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19 septembre 2016 12:53
Entre eux, il n’y avait aucun lien de sang. Mais l’amitié les unissait depuis de longues années, faisant d’eux des frères de cœur. Inséparables dans la vie, Soundiren Vaitilingon et Avinash Ramdeehul, tous deux âgés de 27 ans, le sont aussi aujourd’hui dans la mort. Ces deux habitants de Bel-Air/Rivière-Sèche ont péri dans un violent accident àBramsthan, le vendredi 16 septembre, aux alentours de 22h20. Ils circulaient à moto lorsqu’ils ont été heurtés par un camion qui a terminé sa course contre un mur.
Selon nos informations, l’accident se serait produit alors que le chauffeur tentait de négocier un virage. Les deux jeunes hommes se sont retrouvés coincés sous les débris du mur enbéton et les roues du camion. Ils ont, par la suite, été transportés à l’hôpital où leur décès a été constaté. Le chauffeur du camion, un habitant de Bramsthan âgé de 45 ans, était avec sa fille au moment des faits. Ils ont également été conduits à l’hôpital où ils ont reçu des soins. Le chauffeur, dont l’alcotest s’est révélé négatif,a été présenté devant la Bail and Remand Courtle samedi 17 septembre, sous une accusation provisoire d’homicide involontaire. L’enquête se poursuit.
ÀBel-Air/Rivière-Sèche, c’est la consternation. Soundiren Vaitilingon et Avinash Ramdeehul, qui sont aussi voisins, étaient des visages connus de cette localité. Ceux qui les côtoyaient s’accordent à dire qu’ils étaient inséparables et avaient tous deux le cœur sur la main. Le vendredi 16 septembre, ils étaient sortis pour aller manger un morceau dans un restaurant du coin et c’est sur le chemin du retour qu’ils ont été brutalement arrachés à la vie.
Au domicile de Soundiren Vaitilingon, au lendemain de la tragédie, le samedi 17 septembre, l’atmosphère est lourde et pesante. Dehors, des hommes rassemblés sous une tente évoquent leurs plus beaux souvenirs du jeune homme, l’unique enfant de ses parents. À l’intérieur, dans le salon, est installé un canapé habillé d’un drap blanc au pied duquel proches et amis viennent, tour à tour,déposer des bouquets. Non loin de là, assise sur une chaise, écrasée de douleur, Leela Devi, 50 ans, pleure toutes les larmes de son corps. «Je n’ai qu’un seul enfant et la vie me l’a pris», ne cesse-t-elle de répéter, les larmes coulant à flots sur son visage.
Menuisier de profession, son fils était le pilier de la maison, confie celle qui vit séparé du père de son enfant depuis plusieurs années. «Que vais-je devenir maintenant ? Je n’ai plus personne sur qui m’appuyer.»Encore célibataire, Soundiren était, selon sa mère, un bon vivant. «Il croquait la vie à pleines dents et n’avait pas vraiment de projet d’avenir. Il vivait tout simplement et était heureux de me voir en bonne santé. C’est ce qui comptait le plus pour lui. Il a arrêté l’école très tôt, soit lorsqu’il était en STD IV. Depuis, il subvenait comme il le pouvait aux besoins de notre petite famille.»
Dans une ruelle, à quelques pas de la maison des Vaitilingon, les proches d’Avinash Ramdeehul sont eux aussi anéantis. Dans la cour, ceux présents sontréunis autour du cercueil ornéde fleurs dans lequel la victime sera conduite jusqu’à sa dernière demeure. Le cœur lourd, ils peaufinent les derniers détails et laissent, de temps à autre, s’échapper une larme. Non loin de là, Nirmal Ramdeehul, habillé d’un kurtablanc, ne peut contenir ses émotions. Au téléphone, il transmet la terrible nouvelle à des proches et amis qui n’avaient toujours pas été informés de la tragique disparition de son petit frère, son bras droit. Cadet d’une famille de trois enfants, Avinash travaillait comme pâtissier au Café Lux, situé auLux* Resorts, à Belle-Mare.
