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La Mauricienne Radha Murday assassinée dans son appartement à Paris - Son frère Rajen : «Elle connaissait forcément son meurtrier»

12 juillet 2021

Rajen garde des souvenirs mémorables de ses vacances à Paris, avec sa soeur.

Cela faisait une trentaine d’années qu’elle habitait en France. Après avoir travaillé comme enseignante dans une école maternelle et s’être occupée du commerce familial, Radha Murday, une Mauricienne de 58 ans originaire de Mont-Roches, a saisi l’opportunité qui s’offrait à elle de construire sa vie à l’étranger, comme l’avaient également fait ses deux soeurs. Débrouillarde et indépendante, elle a vite pris ses marques là-bas au fil des années. Elle avait décroché un poste comme animatrice dans un lycée du XXe arrondissement de Paris, non loin de son appartement.

 

Ses collègues s’étaient habituées à son assiduité. Ainsi, le lundi 5 juillet, elles se sont étonnées qu’elle ne se présente pas sur son lieu de travail et n’ait prévenu personne de cette absence. De plus, personne n’avait eu de ses nouvelles depuis le vendredi précédent. L’une d’elles s’est rendue à son domicile – dans un appartement de la rue Saint-Fargeau – dans la soirée pour savoir si tout allait bien pour elle. À sa grande surprise, la porte de l’appartement de Radha Murday était fermée et elle n’entendait aucun bruit à l’intérieur. Sans perdre de temps, elle a alerté les services de police de cette situation suspecte et ces derniers se sont présentés sur place.

 

Comme la porte avait été visiblement claquée par quelqu’un qui était sorti et en l’absence de clé, comme indiqué par la presse française, les services des sapeurs-pompiers ont été sollicités. C’est en passant par une fenêtre que ces derniers ont pu s’introduire à l’intérieur pour y découvrir, dans la cuisine, le corps sans vie de la quinquagénaire, à côté d’un couteau maculé de sang. Toujours d’après les médias français, une source proche de l’enquête a révélé que les lieux auraient vraisemblablement été fouillés. La thèse de l’acte criminel a ainsi été établie. S’agit-il d’un cambriolage ayant mal tourné ? C’est, du moins, ce que soupçonnent les enquêteurs et les proches de la victime.

 

Rajen Murday, domicilié à Mont-Roches, a encore du mal à se faire à l’idée que sa soeur a trouvé la mort dans des circonstances aussi dramatiques. Depuis, il mange à peine et ne dort plus. La mauvaise nouvelle, il l’a apprise mardi, lorsque l’une des connaissances de la quinquagénaire l’a contacté à travers les réseaux sociaux. «Depuis vendredi, j’ai tenté d’avoir ma soeur au téléphone, en vain. Lundi, une femme m’a envoyé une demande d’ami sur les réseaux sociaux. J’ai accepté en voyant que c’était une amie de ma soeur. Le lendemain, elle m’a envoyé un message pour me dire qu’elle m’appellerait car ma soeur avait eu un problème. J’ai aussitôt commencé à me poser des questions, me demandant si elle avait été victime d’un accident. Au départ, elle m’a fait croire que ce n’était rien de grave. Lorsque je l’ai eue au téléphone, elle m’a appris que ma soeur avait été tuée dans son appartement. C’est la dernière chose à laquelle j’avais pensé. Elle ne méritait pas une telle fin.»

 

Pressentiment

 

Depuis le vendredi qui a précédé sa mort, dit-il, il avait senti que quelque chose n’allait pas : «J’avais eu le pressentiment que quelque chose s’était produit. Ma soeur nous appelle tous les jours. À chaque fois que je publie des photos sur les réseaux sociaux, elle m’envoie un message pour me demander si je me suis bien amusé. Je ne comprenais pas pourquoi elle ne l’avait pas fait cette fois. Quand je repense à tout cela, je me dis qu’elle a sûrement été assassinée vendredi.» Pour lui, cela ne fait aucune doute : «Elle connaissait forcément son meurtrier. N’importe qui n’aurait pas eu accès à son appartement. Je connais les lieux. Non seulement son immeuble est surveillé par un gardien mais la porte donnant accès à son domicile est également équipée de trois serrures. Vu qu’aucune trace d’effraction n’a été décelée, elle a obligatoirement dû donner à cet individu accès à sa maison.»

