, l’Association Solidarité Maman espère aller encore plus loin dans son engagement auprès de ces mamans et de ces enfants. Pour y arriver, il faudrait que leur appel soit entendu. À vous de jouer…
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