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17 janvier 2024 20:29
Il est des parcours qui démontrent que la personnalité, le caractère ou encore la détermination joue un rôle capital dans la concrétisation des rêves et des projets. Laura Samoisy en est l’exemple parfait. Au moment de nos échanges pour son interview, le magazine Hello Rodrigues – le dernier projet dans lequel elle s’est jetée corps et âme – était en plein bouclage. En marge de la sortie de celui-ci ce jeudi 11 janvier, la jeune femme, qui vit maintenant en France, nous parle de ce nouveau défi qui vient ajouter de nouvelles cordes à son arc. «Plusieurs années après avoir quitté mon emploi de journaliste à Maurice, je retrouve toute l’adrénaline qui accompagne le bouclage d’un magazine», nous confie-t-elle, de l’émotion et de l’excitation dans la voix. «Je suis donc très heureuse d’annoncer la parution d’Hello Rodrigues, un magazine digital gratuit axé sur l’actualité touristique et culturelle de la petite île Rodrigues. Le magazine consacre également un volet important à la destination Maurice et comporte une rubrique océan Indien pour faire découvrir les autres îles Vanilles...»
D’emblée, Laura Samoisy plante ainsi son nouveau décor. Entre briefings, choix de sujets et d’angles d’articles, correction, montage et validation de pages, entre autres, ses journées et mêmes ses nuits ont été longues ces dernières semaines. Mais point de fatigue dans sa voix, c’est avec beaucoup d’enthousiasme qu’elle nous partage cette nouvelle aventure qui vient s’ajouter aux chapitres de sa vie déjà riche de plusieurs expériences, elle, la Rodriguaise originaire du petit village de Champ-Baptiste, installée en région parisienne depuis six ans et ancienne membre de la rédaction de 5-Plus dimanche où elle a eu l’occasion de faire ses armes.
Pour la première question, on demande à Laura Samoisy de se présenter. «J’ai 43 ans et je suis la cadette d’une fratrie de trois enfants. J’habite maintenant en région parisienne, dans une petite ville qui s’appelle Le Bourget et qui fait partie du département du 93, l’un des plus pauvres de France mais qui regorge de nombreux talents, dont Amel Bent, Aya Nakamura, etc. Et ce sont ces talents qui, aujourd’hui, redonnent de l’espoir à la jeunesse de banlieue», lâche la jeune femme qui est au four et au moulin en ce moment. Son dernier bébé, désormais disponible gratuitement sur le site Hellorodrigues.fr, se positionne, explique-t-elle, comme une plateforme digitale incontournable, offrant une plongée immersive dans la richesse et la beauté de Rodrigues. En mettant l’accent sur la promotion des acteurs locaux du tourisme, entre autres. «Nous sommes convaincus qu’Hello Rodrigues s’imposera comme un incontournable dans chaque foyer à Rodrigues, Maurice, dans les îles de l’océan Indien et tous les pays francophones», confie Laura, fondatrice du magazine, qui assure aussi le rôle de rédactrice en chef.
Fonceuse et débordante d’envies, Laura, qui adore être sur plusieurs fronts à la fois, est de celles qui n’aiment pas se reposer sur leurs lauriers et qui, au contraire, aiment bien les challenges. Lorsque nous l’avons côtoyée sur le terrain lors de l’édition 2023 du Rodrigues International Kitesurf Festival au mois de juillet, elle faisait son baptême de feu en tant que chargée de communication. Ayant fait un virage à 180 degrés dans sa vie, elle n’a cessé de se bouger pour donner une nouvelle dimension à celle-ci.
Lorsqu’on lui demande de se décrire en trois mots, la réponse fuse tout de suite : «Tenace, authentique et joyeuse. Tenace parce que je ne renonce pas à ce que je désire, à mes rêves. Malgré les obstacles, je persévère, je fonce et je ne fais pas les choses à moitié. Je dis toujours qu’il faut se donner les moyens de réussir. Authentique, parce que je suis une personne vraie, sincère, honnête. Je dis ce que je pense avec franchise, quitte à déplaire mais j’ai le devoir d’être fidèle à moi-même et à mes convictions. Joyeuse, car j’aime profiter de la vie. Je la prends avec légèreté sans trop me prendre la tête et je me contente de ce que j’ai ou de ce que la vie m’offre car nul ne sait de quoi demain sera fait.»
Il y a cinq ans encore, Laura était loin de s’imaginer que sa vie allait prendre une telle tournure. «Cela a été une décision difficile à prendre de tout quitter mais c’était mûrement réfléchi. À l’époque, j’étais donc journaliste à 5-Plus et il y avait un homme dans ma vie qui vivait à des kilomètres et avec qui j’avais des projets de vie à deux. Pendant deux ans, nous avons maintenu une relation à distance jusqu’à ce que je parte m’installer en France par amour. Mais la relation a explosé trois semaines avant le mariage. J’ai décidé de claquer la porte et à partir de là, les galères ont commencé. Il a fallu trouver un toit, je me suis retrouvée en situation irrégulière, donc je ne pouvais pas travailler en entreprise. J’ai quand même fait le choix de rester car je n’aime pas le goût de l’échec. Pour subsister, je me suis retrouvée de journaliste à femme de ménage et à garder des enfants. Les difficultés ont été nombreuses mais je n’ai rien lâché. Petit à petit, les choses se sont arrangées, il a fallu être forte. Cette période sombre de ma vie m’a forgée davantage et m’a également rendue plus humaine.»