 

Radha Murday avait contracté un mariage religieux avec un dénommé Devarajen Ellapen il y a trois ans. Même si elle n’avait jamais souhaité avoir des enfants, elle considérait ses neveux et nièces comme les siens. Son compagnon et elle vivaient tous les deux à Paris mais avaient chacun leur appartement. «Cela leur arrivait souvent de passer la nuit l’un chez l’autre», explique Rajen Murday. Il s’étonne toutefois de quelque chose : «Son époux ne s’est pas non plus inquiété lorsqu’il n’a plus eu de ses nouvelles. Il m’a expliqué que la dernière fois qu’il lui a parlé remonte à vendredi soir et qu’il pensait qu’elle était tombée malade les jours suivants. C’est la raison pour laquelle il n’avait pas informé la police.»

 

L’une des soeurs de Radha Murday, qui vit en Italie, s’est rendue en France pour les démarches aussitôt après avoir appris l’atroce nouvelle. «Elle nous a dit que la police lui avait confié qu’elle était sur une piste et qu’elle avait vu le coupable sur les images des caméras de surveillance», confie Rajen Murday. Durant les jours à venir, il devrait y avoir une arrestation. «Mo kit tou dan lame la polis. Lorsque l’enquête sera bouclée, nous y verrons plus clair. Pour le moment, nous préférons ne pas accuser qui que ce soit, même si nous avons des doutes sur certaines personnes. D’ici dimanche, nous saurons quand le corps pourra être rapatrié et d’ici quelques jours, ma soeur pourra avoir accès à l’appartement et nous dira si des effets personnels de Radha ont disparu.»

 

Rajen Murday ne tarit pas d’éloges sur sa soeur adorée. «Elle était une femme sympathique, avait bon coeur et était toujours prête à aider son prochain. Elle était très populaire et avait beaucoup d’amis en France, à Maurice, ainsi qu’en Angleterre et à La Réunion. Tous sont sous le choc. Personne ne s’attendait à ce qu’elle trouve la mort dans des circonstances pareilles. Celui qui lui a fait cela mérite le même sort. Il n’avait pas le droit de lui ôter la vie.» Il garde de la quinquagénaire le souvenir d’une femme qui «était en pleine forme et aimait prendre soin d’elle. Elle nous envoyait des vêtements et des cadeaux à chaque fois que nous le lui demandions. D’ailleurs, avec le mariage de mon fils, prévu pour bientôt, elle lui avait envoyé une paire de chaussures et devait lui offrir son costume».

 

Des bons souvenirs d’elle, il en a tellement. Les plus mémorables, dit-il, sont ses dernières vacances avec elle en France, il y a environ cinq ans. «Elle m’a fait vivre des moments extraordinaires et fait visiter des endroits où je n’aurais jamais pensé mettre les pieds. Je n’ai pas eu à débourser le moindre sou. À chaque fois que je revois les photos de tous ces bons moments, j’ai les larmes aux yeux.» Même si cela faisait des années qu’elle avait quitté l’île, elle n’avait jamais oublié les siens. Il était prévu qu’elle vienne passer des vacances à Maurice ce mois-ci car elle rend visite à sa famille tous les ans durant les vacances scolaires mais avec la situation sanitaire, cela n’a pas été possible. Toutefois, elle se préparait à aller passer des vacances à Montpellier. «Elle était aussi passionnée par le jardinage et m’avait même demandé de délimiter un espace dans la cour familiale pour qu’elle puisse s’en occuper lorsqu’elle serait en vacances à Maurice. Elle avait aussi fait construire sa maison à l’étage pour y loger durant ses vacances dans l’île.»

 

Radha faisait toujours très attention à sa sécurité, souligne son frère, encore plus depuis qu’elle avait failli être dépouillée par un inconnu en revenant d’une promenade il y a environ trois ans. Cependant, Rajen Murday ne pense pas que ces deux affaires puissent être liées. «Sa dimounn kinn fer sa la kapav inn vini pou kokin me li ti bizin pa touy li. Zot inn fer dominer ar li.» Il compte sur les autorités pour faire la lumière sur cette affaire au plus vite afin que sa famille et lui puissent commencer leur travail de deuil.

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