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Les marchands ambulants font de la résistance

25 avril 2016

Les vendeurs de rue s’étaient massés devant l’ancienne poste à Port-Louis, vendredi matin dans l’espoir de reprendre leurs activités.

Ils n’espèrent qu’une chose : que le gouvernement et le ministre concerné revoit leur décision. Depuis une semaine, les marchands ambulants n’ont plus le droit d’opérer dans les rues de la capitale. Ils ont campé devant la municipalité de Port-Louis pour demander une période moratoire jusqu’à ce que les nouvelles infrastructures à la rue Decaen et la place de l’Immigration soient prêtes. Après avoir menacé de reprendre leurs activités hier, ils ont finalement changé d’avis dans l’espoir d’une négociation.

 

Il est 10 heures, en ce samedi 23 avril, et les rues de la capitale sont libres et fluides. Différentes unités de la police sont présentes dans les rues pour s’assurer que la situation ne dégénère pas suite à l’annonce d’Hyder Raman, président de la Street’s Vendors Association, que les marchands ambulants allaient se rendre sur leur lieu de travail peu importe les risques. À la gare Victoria, les marchands ambulants sont massés sous l’ancienne poste dans l’espoir de pouvoir opérer.

 

Fazila Peerally, 54 ans, mère d’un enfant de 10 ans, souhaite, comme les autres, reprendre le travail. «On en a marre, depuis une semaine, on entend les mêmes choses, le ministre dit qu’on était d’accord pour aller à la rue Decaen, mais ce n’est pas le cas, cet espace est trop petit et c’est impossible d’y travailler. On espère que le Premier ministre entendra nos cris. Il avait dit qu’il allait travailler pour le peuple. On lui a fait confiance», martèle celle qui est marchand ambulant depuis plus de 20 ans.

 

Lata Vanghee, vendeuse de rue depuis une dizaine années, surenchérit. «On ne trouve jamais une solution correcte pour nous. On n’est pas d’accord de travailler à Decaen ; c’est un trop petit espace. On souhaite que les autorités revoient l’endroit et mettent en place une infrastructure correcte. Depuis lundi, on ne travaille pas. On a des familles à nourrir», s’insurge-t-elle, les larmes aux yeux.

 

Nous rencontrons aussi Martine Baptiste, 42 ans, mère de cinq enfants, assise sous un soleil de plomb, les yeux larmoyants. «Il faut revoir la liste des marchands qui ont eu un emplacement à Decaen ou l’Immigration. Je suis marchand ambulant depuis que j’ai 17 ans et je n’ai pas eu un espace. Ils ont pris des noms sans faire un screening.  Je ne peux pas attendre éternellement. Depuis lundi, je ne travaille pas et je n’ai pas un rond pour nourrir mes enfants», souligne cette habitante de la capitale. 

 

Idem pour Dhurman Akkaar, 40 ans, marchand depuis neuf ans et père de trois enfants : «Je n’ai jamais vécu une telle situation. Cela devient dramatique car nous dépendons uniquement sur nous-mêmes pour gagner notre vie. Nous demandons juste qu’on nous laisse travailler dans un endroit avec des infrastructures correctes», explique cet habitant de Vallée-Pitot. Ismaël Khodabaccus, marchand ambulant depuis une trentaine d’années, est révolté. «S’il n’y a pas de réponse positive cette semaine, on va entamer une grève de la faim et faire une manifestation», dit-il.

 

Cependant, Hyder Raman précise qu’il ne compte pas défier les autorités en attendant une rencontre avec les autorités.«J’ai eu une conversation avec la PPS Roubina Jadoo-Jaubocus et je lui ai fait comprendre que la situation est critique. Elle m’a dit qu’il faut qu’on collabore et de ne pas défier les autorités afin de ne pas créer une instabilité dans la ville. Elle m’a assuré qu’elle allait faire le nécessaire d’ici 48 heures. J’ai lancé un appel afin que les marchands demeurent calmes en attendant la rencontre.»Vers midi hier, c’est sous le regard de la force policière que les marchands ambulants se sont calmés en attendant une éventuelle négociation.

 


 

«Incitation à la haine contre le gouvernement» | Danielle Selvon : «Une accusation politiquement inspirée»

 

Elle devrait être appelée à s’expliquer à la police dans les prochains jours. Pourquoi ? Danielle Selvon aurait incité «à la haine contre le gouvernement»lors de ses prises de parole au moment des mouvements de protestation des marchands ambulants, cette semaine. C’est la police qui a fait une entrée en ce sens contre la députée élue sous la bannière MSM (elle siège, depuis 2015, en indépendante suite à un désaccord avec le gouvernement sur le Good Governance and Integrity Reporting Bill). Pour Danielle Selvon, il s’agirait d’une «déclaration policière incitée (…) par certains politiciens».

 

La députée a décidé de ne pas garder le silence. À travers un communiqué circulé par son époux, Sydney Selvon, elle cite Nelson Mandela, se demande si on va la traiter comme Kaya ou sir Gaëtan Duval et rappelle son rôle garanti par la Constitution : «L’opposition est requise par la Constitution de s’opposer au gouvernement.» Elle s’avance aussi en assurant qu’elle demandera l’asile politique «d’un pays qui est démocratique»contrairement à Maurice, si elle est accusée.

 

Danielle Selvon met aussi les points sur les «i» : «Cette accusation contre moi est fausse, politiquement inspirée et malicieuse. Oui, je me suis adressée à la foule et j’ai réussi à la contenir tout en échangeant des correspondances avec le bureau du Premier ministre pour calmer ces marchands en colère (...)»Son époux a également fait parvenir le document de cet échange. Elle devrait, explique-t-il, tenir le même discours face aux policiers…

 


 

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