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Le chanteur Warren Ravanne, 23 ans, meurt d’une overdose - Son entourage : «Il a perdu son combat contre la drogue»

8 novembre 2022

Cet habitant de Cap-Malheureux était promis à un bel avenir professionnel et musical, confient ses proches.

Il menait un combat. Contre lui-même, parce qu’il voulait s’en sortir. Pourquoi Warren Ravanne a-t-il donc replongé ?  C’est ce que se demandent ses proches… Le jeune chanteur de 23 ans a connu une fin tragique le 29 octobre. Cet habitant de Pavillon, à Cap-Malheureux, est mort d’une overdose après plusieurs années d’addiction. «Il a perdu son combat contre la drogue», regrette son entourage.

 

Le jour fatidique, la police s’est rendue à la rue Gueule Pavé, dans sa localité, vers 16h15, suite à une requête. Sur place, les limiers sont tombés sur Warren Ravanne inconscient, en position assise sur une chaise sous la véranda d’une maison appartenant à un habitant de cette ruelle. Selon les premiers éléments de l’enquête policière, la victime se trouvait sur la route lorsqu’elle s’est sentie mal. Un habitant de la région l’aurait alors fait s’asseoir sous sa véranda.

 

Mandé sur place peu après, le personnel du Samu n’a pu que constater son décès. La police a, par la suite, transporté la dépouille du jeune homme à la morgue de l’hôpital Victoria pour une autopsie. Dans son rapport, le Dr Gungadin, Chief Police Medical Officer, a conclu que le jeune homme a succombé à un «acute cerebral oedema» provoquée par une overdose.

 

Suite au décès de Warren Ravanne, les enquêteurs ont interrogé son entourage qui a confirmé que le jeune homme n’a jamais caché son addiction aux drogues de synthèse. En effet, d’après ses proches, l’artiste a été, à plusieurs reprises, en cure de désintoxication dans le passé, ayant le désir de sortir de l’enfer de la drogue. Mais son addiction a, semble-t-il, pris le dessus. «Li ti bien arete ar sa simik-la. Fer preske enn lane li pann tous sa ditou. Li ti pe frekant enn legliz kretienn. Li ti pe al fer la priyer dan plizir landrwa. Li ti sipoze batize biento. Mo panse zour linn mor la mem linn rekoumanse», soupçonne une proche.

 

Warren Ravanne gagnait sa vie comme maçon. Le jour du drame, il s’était rendu à Péreybère avec un groupe d’amis pour travailler. Ce serait sur le chemin du retour qu’il aurait consommé «enn simik». «Sakenn inn al so kote. Pa kone ki larout linn al fer li. Enn dimounn inn ramas li lor sime. Linn mor zis apre», raconte une proche.

 

Chanteur au sein du groupe Kartel Family, le jeune homme, qui avait pour nom de scène WR, était décrit comme «enn bon vivan» quand il n’était pas sous l’emprise de la drogue. «Il a dix chansons avec son groupe. Elles ne sont cependant pas répertoriées sur un CD. Il devait bientôt sortir un nouveau titre intitulé Mi Amor», affirme notre interlocutrice. Selon elle, Warren Ravanne se battait quotidiennement contre lui-même pour ne pas replonger. Lui qui a connu une enfance difficile, une vie difficile.

 

Il a 3 ans lorsqu’il est adopté par une proche. Ses parents biologiques étaient  des toxicomanes, d’après son entourage. Sa mère gagnait sa vie en exerçant «le plus vieux métier du monde» ; elle serait décédée du sida le jour où son fils a fait sa première communion. À l’époque, le garçonnet fréquente l’école Lorette de Port-Louis.

 

Il rejoint ensuite le collège John Kennedy après avoir décroché cinq A aux examens du CPE. Il se distingue très vite en athlétisme et en musique. Il fait même tomber un record sur 400 m et obtient un cash price de Rs 5 000, se souvient une proche. Son entourage voyait les choses en grand pour lui. Mais alors que Warren Ravanne voulait faire carrière dans l’architecture, sa vie bascule à l’âge de 14 ans, notamment en raison de «so bann move frekantasyon». Il aurait commencé à faire l’école buissonnière pour «fer tam tam ek kamarad» et à fumer, avant de devenir accro à «bann ladrog sintetik». Sans compter qu’il fuguait les week-ends pour faire la fête et volait pour payer ses doses.