Son destin était tout tracé et le jeune homme nageait dans le bonheur. Il y a quelques mois, il s’était marié civilement et devait s’unir religieusement à la femme de sa vie le 27 novembre. Les invitations étaient déjà distribuées et le service traiteur payé. Hélas, ce terrible drame vient mettre fin à un beau rêve. «Nous sommes orphelins de père depuis quelques années. Ma mère, ma sœur, mon frère et moi sommes plus que jamais soudés depuis. Ledépartd’Avinash nous plonge dans une immense tristesse», confie Nirmal. La femme d’Avinash, une habitante de Rose-Belle, sous le choc, n’arrive pas à parler de sa douleur tellement elle est intense.
Nirmal et ses proches n’arrivent pas à imaginer leur vie maintenant sans celui qu’ils aimaient tant et qui leur laisse de nombreux souvenirs. Des souvenirs qu’ils garderont toujours au fond de leurcœur. «Mon frère adorait son métier. Il n’était pas un élève brillant à l’école, mais il avait réussi dans la vie. Il a étudié jusqu’en Form Vau New Educational College et a ensuite intégré le monde du travail. Il était un fonceur dans l’âme. Et surtout, très généreux.»
Unis dans la douleur, c’est ensemble que les Vaitilingon et les Ramdeehul vont tenter de surmonter ce terrible drame qui les touche. Car les épreuves resserrent aussi les liens du cœur.
Laura Samoisy
La modeste demeure des Sookoo à l’avenue Rose, Tamarin, s’est transformée en un lieu de pèlerinage depuis le mercredi 14 septembre. Ceux présents au domicile de cette famille ont tous des mots réconfortants pour Avi, 21 ans, et sa sœur Sapna, 26 ans. Frère et sœur sont devenus orphelins suite à un accident de la route qui a coûté la vie à leurs parents, aux petites heures du matin, le 13 septembre.
Premchand, plus connu comme Swami, ébéniste, et son épouse Savina, plus connue comme Fifi, marchande de légumes, sont décédés sur le coup quand leur camionnette est entrée en collision avec un tracteur appartenant à la compagnie Medine, à Cascavelle, non loin du Casela Leisure Park. Ils se rendaient à Port-Louis vers 1 heure du matin pour acheter des légumes à l’encan. Le choc a été tel que leur véhicule a été transformé en un amas de ferrailles.
Depuis le drame, Avi et Sapna ne cessent de pleurer leurs parents bien-aimés. «Comment allons-nous vivre sans eux ? Nous n’arrivons même pas à croire qu’ils sont partis tous les deux dans des circonstances si tragiques. C’est un immense choc», pleure Sapna, mariée et mère d’un fils de 5 ans, qui vit dans la même maison que ses parents avec sa petite famille. Dévasté, Avi doit aussi penser à l’avenir. Menuisier dans l’atelier de son père, il doit réfléchir à comment continuer le business. Sa sœur se demande, elle, si elle doit reprendre le flambeau de sa mère.
Les enfants du couple s’interrogent aussi sur les circonstances du drame car ils sont en présence de certaines informations troublantes. «La route n’est pas bien éclairée. De plus, l’accident s’est produit dans un black spot. Un témoin qui est passé par là un peu plus tôt nous a dit que le tracteur en question, qui transportait des cannes, était, semble-t-il, tombé en panne au milieu de la route. Pour l’heure, nous ignorons les circonstances de l’accident. Nous voulons en avoir le cœur net», souligne Sapna.
Le soir fatidique, Premchand et Savina avaient dîné en famille vers 20 heures avant de se mettre au lit car ils devaient prendre la route quelques heures plus tard. «Ils sont sortis vers 00h15. Le mardi, c’est ma mère qui accompagne mon père pour aller acheter des légumes. Moi, je vais avec lui le vendredi. Je ne pense pas que mon père roulait vite car quelques mètres après le lieu de l’accident, il y a une caméra. Il faut rouler à 80 km/h, comme l’indique un panneau de signalisation», précise Avi.
