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Par Elodie Dalloo
21 août 2022 14:59
Durant les heures qui ont suivi l’arrestation du couple, plusieurs hommes de loi sont montés au créneau. À l’instar des Mes Sanjeev Teeluckdharry, Rouben Mooroongapillay et Anoop Goodary, les collègues et amis du suspect s’étant proposés de lui offrir leurs services. Ils n’ont pas été en mesure de rencontrer Akil Bissessur avant 2h30 du matin. Ce dernier aurait été malmené par la police lors de cette opération policière, selon Me Sanjeev Teeluckdharry, et aurait été conduit à l’hôpital afin d’être examiné. L’avocat dénonce cette manière de faire de la police.
Sollicité, l’inspecteur Shiva Coothen, du service de presse de la police, nie les allégations de brutalités policières formulées par Me Akil Bissessur. «Le suspect a fait prévaloir ses droits, a fait des allégations et a été conduit à l’hôpital pour être examiné par un médecin. Il n’y avait aucune trace d’agression», assure-t-il.
À ce stade de l’enquête, Me Akil Bissessur nie les faits qui lui sont reprochés. Dans le point de presse que Me Sanjeev Teeluckdharry a organisé en ce sens, le samedi 20 août, il a déclaré que «la démocratie à Maurice est pire que la dictature en Afrique (...)». Selon lui, le suspect a été piégé et la drogue aurait été «plantée par la police. Quand la fin du règne approche, le régime devient de plus en plus répressif. Ils procèdent à des arrestations à tort et à travers.» Il était aux côtés de Me Neelkant Dulloo dont les services ont aussi été retenus par le suspect.
Également présent lors du point de presse, le père d’Akil Bissessur, un ancien officier de la douane, s’est exprimé sur cette affaire : «Je suis choqué, écoeuré. Mon fils est un avocat droit, peut-être un peu dur mais toujours honnête. Je ne me serais jamais attendu à ce que la police puisse débarquer chez sa compagne avec force et violence. Tout ce que j’ai inculqué à mon fils l’a amené à devenir un homme droit mais de la drogue a été plantée chez lui. Ce qui s’est passé est grave et triste. J’ai l’impression que la police avait tout planifié depuis longtemps...»
Le samedi 20 août, Akil Bissessur et sa compagne ont été traduits devant la Bail and Remand Court (BRC) où une accusation provisoire de «drug dealing : possession of dangerous drugs for the purpose of distribution» a été logée contre eux. Ils ont ensuite été reconduits en cellule, la police ayant objecté à leur remise en liberté. Leur prochaine comparution est prévue pour ce matin, dimanche 21 août.
Pour rappel, la Striking Team qui a procédé à l’arrestation du couple est une nouvelle unité supervisée par le CP Anil Kumar Dip lui-même et placée sous le commandement de l’Assistant Surintendant de Police (ASP) Jagai. Elle a vu le jour le 3 août. Elle est composée d’une vingtaine de policiers, essentiellement des anciens membres de la brigade antidrogue, et a pour but d’intervenir dans des cas spécifiques. C’est cette équipe qui est derrière l’arrestation de Jean Bruno Benjamin Java, un habitant de Bambous, âgé de 50 ans, le lundi 15 août, pour trafic de drogue. Opération au cours de laquelle de l’héroïne valant environ Rs 5,5 millions a été saisie.
Il a encore eu des démêlés avec la justice. Le samedi 20 août, Dominique Seedeeal, plus connu sous le nom de Darren L’Activiste, a été appréhendé par la police pour «diffusion de fausses nouvelles» sur sa page Facebook Radio Mo Pep, ne respectant pas les conditions de sa remise en liberté conditionnelle. L’habitant de Grand-Baie de 31 ans avait déclaré, dans un live, que la police avait planté de la drogue chez l’homme de loi. Après sa comparution devant la BRC, il a été reconduit en cellule, la police ayant objecté à sa remise en liberté. Il est également défendu par les Mes Sanjeev Teeluckdharry et Neelkant Dulloo. Sa prochaine comparution devant le tribunal est prévue pour ce lundi 22 août.
Vous l’avez sûrement vu hier, samedi 20 août, défilant sur les réseaux sociaux. On parle ici d’un document qui daterait du 18 août et qui viendrait de la striking team de la police, énumérant une liste de personnes qui seraient en train de «cause high disturbance in the community» et qui doivent être arrêtées dès qu’elles sont repérées près d’un poste de police. Contacté au sujet de ce document, Shiva Coothen du Police Press Office nous a déclaré qu’il s’agit d’un faux document, qu’une enquête est en cours et que la personne derrière celui-ci devra répondre de ses actes.
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