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Le Matinal placé sous administration judiciaire : Des employés crient leur révolte

4 mai 2016

Vanessen Moutou et Gowshal Kaeeah se retrouvent au chômage après la fermeture du quotidien.

C’est en 2004 que Le Matinalfait son apparition dans le paysage médiatique de Maurice. Connu comme étant le quotidien le moins cher de l’île. Cependant, il a été placé sous administration judiciaire le 21 avril, avant d’être mis sous scellé le mardi 26 avril. Avec cette fermeture, c’est plus de 80 salariés qui se retrouvent à la rue et qui ne savent pas de quoi leur avenir sera fait. D’ailleurs, certains d’entre eux n’auraient pas reçu leur salaire durant plusieurs mois et l’espoir de voir un jour la couleur de leur argent s’amenuise au fil des jours.

 

C’est le cas de Gowshan Kaleeah, photographe au Matinaldepuis 2009. Marié et père de famille, il s’est retrouvé sans emploi du jour au lendemain. «Je ne dors plus. Je suis marié et j’ai un enfant de cinq mois, un prêt à rembourser, des factures à payer. Nous savions que la compagnie avait des problèmes financiers. Mais nous ne nous attendions pas à cette fermeture. Je n’ai pas reçu de salaire durant les mois de janvier, février et avril», déplore ce dernier, sous le choc.

 

Sa plus grande crainte, dit-il, serait de ne pas trouver un métier dans le domaine de la photographie. Pour l’heure, il ne cesse de faire le va-et-vient entre son domicile et celui du ministère du Travail pour essayer de trouver une solution à son problème. «Le ministère me propose un workfare programme. Mais je ne sais pas comment cela va se passer. La direction du Matinalnous a bernés car à chaque fois on nous disait de patienter, que la situation allait s’améliorer. Mais aujourd’hui, nous nous retrouvons à la rue», s’insurge Gowshan Kaleeah, rejoint dans ses propos par Vanessen Moutou qui travaillait, lui, comme chauffeur. Ce père de famille de 38 ans ne sait plus à quel saint se vouer. «Je n’ai pas été payé pendant trois mois. Et j’attends toujours mes salaires. Pour subvenir à mes besoins, je dois emprunter de l’argent à mes parents ou à mes amis. J’ai un fils de 6 ans à élever. Àchaque fois que je réclamais ma paie, on me disait de prendre une avance alors que c’est de l’argent qui m’est impayé. En plus, on me demandait de justifier cette avance alors qu’il n’y avait même pas lieu de le faire»,fait ressortir cet habitant de Moka.

 

De son côté, Sandhya Luckhee du département de la comptabilité, affirme que la direction lui doit deux mois de salaire. Et la fermeture du journal n’arrange en rien sa situation. Mariée, elle s’appuie sur le soutien de ses parents pour surmonter cette épreuve et ne peut s’empêcher d’avoir une pensée spéciale pour ses collègues qui sont au plus bas de l’échelle. En larmes, elle confie : «Il y a des couples qui travaillent dans cette entreprise. Comment vont-ils s’en sortir ? Et tous ces pères de famille qui ne touchaient pas grand-chose, mais qui, malgré  tout, continuaient à travailler par amour pour leur métier ? C’est trop dur. La direction a fait preuve d’un manque d’humanisme à notre égard. On nous laisse sans un sou. Ils auraient au moins pu faire un effort et nous payer ne serait-ce qu’un mois de salaire.»

 

D’autres employés, qui ont préféré garder l’anonymat, attribuent la chute du Matinalà la mauvaise gestion financière de sa direction et évoquent un gaspillage de fonds. Depuis que cette affaire a éclaté, c’est Sattar Hajee Abdoula qui a été désigné comme étant l’administrateur de l’entreprise.

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