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La route de Macondé fermée

12 mai 2014

Les gens de la région vivent très mal la situation actuelle.

Sa vie est devenue un vrai cauchemar depuis quelques jours. Joanella Labonne, une jeune habitante du Morne, doit maintenant faire des kilomètres et des kilomètres en plus chaque matin et chaque après-midi pour aller et revenir de son école, le Keats College, qui se trouve à Chemin-Grenier. Pas une mince affaire pour cette jeune fille de 16 ans et souffrant d’asthme, qui doit passer par Chamarel depuis quelques jours pour aller au collège. Mais elle n’a pas d’autre choix depuis qu’un gros rocher s’est détaché de la falaise à Macondé pour s’écraser sur la route, le samedi 26 avril. Devant cette situation dangereuse qui peut se répéter et pour ne pas mettre en péril la vie de ceux qui fréquentent cette route qui relie l’Ouest au Sud, les autorités ont pris la décision de la fermer en attendant que des mesures correctives soient prises.

«C’est très pénible pour moi de faire ce trajet. Je suis très fatiguée. Quand j’arrive à l’école, je ne peux plus suivre la classe. J’ai dû me reposer pendant environ une heure en classe cette semaine pour pouvoir récupérer. Je me demande si je pourrai tenir le coup longtemps encore», confie Joanella Labonne, bouleversée. Si sa situation est particulièrement difficile, celle de ses camarades de collège qui habitent la région est également compliquée en ce moment. Comme en témoigne Sharel, étudiante au Keats College également et habitante de Rivière-Noire, qui parle des difficultés rencontrées par ses amies et elle pour arriver à l’école à l’heure. «Les autobus sont bondés et comme le parcours a été modifié à cause du danger, le trajet est plus long. Le gouvernement doit trouver au plus vite une solution»,  martèle la jeune fille.

Siven Mootoosamy, habitant le Morne et employé comme cuisinier au Indian Resort, et S. P., un chauffeur de taxi qui passe quotidiennement par Chamarel pour aller travailler, déplorent également cet état de choses car ils estiment que la route de Chamarel est dangereuse. Ils en veulent pour preuve l’accident d’un autobus transportant des pique-niqueurs qui avait eu un problème de freins et avait fini sa course contre un parapet sans toutefois faire de blessés graves. «Nou pa swete mai enn zour pou ena enn grav aksidan laba ek li pou kapav pli grav ki Sorèze», déclare Siven Mootoosamy. Selon lui, les habitants souhaitent une voie plus sûre que celle de Chamarel ou le rétablissement, dans un autre trajet, de la route de Macondé car le service de desserte par navette mis en place par les autorités est très irrégulier.

Un vœu partagé par Rico l’Intelligent, conseiller du village de Chamarel, qui estime, lui aussi, que la solution prévue par les autorités pour faire passer les habitants de Baie-du-Cap et du Morne par Chamarel comporte de gros risques. «Les virages sont dangereux, les routes en mauvais état. J’ai déjà fait remarquer que la couche d’asphalte qui recouvre les routes menant vers Chamarel cède en plusieurs endroits. Peine perdue. Les autorités font la sourde oreille», s’insurge le conseiller.

La députée du MMM, Josique Radegonde, est elle aussi dans tous ses états en raison de cette affaire. «Enough is Enough. Aret pran sa pep la pou tro admirab, nek pass letan pass diber. En attendant, Chamarel ek Baie-du-Cap pe vinn ene labatwar. Finn ariv ler pou pran desizion. Aret zoue ek lavenir bann abitan !»

Navettes

La visite du ministre des Infrastructures publiques et des experts japonais pour un constat à Macondé mardi, ne semble rassurer nullement la députée de cette circonscription. Selon les experts japonais qui étaient sur place, non seulement des rochers se trouvant en haut peuvent tomber à tout moment mais des fissures qui sont apparues peuvent provoquer des chutes de pierres. Rien de rassurant, en effet.

Donc, Josique Radegonde ne peut qu’approuver la «sage» décision prise par le ministre pour faire bloquer complètement la route menant vers Baie-du-Cap à partir de Macondé, de même que le fait de mettre des navettes à la disposition des habitants pour passer par Chamarel «Avec l’élargissement des fissures sur la falaise, les autorités n’ont pas d’autre choix car il y va de la vie des gens», concède-t-elle.

Mais elle met aussi en avant le danger qui guette en permanence les habitants qui doivent emprunter la route de Chamarel en attendant une solution durable. «Qui prendra la responsabilité si jamais un malheur arrive sur cette route de Chamarel sur laquelle les habitants ont à maintes reprises attiré l’attention des autorités ? À mon avis, on ne fait que transposer le problème sans vraiment trouver de vraies solutions», insiste Josique Radegonde.

Pour elle, avec le nombre de véhicules, d’autobus bondés qui y traversent toute la journée, sans compter les poids lourds qui transportent des marchandises, les habitants sont doublement exposés. «J’ai l’impression qu’on a déjà oublié le drame de Sorèze.» La députée estime que les autorités auraient dû entreprendre depuis longtemps une étude géologique dans cette zone pour limiter les dégâts. «Bann abitan la rezion pa ti pou prizonier sa sitiasion la zordi. D’où mon insistance pour que le gouvernement trouve une solution au plus vite.»

En attendant, elle suggère aux autorités d’utiliser la voie marine pour relier Macondé à Baie-du-Cap. Peut-être une solution temporaire à envisager…

 



Anil Bachoo rassure


Après consultation avec les ingénieurs de son ministère et d’autres experts, Anil Bachoo, le ministre des Infrastructures publiques, a décidé d’élargir la route de Macondé pour une zone de securité entre la route et la montagne. «Nous allons mettre les bouchées doubles pour compléter les travaux dans les plus brefs délais», promet-il. Quant aux craintes exprimées par les gens de la région concernant des fissures sur la route de Chamarel, le ministre rassure : «Les habitants de la région n’ont rien à craindre. Nous avons déjà pris toutes les dispositions pour réparer les fissures sur les routes.»

 



Un gros travail


Le géologue Prem Saddul pense qu’il faut faire du «hard engineering works», c’est-à-dire enlever tous les gros blocs qui dépassent pour placer des filets métalliques afin de contenir les pierres. «C’est un travail qui prendra du temps», dit-il.

 


 

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