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La tendance nappy : Touche pas à ma touffe !

31 mars 2016

La tendance nappy : Touche pas à ma touffe !

Oubliez le brushing droit. Le fer à lisser aussi. Et les produits défrisants et lissants ?À la poubelle ! Ne priez plus, à la fin de votre shampooing, pour – qu’enfin ! – vos cheveux deviennent comme des bâtons bred, comme par magie. Il est temps de… vivre le naturel. La tendance nappy, vous connaissez ? Il s’agit d’une contraction entre les mots naturalet happy. Et cela veut dire quelque chose de tout simple (et en même temps super compliquée) : renoncer aux artifices, aux traitements agressifs et chimiques, assumer et afficher ses cheveux et sa beauté naturels. C’est la touffe time, en quelque sorte. Et le mouvement du hairs’est offert une plateforme à Maurice : le Collectif Fudge’hair. Avec un événement en plus : une demi-journée autour de la beauté naturelle le 16 avril (voir hors-texte) ! Préparez vos tifs…

 

Pour la révolution ? Pas tout à fait. Quoique le fait d’accepter ses cheveux bouclés, frisés ou crépus, c’est un peu faire un pied de nez aux diktats de la mode. Assumer ses cheveux, c’est aussi, souvent, assumer la couleur de sa peau et ses origines. Les stéréotypes du mazanbiks’invitent toujours, d’ailleurs, dans la conscience collective locale. Mais ces idées reçues n’existent pas qu’à Maurice. Les origines du mouvement nappyremontent aux Black Panthers : l’afro était alors un signe de revendication politique.

 

Liberté

 

Aujourd’hui, le signe de la touffe est moins marqué ethniquement (mais toujours un peu quand même) et est plus tourné vers un féminisme capillaire (les stars afro-américaines en jouent). Assumer ses cheveux au naturel, ce serait comme décider de ne pas porter de maquillage (ou d’en porter, justement) : il s’agit simplement d’une question de liberté, d’affranchissement.

 

Le Collectif Fudge’hair regroupe des femmes qui ont décidé de briser leurs mèches droites et d’assumer leurs curls. Elles sont trois – Anouchka Massoudy (chef de projet), Annaelle Firmin et Joana Veerapen (coordinatrices) – à s’être lancées dans cette aventure de partage : «Je souhaite partager mon cheminement avec les Mauriciens et Mauriciennes qui sont complexé(e)s par ce que la vie leur a donné. Qu’importe qu’on ait des cheveux normaux ou métissés, l’important, à mes yeux, est de s’accepter et de respecter les autres dans leurs différences», confie Anouchka. Ses copines et elle ont toutes des histoires conflictuelles avec leurs cheveux, des anecdotes d’heures passées chez le coiffeur, des visites hebdomadaires et des soins à n’en plus finir pour avoir des cheveux lisses. «Parce que la société nous fait croire que c’est ça qui est beau», confie Annaelle.

 

Entrez dans la danse

 

Travestir ses cheveux afin d’entrer dans un moule pour plaire… et pour tenter de se plaire. S’imposer un rythme à s’hérisser les cheveux pour être «présentable».«Avant, il fallait que j’attende le samedi pour me laver les cheveux parce qu’il fallait aller chez le coiffeur. Du coup, je ne pouvais pas aller à la gym ou à la piscine. J’étais esclave de tout ça», explique Joana. Depuis qu’elle s’est convertie à la tendance nappy, elle respire. Ses cheveux aussi ! Est-ce qu’il vous prend des envies de vous «nappiser» ? Il faudrait savoir si vous pouvez entrer dans la danse de la touffe. «Bouclés, afros, frisés : il y a plusieurs types ! Le tout, c’est de devoir utiliser des produits pour avoir les cheveux lisses»,explique Annaelle.

 

Si le test cheveux est passé, le rendez-vous du 16 avril est un must. Pour des conseils, il y a aussi la page Facebookde ce girls band(il suffit de rechercher Collectif Fudge’hair). Parce que, quand on veut être une nappy girl, il faut avoir des connaissances de base : sur le type de cheveux, les soins adaptés, les gestes à avoir, etc. Dans leur parcours de recherche personnelle, ces filles ont trouvé toutes les informations importantes qu’elles seront ravies de partager avec vous.

