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16 novembre 2021 13:36
Perdre un enfant, c’est le pire qui puisse arriver à des parents. C’est une douleur infinie que rien ne semble pouvoir apaiser. Cette terrible réalité, Yashine Burkuth, 34 ans, et son épouse Khaviijah, 26 ans, la vivent, hélas, depuis quelques jours. Ces habitants de Pamplemousses sont inconsolables depuis le décès de leur fille Myrah, 18 mois, dans des circonstances troublantes. La petite souffrait d'une maladie rare, soit le syndrome de Cornelia de Lange, depuis sa naissance, le 20 avril 2020. Plusieurs malformations et complications y étaient associées, dont une malformation cardiaque. Toutefois, selon son certificat de décès, ce ne sont pas ses problèmes de santé qui l’ont tuée mais une «Covid-19 pneumonia». Depuis, les parents de la fillette, en plus de leur douleur, nagent en pleine confusion.
«Lopital bizin explike kouma mo tifi inn mor pozitif alor ki tou so test ti negatif !» lance cet employé du port, avec la voix du désespoir. Lors de la conférence de presse hebdomadaire du National Communication Committee sur la Covid-19, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, a affirmé que la fillette était effectivement positive à la Covid-19. Ce qui irrite encore plus Yashine et son épouse. «Mo tifi inn mor le 11 novam, 00h45. Li ti admet lopital depi 11-er sa zour-la. Inn fer kat test ek li ek mo madam. Tou le kat test ti negatif. Kan li mor ki linn pozitif ? Zot dir linn mor ek Covid pneumonia. Kot sa sorti ?» se demande Yashine.
Quoi qu’il en soit, la perte de Myrah est une tragédie pour Yashine et Khaviijah, qui espéraient tellement, au contraire, que son état de santé s’améliore. «Nous sommes tous profondément bouleversés par la disparition de notre petite Myrah adorée. Je ne peux pas décrire la douleur que nous sommes en train de supporter en ce moment», confie Yashine. Et dire que son épouse et lui remuaient ciel et terre pour rendre la guérison de leur bébé possible et avaient même prévu de l’envoyer en Inde pour se faire soigner. «Si minister la Sante ti dakor pou avoy li l’Inde pou opere, pa ti pou ariv tousala. Ti ena enn trou dan leker nou tifi ki ti pe kontinye grosi», lâche Yashine, le cœur rempli d’amertume.
Les Burkuth, aussi parents d’un garçon de 4 ans, avaient lancé un appel de détresse au ministère de la Santé pour faciliter leur déplacement en Inde après qu’un pédiatre du privé avait diagnostiqué la maladie de leur fille qui devait subir une délicate intervention chirurgicale. Mais les médecins du public n’étaient pas de cet avis. Les parents de la petite Myrah avaient alors lancé un appel sur les réseaux sociaux pour demander aux gens de les aider financièrement dans cette démarche.
C’est le mercredi 10 novembre que la vie de cette petite famille a basculé dans le cauchemar. La petite n’allait pas très bien et a été emmenée dans une clinique où les médecins ont constaté que ses problèmes de coeur s’étaient accentués. Un test PCR fait là-bas s’est révélé négatif. Un médecin leur a alors conseillé de se rendre à l’hôpital pour des soins appropriés. Le couple s’est d’abord rendu au Cardiac Centre, à Pamplemouses, avant d’atterrir à l’hôpital Jeetoo où Myrah a été admise avec sa mère. Car les médecins du public avaient, eux, détecté un grave problème pulmonaire qui a fini par emporter la petite en très peu de temps. Elle est morte très tôt jeudi matin.
Yashine est tourmenté par des questions qui ne trouvent pas de réponse : «Kouma mo tifi inn gagn sa Covid pneumonia-la ? Ni mo madam ni mwa pa pozitif ! Ou trouv sa normal ou ? Seki pli grav, minister pa mem telefonn nou pou dir nou izol nou.» Les parents de Myrah ne comptent pas baisser les bras face à ce qu’ils qualifient de «grosse négligence médicale». Ils veulent obtenir des réponses et la justice pour leur petite ange et eux-mêmes. Ils ont déjà retenu les services de l’avocat Anoup Goodary pour décider ensemble de la marche à suivre.
La situation commence à devenir inquiétante. Shakeel Anarath, d’Al Ihsaan Funeral Services, ne veut pas être alarmiste mais les chiffres, dit-il, parlent d’eux-mêmes. «Nous avons organisé plus de 100 funérailles pour des victimes de la Covid-19 depuis le 12 septembre. À mardi dernier, nous étions à 89 victimes. Nous sommes passés à 96 le lendemain. Nous avons franchi la barre des 100 le vendredi 12 novembre. J’ai mes records pour confirmer que toutes ces personnes sont bien décédées de la Covid-19. Les autres décès sont également en hausse. Si la tendance continue, il n'y aura bientôt plus de place dans les cimetières», explique le directeur de cette société spécialisée dans les rites funéraires islamiques.
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