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Lepep «en crise» : SAJ wanted

27 avril 2016

Décembre 2014. Les relations entre SAJ et son futur ministre des Finances semblaient alors être au beau fixe.

Mettre la main à la pâte. Et pétrir les mauvaises vibes, ré-assaisonner les solos délirants saveurs complots et coups bas. Rectifier la température du four. Trop chaud = ambiance au sein de l’Alliance Lepep qui sent le roussi. Sortir la louche pour enlever le trop-plein de colère. Servir un peu de remontrances pour que tous les grains de sel – qui font crisser les rouages gouvernementaux en ce moment – rentrent dans les rangs.

 

Pour ce coup de feu politique, un Chef est demandé dans les cuisines de la majorité gouvernementale ! Pour remettre de l’ordre dans sa brigade, il doit agir vite et bien. Sauf que le principal concerné, pris par ses consultations budgétaires, ne semblent pas sentir l’odeur de brûlé. Ce manque de leadership commencerait à agacer. Et ferait tiquer les membres de la bande à Lepep qui demande, en coulisses, des actions fermes de sir Anerood Jugnauth.

 

Les raisons de la colère sont aussi nombreuses que des raisins sur une grappe XXL : les guéguerres qui s’éternisent entre les commis (l’inratable Vishnu Lutchmeenaraidoo vs Roshi Bhadain, l’incroyable Ivan Collendavelloo contre Bashir Jahangeer et «des têtes fêlées»qui lui veulent du mal), les déboires de Raj Dayal et ses bal kuleret les allégations de corruption et de conflits d’intérêt poussant comme des champignons vénéneux, entre autres. Des nouveaux du MSM (les anciens sont plus silencieux ou plus solidaires de leur chef de file), qui ont adopté la teinte orange fin 2014, commencent à regretter leur zeste, pardon, geste.

 

 La couleur tendance d’un été show de 2014 a tourné à l’osverdose d’autobronzant. «Je croyais en cette alliance. Sinon, je ne me serais pas engagé. J’étais persuadé qu’il était impensable de faire pire que Navin Ramgoolam et son équipe. Ce n’est pas le cas… Mais ça y ressemble», confie un membre de la famille orange. Pour un autre nouveau de la bande, SAJ n’agit pas en chef du gouvernement, ne s’impose pas assez et ne fait pas ce qu’il faut pour ramener de l’ordre dans cette cacophonie : «Il se tient à l’écart et ne cesse de dire que tout va bien. C’est un peu difficile à croire en ce moment.»

 

Pour l’instant, estime-t-il, la recherche d’une cohésion entre les différents acteurs de l’alliance et le développement d’un esprit de solidarité est essentielle : «Il faut arrêter de laver son linge sale en public. Ça décrédibilise toutes les bonnes choses que nous faisons !»Un point de vue sombre et pas partagé par tous. «C’est du grand n’importe quoi. Il ne faut pas exagérer. Il y a des tensions, comme dans toute alliance. Ce n’est rien qui sort de l’ordinaire. Si certains se permettent de critiquer, c’est que leur engagement n’est pas en ligne avec les valeurs du parti», explique un «vieux» du MSM, confronté aux ressentis de certains nouveaux adhérents. 

 

Néanmoins, face aux électeurs, dans les circonscriptions du pays, où ces jeunes du MSM œuvrent, les reproches se font de plus en plus cinglants. Lepepn’est pas content. Et entre les alliés de fortune de l’alliance pour laquelle ils ont votée il y a 16 mois, le MSM, le PMSD et le ML, ça se frotte et ça s’effrite. La mayonnaise ne prend pas tout le temps. Elle tourne parfois. Une conséquence «normale», estime un ancien membre du MSM en retraite politique, pour une alliance créée sans aucun autre but que de «faire face». Des amitiés politiques façonnées dans le but de contrer l’ennemi qui était l’alliance PTr-MMM, mais sans idéologie commune : «C’est un grand foutoir ! Comment mettre de l’ordre dedans ? Ça me semble difficile pour SAJ. Mais il faudra bien qu’il commence quelque part.»

 

Mais avec une grosse pincée d’objectivité et sans aucune dose de parti pris… en public, du moins : «Il a donné l’impression, réelle ou pas, de s’aligner ouvertement aux côtés de Bhadain contre Lutchmeenaraidoo… Mauvais timing ! Même si c’est bien le cas, ça n’aurait pas dû être siobvious. Ça crée des camps.» Un chef de gouvernement doit gérer ses troupes. Il doit donc prendre un peu de hauteur, estime notre interlocuteur. Pour notre jeune du MSM, il est temps que Pravind Jugnauth reprenne les choses en main : «D’ailleurs, partout il est considéré comme le futur Premier ministre. Je pense qu’il a les épaules pour redresser la situation.»Néanmoins, le leader du MSM est toujours dans l’attente du jugement dans son appel dans l’affaire Medpoint (jugement qui est sous réserve).