 

Ses parents adoptifs décident alors de le placer au collège BPS Fatima, à Goodlands, dans l’espoir qu’il changerait. Mais «linn koumans kokin plis dan lakaz. Linn aret lekol zis apre. Li ti rant dan enn piez infernal. Linn koumans travay pou gagn kas. Li ti kontan met linz mark. Li ti ena 16 an kan linn kit lakaz so fami adoptif pou al rod so papa dan Cité La Cure». À partir de là, il a frôlé plusieurs fois la mort après avoir fumé du «simik» et a commencé à avoir des ennuis avec la police.

 

«Li ti kokin dan enn sipermarse. La polis ti aret li. Sa bann lepok la mem linn koumans frekant enn madam ki boukou pli gran ki li. Sa madam-la mem kinn fer demars pou fer met li dan enn sant», confie une proche. À l’époque, le jeune homme fait le va-et-vient entre la demeure de sa petite amie et une petite maison louée pour lui par sa mère adoptive. «Sa lepok-la, Warren travay ti 2 zour ek pa travay 3 zour. Linn fer so mama adoptif trouv zekler pandan konfinnman. Madam-la ti fer demars enn pansyon pou li. So lame ti gagn dimal. Linn fini kas-la ar ladrog», regrette notre interlocutrice.

 

À 18 ans, Warren vide également son compte bancaire des Rs 5 000 qu’il avait obtenue comme cash price. Il multiplie les frasques, poussant sa mère adoptive à le mettre à la porte. «Pena enn plas kot so mama adoptif pa finn al rod li. Li ti aksepte al depoz li ek rekiper li apre so travay zis pou li pa droge. Li ti ena bel potansiel. Ladrog inn fini li. Personn pa aksepte so lamor», s’indigne un membre de son entourage qui estime que le jeune homme avait un brillant avenir. «C’était un bon vivant. Il était très généreux. Il était toujours là pour aider les autres. Il n’était pas égoïste. Il était toujours souriant et dans la joie. Il menait un réel combat pour ne pas rechuter à chaque fois. Il puisait sa force en Dieu. Ceux qui connaissent ses chansons savent comment c’était dur pour lui d’arrêter de se droguer», renchérit une autre proche.

 

Pendant deux ans, Warren Ravanne est resté sobre avant de rechuter, enchaînant les pauses et les rechutes. «Bann trafikan vinn rod li kan li aret droge. Bann-la donn li doz kado. Li ti pe bizin zete. Mo panse ek enn doz ki linn gagne an kado mem ki linn droge dan enn moman febles. Mo pa krwar linn aste sa parski li pa ti ankor gagn lapey», précise une proche. Cette énième rechute a hélas causé sa mort et plongé ses proches dans l’incompréhension et la douleur…

 


 

Décès de Billie Perticot, un toxicomane de 41 ans

 

Sa mère Monique : «So lamor les mwa perplex»

 

Il est décédé le 30 octobre à l’hôpital SSRN. Billie Perticot, 41 ans, avait été admis dans cet établissement hospitalier trois jours plus tôt car il avait terriblement mal à l’estomac et souffrait de diarrhée. Le rapport d’autopsie indique que cet habitant de Petite-Pointe-aux-Piments a succombé à une «intestinal obstruction».

 

Son décès intrigue toutefois sa mère Monique, 72 ans : «Mo garson ti droge. Me so lamor les mwa perplex. Eski so toxikomani ena enn lien avek so lamor ?» Elle explique que son fils, séparé de son épouse depuis plus de 11 ans et papa de deux garçons de 19 et 17 ans qui vivent sous le toit de Monique, était toxicomane depuis plusieurs années. «Li ti pe pike me li pa ti violan. Li abitie rod Rs 200 ar mwa pou al kas so yenn. Kouma li fini li dormi apre li leve li al travay», souligne la septuagénaire.

 

Elle ne compte plus, confie-t-elle, les fois où elle a demandé à Billie Perticot d’arrêter de se droguer. «Monn fatige koz ar li. Zame li reponn kan mo koz ar li. Monn deza rant dan so lasam ek zet so bann sering. Zame mo pann trouv li droge dan lakaz selman. Li ti ena bien kouraz me so sel defo, se ladrog-la», confie Monique. Son fils, poursuit-elle, aurait commencé à tomber malade en septembre : «Li vomi sak fwa kouma li fini manze. Akoz sa mem monn bizin amenn li lopital.»