 

«Il y a unechartepour savoir quel type de cheveux vous avez. Et à partir de là, vous pouvez tout apprendre sur les soins, l’entretien et les choses à éviter»,explique Joana. Des cheveux très bouclés ? Des cheveux poreux ? Ou plutôt wavy ? Ce n’est pas auprès des coiffeurs locaux que vous obtiendrez des réponses, estime la jeune femme : «Ils n’ont pas cette formation. C’est pour cela que nous avons créé cette plateforme. Et nous sommes là pour ceux qui veulent se lancer et qui n’osent pas le faire.»

 

Eh oui ! Ce n’est pas toujours facile de renoncer à son brushing droit. Mais cela vaut la peine, selon Joana, Annaelle et Anouchka.

 


 

Curls and Converse : un «happy» rendez-vous !

 

Un moment pour parler de cheveux et de beauté. On adore. Et l’événement Curls and Converseaura lieu le samedi 16 avril à l’Apocalypse Grill N Bar, qui se trouve à Curepipe, de 16 heures à 19 heures. Au programme de ces quelques heures qui ont tout pour être sympathiques : partage nappy, conseils et démonstrations de coiffure, jeux cadeaux et selfies, entre autres. Attention, si l’entrée est gratuite, les places sont quand même limitées. Pour en savoir plus, faites un tour sur la page de l’event. Cliquez sur le lien suivant : bit.ly/1Pr2xZT.

 


 

Annaelle Firmin : «C’est une belle revendication»

 

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«J’ai toujours aimé les cheveux bouclés. Du coup, cela fait cinq ans que je suis au naturel. Ça colle plus à mon identité, à mon caractère. Je suis une fille des îles et je n’ai plus envie de me mettre dans la peau d’une autre. J’ai utilisé du défrisant pendant des années, mais ce n’était pas moi. Je croyais que je n’avais pas le choix. D’ailleurs, c’est bien l’image que renvoie la société : il faut avoir des cheveux lisses pour être jolie. C’est aberrant ! Puis, j’ai vu un documentaire qui parlait de cette tendance, j’ai fait des recherches, trouvé des blogueuseset des chaînes YouTubeparlant des soins de cheveux au naturel. Alors, je me suis lancée ! C’est une belle revendication et une acception de ce qu’on est. Et c’est une vraie libération sur le plan idéologique et pratique.»

 

Anouchka Massoudy : «Je suis une femme comblée»

 

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«Le nappy a été pour moi une révélation. Au départ, j’étais une accro des salons de coiffure. Je ne manquais jamais une séance. Il me fallait toujours lisser mes cheveux puisque je n’avais aucune autre alternative. Je dépensais énormément d’argent pour mon brushing hebdomadaire. Et je ne cessais d’acheter des produits chimiques pour essayer de dompter ma tignasse. Ce n’est qu’en 2013 que j’ai découvert cette tendance. J’ai été extrêmement surprise de découvrir autant d’adeptes de par le monde. Depuis, j’ai fait ma transition et je me suis instruite. Désormais, je suis une femme comblée d’avoir permis à cette part de moi de grandir.»

 

Joana Veerapen : «Je suis plus libre»

 

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«J’ai décidé d’accepter mes cheveux au naturel, il y a deux ans. Ce n’était pas si évident que ça. Quand j’allais dans les salons de coiffure, les coiffeurs ne pouvaient faire que ce qu’ils savaient faire : lisser les cheveux. Ce qui est encore le cas aujourd’hui. Mais tous ces produits chimiques pour les lissages, c’est nocif pour la santé. J’avais des extensions, puis un jour, j’ai vu mes cheveux bouclés et j’ai aimé ça. Je ne les avais jamais vus ! Ma maman les lissait depuis que j’étais toute petite. Elle suivait un stéréotype que l’on retrouve dans les films et dans les médias : les cheveux lisses sont plus beaux ! Mais depuis que mes cheveux sont naturels, je me sens plus libre, mieux dans ma peau, en phase avec moi-même.»

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