 

Cette semaine, il a déclaré savoir ce qu’il ferait (sans le dévoiler) si cette décision de justice n’était pas en sa faveur. Une zen attitude qui ne convient pas à certains du MSM qui ont cru aux promesses de ce parti de faire de la politique autrement. Désormais, ils espèrent que l’arrivée de Pravind Jugnauth aux commandes du pays va tout changer.

 

Ils croient qu’il mettra la main à la pâte et rectifiera tous les assaisonnements…

 

Conflit land : «Ça continue, encore et encore…»

 

«… Ce n’est que le début, d’accord, d’accord»,chante Francis Cabrel. Encore un épisode de la série Je te vole dans les plumes,produite par l’Alliance Lepep. 

 

Ivan Collendavelloo entre dans la danse. Le leader du ML a décidé d’être un peu teigneux le jeudi 21 avril, au collège Universal, à Rivière-du-Rempart, en parlant d’un «député dans le Sud» : «Je ne sais même pas comment il a pu obtenir un ticket pour être candidat. Ce n’est pas lui qui va me traîner dans la boue. Je le mets en garde et il va apprendre à me connaître.» Si le nom de Bashir Jahangeer, député MSM de Rivière-des-Anguilles/Souillac, n’a pas été cité, nombreux sont ceux qui ont fait le lien. Le principal concerné, qui a dit ne pas se sentir visé, a néanmoins fait la déclaration suivante : «C’est un manque de respect. Chacun a son savoir-vivre et tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir une bonne éducation.» Il compte en parler avec son leader.

 

Le mercredi 20 avril, à Rivière-des-Anguilles, Ivan Collendavelloo avait tenu plus ou moins le même discours : «Il y a deux ou trois têtes brûlées, pas nécessairement dans l’opposition, qui veulent salir la réputation des gens»,avait-il lancé.

 

Vishnu Lutchmeenaraidoo crie victoire… trop vite ! Le ministre des Finances a cru que le DPP avait annoncé qu’il n’y aurait pas de poursuites contre lui dans l’affaire du prêt en euros. Et il s’est trompé. Néanmoins, avant de s’en rendre compte, le ministre des Affaires étrangères a eu le temps de se lancer dans des déclarations victorieuses à Rivière-des-Anguilles et a assuré que «le cabinet dans sa grande majorité»le soutenait. Plus tôt, cette semaine, il avait affirmé être «le plus droit»du gouvernement et avait taclé Roshi Bhadain… avec un soupçon de bonhomie (quel changement) !

 

Navin Ramgoolam vise Gooljaury et Jugnauth

 

Le leader du PTr avait des comptes à régler. Et il l’a fait lors du congrès de son parti à Bambous-Virieux le vendredi 22 avril. Sa principale cible, Rakesh Gooljaury, son ancien ami qui a témoigné contre lui dans le procès concernant l’affaire Roches-Noires (qui sera appelée pro forma le 2 mai).

 

L’ancien Premier ministre a déclaré qu’il attendait «de pied ferme»l’homme d’affaires. Une accusation d’entente délictueuse pèse sur Navin Ramgoolam et ce dernier se prépare à faire… suer son ancien copain : «On se sert d’une personne qui a admis avoir menti. C’est cette même personne qui témoignera contre moi ! Il devra amener le SAMU parce qu’il va beaucoup transpirer à cause de moi.»

 

Autre cible du chef de file du Labour Party : sir Anerood Jugnauth, of course, qui n’est pas un capitaine. Selon lui, le pays va à la dérive sous son leadership et avec son équipe de «têtes fêlées». Navin Ramgoolam a tenu à rappeler que, quand il était Premier ministre, so «lakwizinn ti pe roule».

 

Le salaire minimal : un pas en avant

 

Il s’agissait d’une des promesses électorales de l’Alliance Lepep : introduire un salaire minimal. Et ce mardi 26 avril, le National Wage Consultative Council Billsera présenté à l’Assemblée nationale. Il prévoit qu’un Consultative Councilsoit mis en place. Cette instance devra soumettre des recommandations au gouvernement afin de rendre possible et réelle l’introduction du salaire minimale.

 

Paul Bérenger : une petite colère à Heritage City

 

Le projet Heritage Cityreste en travers de la gorge du leader du MMM. Et Paul Bérenger a décidé de le faire savoir encore une fois, lors de sa conférence hebdomadaire hier, samedi 23 avril. Pour lui, sir Anerood Jugnauth se contredit concernant ce projet : d’une part le Premier ministre a assuré que le pays ne pouvait se satisfaire d’investissements dans l’immobilier pour assurer la croissante, de l’autre il se lance dans la construction d’une City. Paul Bérenger estime que le gouvernement «entre dans l’immobilier avec ce projet»et qu’il n’est pas sans risque, contrairement à ce qu’affirme Roshi Bhadain.

 

Par ailleurs, le leader de l’opposition s’est appesanti sur la situation des marchands ambulants de Port-Louis qui ne veulent pas être déplacés. Il estime que le gouvernement a mal géré ce dossier et ne fait pas mieux que l’équipe précédente. De plus, il trouve que l’espace qui leur est alloué est trop petit et que le gouvernement et la municipalité les traitent d’une façon inhumaine.

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