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Le come-back de Pravind Jugnauth : Pour un peu plus de… sérénité

8 juin 2016

Pour l’instant, Pravind Jugnauth fait l’unanimité au sein du MSM.

Respirez… ils sont détendus. Parfum d’encens et petite musique apaisante. En apparence, c’est la zen attitude et des effluves de Ifeel good qui embaument l’air de l’Alliance Lepep en ce moment. Depuis le retour de Pravind Jugnauth au Conseil des ministres et sa victoire en appel après sa condamnation pour conflit d’intérêt dans l’affaire MedPoint, pas enn ti lagerà l’horizon, pas une prise de bec, pas un secouage de plumes intempestif, pas une crise d’ego. Ça roule et ça roucoule dans la majorité gouvernementale. De quoi inquiéter les oiseaux de mauvais augure et faire tempêter l’opposition. Néanmoins, dans les coulisses du pouvoir, le retour du fils prodigue de sa Sibérie de la politique, appelé en toute logique à succéder à son père au poste de Premier ministre, ne fait pas que des heureux. Le come-back de la sérénité, comme le clament certains ministres après celui de Pravind Jugnauth, aurait-il du plomb dans l’aile ?

 

Dans les communications publiques, filmées, enregistrées et photographiées, les membres de la majorité gouvernementale (surtout ceux venant du MSM) parlent du bonheur de revoir «Pravind»au Conseil des ministres et de l’enthousiasme que provoque le ministre des Finances, qui planche sur le prochain budget. Oubliés les dissensions internes au MSM (Bhadain vs Lutchmeenaraidoo : de l’histoire ancienne !), les petits soucis entre partenaires de l’alliance (Collendavelloo, Duval, Jahangeer et Soodhun se tiennent à carreaux) et surtout la course à la prise de pouvoir dans l’éventualité d’un départ de SAJ (et d’un Pravind Jugnauth condamné).

 

Pendant des mois, la possibilité que l’actuel Grand argentier soit, pendant un temps, écarté de la politique active avait ouvert toutes les portes à ceux qui, au MSM, se rêvaient premierministrables. «Les dissensions au MSM ? Ça allait de soi que c’est parce que chacun voulait se faire voir ! Ils pensaient tous qu’ils pouvaient être le chosen onepour succéder à SAJ. Mais ils auraient dû savoir qu’il n’y avait pas vraiment de course. Tout comme les leaders du PMSD et du ML», confie un membre du MSM. Il dit également tout le bien que le retour de son leader a fait au sein de ce parti : «Il n’est jamais parti. Mais l’avoir au sein du gouvernement lui donne plus de légitimité. Et comme le futur est clair, il n’y a pas de place pour les supputations. Tout le monde est désormais dans le camp de Pravind.»

 

D’ailleurs, dans les différents comités régionaux, l’allégeance au fils était acquise depuis un moment déjà. «C’est lui notre avenir. Et il sait agir avec plus de diplomatie que le bolom. C’est mieux»,explique un des membres d’une régionale MSM. Tout va bien dans le meilleur des mondes donc. Sauf pour ceux qui doivent revoir leurs ambitions à la baisse.«Pour l’instant, ils se tiennent tranquilles. Il y a une certaine euphorie depuis le retour de Pravind. Ces derniers mois, il a joué au pompier, il a calmé son père et il a pris assez de distance pour que son personnage public gagne en maturité. Il fait, pour l’instant, l’unanimité au sein du MSM. Mais le moment de grâce de Pravind ne va pas durer très longtemps : quand il y a du pouvoir en jeu, il faut s’attendre à tout», précise un ancien membre du MSM, qui a pris ses distances de la politique active.

 

Le retour de Jugnauth fils aux cabinet meetingsa également été salué par les partenaires de l’Alliance Lepep. Ivan Collendavelloo, leader du ML, n’a pas manqué de lancer en conférence presse, il y a quelques jours, que son parti «avait toujours soutenu Pravind Jugnauth d’un point de vue politique et juridique». Xavier-Luc Duval, répondant aux rumeurs d’un rapprochement avec Navin Ramgoolam, confiait, cette semaine, que le gouvernement «est plus soudé que jamais». Mais aussi, il y a quelques jours, qu’il était heureux du dénouement pour l’actuel ministre des Finances : «Je suis enchanté pour Pravind Jugnauth, tant sur le plan personnel que sur le plan politique, ainsi que pour sa famille. C’est aussi un développement positif pour l’équipe gouvernementale.»

 

Néanmoins, le leader du PMSD aurait plus à perdre de ce retour que le leader du ML (qui n’aurait pas, selon ses proches, l’ambition de devenir Premier ministre). Ses différentes suppléances au poste de Premier ministre en l’absence de SAJ, les résultats des sondages politiques le désignant comme la personnalité préférée des Mauriciens et le souhait de son parti de s’imposer comme une formation politique nationale (avec une présence accrue dans différentes régions de l’île) sont autant d’ingrédients qui laissent entrevoir les ambitions du ministre du Tourisme. «C’est vrai qu’il se positionnait comme un envisageable successeur à SAJ. Mais le retour de Pravind change la donne. C’est bien dommage», confie un membre du PMSD.

 

 Pour l’instant, du côté des Bleus, assure-t-on, aucune stratégie n’a été mise en place pour renverser la situation. «On n’en parle même pas. Pravind est de retour, point. Il n’y a rien à dire ou à faire. Nous, nous continuons le bon travail»,insiste un conseiller. Et dans la sérénité ? Absolument. Quoiqu’en politique, la notion de zen attitude, c’est toujours un peu surfait…

 

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