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Le chanteur Andy Penelope porté manquant depuis plusieurs jours

19 octobre 2015

Jocelyne Penelope vit un véritable supplice au quotidien depuis la disparition de son fils Andy.

18h30. La rue Cocoterie, à Sainte-Croix, grouille de monde et de véhicules en ce début de soirée du jeudi 15 octobre. Chacun vaque à ses occupations. Mais tous sont aussi très attentifs aux moindres voitures qui s’arrêtent devant le domicile des Penelope, surtout Jocelyne. Cette technicienne de surface, âgée de 50 ans, vit un véritable supplice au quotidien. Et son désarroi grandit à mesure que le temps passe. Cela fait plus de deux semaines, soit depuis le 29 septembre, que son fils Andy, un chanteur de 28 ans, a disparu sans laisser la moindre trace.

 

«J’évite de penser au pire pour mon fils Andy», confie Jocelyne, nerveuse. Son cœur, dit-elle, bat la chamade à chaque fois que la porte qui donne accès sur la route s’ouvre : «Sak fwa mo panse ki se mo garson ki pe retourn lakaz kan mo tann enn loto arete ek tann la port ouver. Se pu sa ki mo kontinie gard lespwar ki li pu retourne.»

 

Le jour de sa disparition, Andy s’était réveillé tôt avant de se rendre à une boutique située en face de sa maison, vers 5h45, pour s’acheter deux cigarettes et une boisson énergisante. Il s’est par la suite dirigé vers le terrain de basket du quartier. Après cela, personne ne l’a plus vu. Même les images des caméras CCTV de la région n’ont pu aider la police à y voir plus clair. Sur les vidéos, on le voit se diriger vers le terrain de basket, puis plus rien. Ce jour-là, il devait se rendre en cour pour témoigner dans le procès intenté à Rudolf Jean-Jacques, plus connu comme Gro Derek, Jimmy Alexis et Bruno Casimir pour trafic de drogue. Sa disparition est-elle liée à cela ? C’est ce que tente de découvrir la police qui est sur la brèche pour le retrouver.

 

La police a lancé plusieurs avis de recherche dans la presse, mais toutes les tentatives pour retrouver le jeune chanteur se sont révélées vaines jusqu’ici. Les battues organisées par la famille et les amis du disparu n’ont rien donné non plus. La dernière en date a eu lieu le dimanche 11 octobre à Riche-Terre et dans des terrains boisés de cette région, notamment à Jin Fei, sans résultats. Les proches d’Andy Penelope ont également placardé des affiches dans plusieurs régions du pays. Ses amis artistes dont le séagtier Clarel Armel ont, quant à eux, lancé un appel à témoins sur Facebook.

 

Attente pénible

 

Hélas, personne ne s’est manifesté jusqu’ici pour donner des informations à la famille ou à la police. Entre-temps, les jours passent, l’espoir s’amenuise et l’angoisse grandit. «Si kiken konn kitsoz fer nou kone. Nou mari angwase ek nu pe viv enn gran soufrans.» L’attente devient de plus en plus pénible pour cette maman. Elle l’est également pour tous ses proches, surtout le frère aîné d’Andy, Kinsley, 35 ans, qui souffre de crise d’épilepsie, et sa grand-mère Ghislaine, 70 ans, qui vit avec eux. Le père d’Andy, Jean Patrick, est mort en mars de cette année à 56 ans, à la suite d’un problème cardiaque. Depuis, Andy est devenu le pilier de la famille. «Ma mère pleure tous les jours. Elle tient difficilement le coup. Mon fils aîné est également abasourdi. Il se rend presque tous les jours au caveau du Père Laval pour acheter des bougies qu’il ramène à la maison pour nous permettre de prier en famille. C’est très dur pour lui aussi. Nous, on arrive à s’exprimer sur la disparition d’Andy. Lui non. On craint que son état de santé se détériore», se lamente Jocelyne.

 

Pour le moment, elle refuse de croire que la disparition de son fils a quelque chose à voir avec l’affaire Gro Derek. Même si elle reconnaît que cette affaire a terriblement affecté le comportement de son fils. En mars, Andy Penelope a reçu une première convocation pour témoigner en cour dans le procès dans le cadre de l’affaire Gro Derek. Andy Penelope s’est retrouvé mêlé à cette affaire d’une façon très particulière, à en croire sa mère. Selon Jocelyne, Bruno, qui est leur voisin et l’ami d’enfance d’Andy, aurait demandé à celui-ci de louer un bungalow pour lui, car il voulait organiser une fête. Jocelyne assure que son fils ne savait pas que son voisin Bruno trempait dans des histoires de drogue et avait loué le bungalow pour lui sans même avoir été invité à la fête.

 

Les proches et les amis du disparu ont placardé des affiches dans plusieurs localités et ont aussi lancé un appel à témoins sur Facebook.

 

Après l’arrestation de Bruno Casimir dans l’affaire Gro Derek, la police avait retrouvé à son domicile un reçu en lien avec cette location portant le nom d’Andy. Les enquêteurs avaient alors interpellé ce dernier pour le questionner avant de le laisser rentrer chez lui. Puis est venue la première convocation en cour. «L’affaire avait été renvoyée, mais sa convocation en cour l’avait beaucoup affecté. Il stressait. J’avais même dû l’emmener chez un psychologue à l’époque», se souvient Jocelyne.