N’ayant jamais baissé les bras et n’acceptant pas que les galères prennent le dessus, Laura s’est accrochée de toutes ses forces à ses ambitions... Et depuis quelque temps, elle savoure les fruits de ses sacrifices et de son investissement grâce à la création de son entreprise L-OZ Communication, qui est maintenant bien sur les rails : «L-OZ Communication, c’est un peu ma récompense, ma revanche sur toutes les difficultés que j’ai pu traverser. J’ai créé L-OZ Communication en août 2023. C’est très récent mais l’aventure s’annonce prometteuse. Je suis une passionnée de la communication, du monde des médias, de la conception de divers projets, entre autres. Et la communication englobe tout cela. Après la fin de mes études de communications auprès d’Enaco, une école de commerce à distance en France, j’ai voulu donner une nouvelle orientation à ma carrière. L’entrepreneuriat n’a jamais fait partie de mes plans mais c’est un nouveau challenge et j’aime les challenges. L-OZ a plusieurs significations. Le L symbolise la première lettre de mon prénom, mais c’est aussi une ode à toutes les femmes qui malgré les difficultés osent se donner les moyens de réussir et de voler de leur propres L =ailes. Donc, la mission de L-OZ est d’accompagner les starts-ups, les ONG, les entrepreneurs, les particuliers, entre autres, à développer et à entretenir leur image à travers des conseils en relation publique et à mettre en place des stratégies de communication efficaces qui répondent à leurs besoins spécifiques. L-OZ englobe aussi un volet spécifique destiné aux femmes entrepreneurs que j’ai nommé Elles Osent !»
Depuis, croyant fermement en elle, la jeune entrepreneure, qui accorde aussi une grande place au social dans sa vie, va de projet en projet : «En France, je travaille sur un projet d’envergure sociale depuis novembre 2022 auprès de l’Association Repozen. Repozen réunit les acteurs du domaine social et le grand public sur une plateforme commune afin de trouver de l’aide à n’importe quel moment. Pour ce faire, une personne qui traverse un moment difficile par rapport à un sujet précis peut tout simplement se connecter à l’application Repozen sur son téléphone et taper un mot clé, par exemple “violence conjugale” et il aura à portée de mains des associations de ce domaine prêtes à lui venir en aide. J’ai travaillé en binôme sur ce projet pour la partie communication. J’ai aussi œuvré au sein de l’Association des petits frères des pauvres qui milite contre l’isolement des personnes âgées en France...»
Puis, il y a eu cette opportunité de gérer tout un événement sur son île natale qui s’est présentée à elle. «Le Rodrigues International Kitesurf Festival, a été mon baptême du feu pour le volet événementiel. Ce fut une expérience extraordinaire, la campagne promotionnelle s’était très bien passée. L’équipe de la Rodrigues Kitesurfing Association et la Commission du tourisme, la Mauritius Tourism Promotion Authority, Air Mauritius et tous les partenaires de l’événement ont été formidables. Et plus récemment, j’ai géré la communication de l’Office du tourisme de Rodrigues en France pour l’International and French Travel Market Top Resa, qui est un salon BtoB qui réunit les acteurs du domaine du tourisme. Ce fut une expérience extraordinaire aussi où j’ai pu multiplier les contacts et agrandir mon réseau tant au niveau de la presse internationale que des professionnels...»
Bien que se construisant sous d’autres cieux, Rodrigues à une grande place dans son cœur et est très liée à son épanouissement professionnel. «Quand j’avais 5 ans, ma famille a quitté Rodrigues pour s’installer à Maurice où j’ai grandi et étudié. C’est à l’âge de 15 ans que je suis retournée à Rodrigues pour la toute première fois, puis de 2003 à 2007, j’ai également travaillé là-bas, dans la fonction publique. J’ai toujours eu un attachement très fort à Rodrigues. Et cette année, quand j’y suis retournée après cinq ans, j’ai eu l’impression de découvrir l’île pour la première fois. Si je dois décrire Rodrigues, je dirais : magnifique !»
Très motivée et positive, Laura sait qu’il va falloir lutter dans ce monde de plus en plus compétitif. Est-ce facile d’être une étrangère qui cherche à trouver sa voie en France ? «Il n’est pas toujours facile de trouver sa voie. Des fois, on vous fait sentir que vous n’êtes pas légitime du fait que vous n’êtes pas français. Il y a toujours cette perception que les étrangers volent le boulot des Français. Mais il faut avoir du caractère, s’affirmer, prendre sa place et s’imposer en se donnant les moyens de réussir. La partie douloureuse de ma vie m’a forgée et je raconte cela dans une émission qui s’appelle Les Muses, animée par la Mahoraise Natacha Moustoifa sur France Tv Outremer et qui sera diffusée prochainement.»
Et est-il facile d’être une jeune entrepreneure de nos jours ? «Pour moi, l’aventure commence à peine. Et chaque domaine de l’entrepreneuriat comporte son lot de difficultés. La communication est un domaine qui est plutôt saturé en France, les talents ne manquent pas. Mais il faut savoir faire la différence, se démarquer des autres, innover», répond-elle avec une grande émotion, tout en nous présentant avec fierté la couverture d’Hello Rodrigues : «Toute cette aventure découle de mes engagements bénévoles et je pars du principe que “qui donne reçoit”. La générosité est aussi très importante pour évoluer. Y’a pas que l’argent. Le bénévolat ouvre des portes insoupçonnées…» Elle embarque donc pour une nouvelle aventure riche en découvertes et en apprentissage... Bref, tout ce qu’elle aime, elle la serial entrepreneure qui n’a pas froid aux yeux..
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