C’est un voisin qui a appris la mauvaise nouvelle à Sapna peu après 3 heures. «C’est un chauffeur. Il m’a téléphoné pour me demander de me rendre au plus vite à l’hôpital avec les cartes d’identité de mes parents. Sur place, j’ai eu la lourde tâche de les identifier. Mes parents étaient déjà décédés. Leurs dépouilles étaient disposées dans des sacs en plastique. Cette image me hante», confie Sapna, la voix brisée.
Les funérailles de Premchand et Savina ont eu lieu le mercredi 14 septembre. Mari et femme ont été inhumés au cimetière de Rivière-Noire. Le couple comptait 28 ans de vie commune. Il envisageait de se rendre en vacances à Singapour en novembre après des voyages à La Réunion en 2009, en Inde en 2012 et à Rodrigues en juillet. Le destin en a cependant décidé autrement.
Il roulait à 10km/h avec sa grosse cargaison de cannes et accompagné de son aide-chauffeur. C’est ce qu’a affirmé le chauffeur du tracteur à la police après l’accident qui a coûté la vie au couple Sookoo. L’employé de Medine Ltd, âgé de 40 ans, a été arrêté sous une accusation d’homicide involontaire et a retrouvé la liberté après avoir fourni une caution. Le soir du drame, cet habitant de Pamplemousses se dirigeait vers la propriété sucrière de Medine lorsque la camionnette de Premchand Sookoo a heurté de plein fouet l’arrière de son camion qui était, toutefois, dépourvu de réflecteurs. L’enquête policière se poursuit. Ce drame ne laisse pas insensible la police qui compte prochainement démarrer une campagne de sensibilisation en ce sens, avec les chauffeurs et ceux qui travaillent avec eux.
Jean Marie Gangaram
Il n’avait que 20 ans. Et devait participer aux examens du Higher School Certificatedans quelques jours. Il s’était récemment mis à la gym après avoir postulé pour entrer dans la force policière. Entre-temps, il collectionnait des petits boulots pour aider sa famille financièrement et économisait son argent pour continuer la rénovation de la maison familiale. Rajiv Gopaul, habitant de Mapou, avait des projets à n’en plus finir.
Mais le feuilleton de sa vie a subitement et tragiquement pris fin le vendredi 16 septembre. Le jeune homme a succombé à ses blessures à l’unité des soins intensifs de l’hôpital Jeetoo. Il avait été admis dans ce centre hospitalier la veille, après avoir fait une sortie de route sur sa moto. Rajiv Gopaul avait été retrouvé inconscient sur la route à Villebague où il avait heurté un arbre.
Il a d’abord été transporté à l’hôpital SSRN avant d’être transféré à Jeetoo en raison d’un problème de place. Le rapport d’autopsie indique qu’il a succombé à de multiples blessures. Ses funérailles ont eu lieu hier matin. Tous ceux présents au domicile de sa grand-mère à Bois-Mangues, Plaine-des-Papayes, peinent à croire qu’il n’est plus de ce monde. Ils étaient nombreux – ses camarades du collège Eastern, à Flacq, la rectrice de l’établissement, sa famille et ses amis – à lui rendre un dernier hommage.
Ses parents sont inconsolables et peinent à parler de leur souffrance. «Rajiv était enfant unique», souligne son cousin Arvind Bhojun. La victime, dit-il, était quelqu’un de très apprécié : «Mon cousin était très populaire. Il était également toujours disponible pour venir en aide à ceux qui sollicitaient ses services. Il était très apprécié par son entourage car il était toujours respectueux. Il va beaucoup nous manquer. Son père et sa mère sont complètement abasourdis. Son père est malade et avait été admis à l’hôpital deux jours avant l’accident. C’est très difficile pour eux de se relever après ce terrible drame.»
Encore des parents qui doivent vivre avec l’immense douleur d’avoir perdu un enfant, qui plus est dans des circonstances tragiques.
Jean Marie Gangaram
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