 

Au mois d’août, Andy a reçu sa deuxième convocation avec deux dates en septembre pour se présenter en cour et son moral a pris un autre sacré coup. «Il a recommencé à griller cigarette sur cigarette. De plus, il n’arrivait plus à dormir dans son lit et avait pris place sur le canapé dans le salon. Il était très angoissé. Il se souciait de ce que son ami Bruno et ses proches allaient penser de lui», explique Jocelyne.

 

Comparution en cour

 

Elle précise aussi que c’était la première fois que son fils allait déposer en cour et ne savait pas ce qu’il fallait dire ou faire. «La veille de sa disparition, il avait été convoqué en cour. Il n’avait toutefois pu être entendu, car la liste des témoins était trop longue. Il devait se présenter à nouveau en cour le jour de sa disparition.» Pense-t-elle qu’il a pu être victime d’un acte malveillant ou encore commettre un acte de désespoir ? «Je ne pense pas qu’il ait pu commettre l’irréparable ou que quelqu’un ait voulu lui faire du mal. Il n’a jamais reçu de menaces de mort. Il était toujours en bons termes avec les frères de Bruno Casimir. Je les voyais souvent parler ensemble dans la rue. En revanche, je pense qu’il a peut-être fait un breakdown. Il n’a pu supporter la pression», soutient Jocelyne.

 

Selon elle, Andy n’avait jamais eu de problème avec son entourage. Il est d’ailleurs très apprécié, surtout pour ses plaisanteries. Le jeune homme, spécialiste en fabrication de faux plafond dans une compagnie de décoration d’intérieur, aimait la vie et la musique. Il préparait activement son premier album et en était tout excité. Dieu seul, dit Jocelyne, sait ce qui lui est arrivé. Elle a d’ailleurs choisi de se réfugier dans la prière pour pouvoir faire face à cette terrible épreuve et garder espoir.

 


 

Ses amis artistes se mobilisent

 

Ils sont tous sous le choc. Et ont du mal à croire que leur «frère» Andy a disparu sans laisser de traces. Dr Boyzini envisage d’ailleurs d’organiser une marche silencieuse à Batterie-Cassée pour sensibiliser les esprits. «Fason ki linn disparet la bien difisil pu krwar akoz sa bizin pa res trankil», dit-il. D’autres ont choisi Facebook pour faire entendre leur voix. Une page intitulée Andy Penelope on veut la vérité a été créée et plusieurs artistes ont aussi partagé l’affiche de l’avis de recherche sur leur page personnelle. Le but est d’inviter quiconque ayant vu Andy ou détenant des informations intéressantes à le signaler à la police dans les plus brefs délais.

 

Andy était très apprécié par ses amis artistes, comme le laisse entendre Bruno Raya : «Li ti enn bon piti. Plis ki 10 an mo konn li. Li ti dayer fer parti bann garson doner dan mo mariaz. Mo ti krwar enn badinaz sa kan mo finn aprann line disparet. Se kan monn fini koz ar so mama ki monn realize zafer la serie. Mo gard lespwar retruv li selma parski li pa enn dimun ki pu al swiside, li tro solid moralman sa piti la.»

 

Andy Penelope a débuté sa carrière musicale au sein du groupe Ziaka Zom avec deux amis, dont un autre chanteur également prénommé Andy. Le groupe connaît du succès avec la chanson Danse Encore qui occupe la première place du classement de l’émission Emtel Bonto Klip pendant plusieurs semaines. Durant sa carrière, il a aussi collaboré avec d’autres artistes, dont le ségatier Clarel Armelle. Les deux chanteurs se sont davantage liés d’amitié après un déplacement à Agaléga en 2013, pour un concert en compagnie, entre autres, de Bruno Raya et Michel Nany. Sur place, Andy Penelope a également aidé le groupe Zenfan Agaléga à tourner un clip.

 

Selon Bruno Raya, ce jeune chanteur talentueux devait sortir son album solo à la fin de l’année. «Il interprète très bien le reggae et le seggae. L’album comprend aussi un séga. Je devais faire du featuring sur la chanson Si to ti pov. Linzy devait également y faire du featuring. Elle devait aussi chanter en chœur sur les autres titres. On avait croisé Andy au Caudan quelques jours avant sa disparition et il nous avait fait écouter une chanson en particulier sur la femme.»

 

Dallon, de son vrai nom Mario Potiron, n’en revient pas non plus que son ami ait disparu depuis plus de deux semaines : «Nous sommes voisins. Je le connais très bien. Je le voyais tous les jours. Il avait un grand cœur. Il n’hésitait jamais à me prêter sa guitare lorsque la mienne n’était pas à la maison. Je suis très touché par sa disparition. Il nous manque à tous. C’est tout un quartier qui vit dans l’angoisse depuis sa disparition.» Tous gardent espoir, même si celui-ci s’amenuise de jour en jour, qu’Andy sera retrouvé sain et sauf…

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