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Par Yvonne Stephen
28 décembre 2020 13:02
Le naufrage du Wakashio, la marée noire et l’île découvre Bruneau Laurette. Homme massif, au discours percutant et aux révélations qui donnent à réfléchir. Son parcours soulève de nombreuses questions. Mais, il l’assure, ses intentions sont dictées par l’amour de son île et de sa population. Il vient de l’avant, explique et va en cour de justice pour demander des réponses. En quelques jours, l’expert en sécurité maritime fédère, rassure. Il permet de cristalliser toute la colère de personnes qui n’en peuvent plus… Et donne l’image d’un homme qui agit, volant la vedette à l’opposition qui aurait pu, pourtant, utiliser les munitions à sa portée…
À la marche du 29 août, ceux et celles présents/es le portent comme un héros. Et depuis, même si on l’entend moins, on le voit moins, l’activiste social continue à faire parler de lui ponctuellement ; n’hésitant pas à porter plainte contre Pravind Jugnauth dans l’affaire Angus Road et à s’exprimer sur l’affaire Kistnen qui tient en haleine tout un pays.
Début décembre, il lance son mouvement. Nombreux sont ceux qui lui avaient demandé de s’organiser. Et il l’a fait. Peut-être un peu trop tard, estiment certains observateurs. Il est descendu du haut de sa vague. Néanmoins, Bruneau Laurette croit en son Linion Sitwayin. Une plateforme apolitique, précise-t-il, qui a pour objectif «d’apporter un soutien pour une société meilleure». Plusieurs experts dans leur domaine l’ont rejoint pour être ce thinking tank. Mais pas que ! Bruneau Laurette croit avant tout à l’action. Aux projets concrets. À une mobilisation de chaque Mauricien : «Il faut un véritable changement dans la façon de gouverner et un changement de système. Il faut que les citoyens prennent le pouvoir dans leurs mains. Tout changement commence par notre état d’esprit, notre façon d’agir et de réagir. Ensuite, le mauricianisme primera.»
C’est dans cette optique qu’il est persuadé que les marches organisées cette année ont apporté un changement. Même si c’est avec le temps qu’elles montreront leurs résultats. En 2021, assure-t-il, il ne lâchera rien. Il sera aux côtés des Mauriciens pour forcer nos dirigeants à faire attention à leurs agissements : «Nous sommes comme un contre-pouvoir.» Et pour œuvrer pour une île meilleure.
Aman Ramchurn, agriculteur bio et membre de Linion Sitwayin : «Bien sûr que ça a changé quelque chose. Les gens ont pu voice out, venir en famille, avec des amis et découvrir d’autres personnes qui pensaient comme eux. Sortir de cette peur qui empêche de crier haut et fort ce que l’on pense. Cette frayeur propre à notre île, qui paralyse, akoz fami, akoz travay, akoz dimounn ki pou dir… Ces marches ont permis de réunir, de fédérer, de créer un réseau qui sera là pour s’assurer qu’aucun faux pas du gouvernement ne passe comme ça, sans qu’on s’indigne, sans qu’on essaie de faire bouger le système. Il faut bien commencer quelque part et ce ‘‘quelque part’’, comme ça se fait ailleurs, c’est la rue !»
«Tout cela, ça n’a rien apporté. On a fait des choses dans le vide car il n’y a aucun programme et aucune vision. La communication qui a suivi a été mal organisée. Ça n’a absolument rien changé. De toute façon, moi, j’ai marché pour mes convictions et non pour Bruneau Laurette. Et je continuerai à me battre avec le peu de personnes genuine autour de moi.»
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