 

C’était un vendredi. Sur place, Monique apprend que son fils a un ulcère et un problème d’appendicite. Au personnel soignant, Billie Perticot aurait expliqué qu’il prend de la drogue par injection. «Zame li pann dir mwa so bann zafer. So lamor rann mwa bien tris. Se troziem zanfan mo perdi. An 2015, mo gran garson ti mor akoz tansyon for. Lane pase, mo tifi inn mor akoz problem leker. Mo res 3 garson ek 2 tifi aster.»

 

Kunal Naik, psychologue-addictologue : «Il faut légaliser le cannabis pour éradiquer les drogues de synthèse»

 

Il veut contribuer au débat sur les amendements à apporter au Dangerous Drugs Act. Le psychologue-addictologue Kunal Naik est d’avis que la décriminalisation de l’usage des drogues peut aider dans le combat contre les drogues de synthèse. Paul Lam Shang Leen en parle dans son rapport de la commission d’enquête sur la drogue. L’ancien juge recommande aux décideurs politiques de s’inspirer du modèle de décriminalisation de la consommation des drogues du Portugal, instauré depuis 2001. «Il faut légaliser le cannabis pour éradiquer les drogues de synthèse. Le Drug Users Administrative Panel offre une opportunité unique d’enlever les sanctions punitives et d’autoriser les personnes ayant une consommation problématique des drogues ou souffrant de dépendance d’aller vers le traitement, sans crainte d’être arrêtées. Ce qui représente un bond en avant puisque la crainte des représailles légales éloigne les personnes des services essentiels», suggère Kunal Naik.

 

Ce spécialiste en addictologie a envoyé un document à plusieurs parlementaires à cet effet. Selon ses dires, l’État doit pouvoir faire la différence entre les personnes souffrant d’addiction et celles consommant sur une base récréative. Celles qui consomment, dit-il, sur une base récréationnelle n’ont pas besoin de thérapie adaptée. Il conseille également au gouvernement de veiller à ce que tous les programmes de réhabilitation aient des standards internationaux et que les meilleures pratiques soient appliquées.

 

Un «Security Guard» retrouvé mort avec une seringue

 

Un vigile de 28 ans a été retrouvé mort sur la plage de Mon Choisy le 29 octobre. Il s’agit de Sharvesh Gopaloodoo, un habitant de Grand-Baie. La police de Pointe-aux-Canonniers s’est rendue sur place vers 19h39 ce jour-là après avoir été alertée. La victime était vêtue d’un blouson noir portant l’inscription de sa compagnie. Une fouille corporelle a permis à la police de recueillir un téléphone portable de la marque Samsung, une seringue vide, deux feuilles d’aluminium écrasées, un bouchon rouge, quatre cigarettes, une coupure de Rs 500 et une bouteille d’eau. La police a, par la suite, transporté la dépouille de Sharvesh Gopaloodoo à la morgue. Le rapport d’autopsie indique que le jeune homme a succombé à une «acute cerebral oedema» provoquée par une overdose.

 

Le «simik rouge» et le «papye tranpe» ont la cote

 

Les récents cas d’overdose de drogue de synthèse ne laissent pas insensible le quartier général de la brigade antidrogue. Certains avancent qu’il y aurait deux nouveaux types de drogue de synthèse sur le marché : le «simik rouge» et le «papye tranpe» qui est consommé sous forme de confetti que les jeunes mélangent avec du tabac. D’autres soupçonnent que les trafiquants balancent en ce moment de la drogue dont le taux de pureté est supérieur à la norme habituelle. Le but serait d’écouler le maximum de drogue car il y aurait un trop-plein sur le marché. La brigade antidrogue avait observé le même phénomène il y a deux ans lorsque deux jeunes Nordistes avaient fait une overdose dans une vieille maison à Ste-Croix.

 

Deux jeunes Français arrêtés en possession de 46 colis de haschisch

 

Encore une grosse saisie. Le 2 novembre, à l’aéroport SSR, les officiers de l’ADSU ont arrêté deux jeunes Français, Anthony Brodel et Sheineze De Sousa Alves, âgés de 19 et 21 ans respectivement, pour l’importation de 46 colis contenant du haschisch. Cependant, lorsque la police a mis en place un exercice de controlled delivery pour mettre la main sur le contact local, l’opération n’a rien donné. Les deux suspects ont été placés en détention et l’enquête se poursuit.

 

Textes : Jean Marie Gangaram et Stéphane Chinnapen
 

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