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À l'île de La Réunion : comment le passage du cyclone Belal a été vécu

23 janvier 2024

«Les moments les plus difficiles étaient quand il fallait savoir si tous les proches allaient bien. Puis, il y avait ces nombreux témoignages en direct à la radio comme celui de cette femme avec un décès en pleine alerte violette», nous raconte Sébastien Échappé, connu comme Seb Body Arts.

«Belal restera dans l’histoire des cyclones…»  C’est ce qu’a déclaré Jérôme Filippini, le préfet de l’île de la Réunion, ce lundi 15 janvier, en passant en revue la situation à l’île sœur après le passage de la tempête au plus près des côtes du pays. Le préfet a ainsi évoqué un «bilan évolutif» concernant les dommages causés dans l’île car plusieurs dégâts dans de nombreuses zones n’avaient pas pu être évalués au moment de sa déclaration. Car même si le soulagement est le sentiment qui prédomine chez les Réunionnais, le cyclone Belal laisse bel et bien son empreinte chez eux. Jérôme Filippini a souligné que «son impact a été impressionnant» bien que le «cataclysme» redouté de par la trajectoire du système à un moment donné n’ait pas eu lieu.

 

Belal a ainsi largement épargné l’île et y a provoqué peu de dégâts majeurs, selon les experts météorologiques français. Si le phénomène a touché  le territoire français par le Nord-Ouest dans la matinée du lundi 15 janvier, il a par la suite dévié de sa route pour finalement longer sa côte Nord-Est, sans pénétrer à l’intérieur des terres. Au moment où le système «touchait La Réunion»,  la population était confinée pour éviter tout danger face à des rafales de vent entre 150 et 200 km/h, avec des pointes mesurées jusqu’à 217 km/h.  «Selon les services de Météo-France, le mur de l’œil du cyclone a d’abord transité au nord-ouest de La Réunion, puis en longeant les côtes par le nord puis l’est de l’île, sans rentrer à l’intérieur des terres, évitant d’occasionner des dégâts majeurs. Les dégradations ont aussi été limitées grâce aux mesures de protection mises en place par la préfecture (alertes rouge puis violette, confinement strict, circulation interdite)», soulignent les sites d’informations.

 

Les images des paysages dévastés après le passage de Belal à l’île sœur donnent tout de même des sueurs froides : arbres à terre, éboulements, coulées de boue, routes obstruées et sous l’eau… Il y a eu aussi pas mal de coupures d’électricité. Tout cela démontre que ces derniers jours n’ont pas été de tout repos à La Réunion. Et de tristes nouvelles, notamment le décès de trois personnes, rappellent aussi que les cyclones sont à suivre de très près car ils peuvent avoir de graves conséquences. Une personne sans domicile fixe, qui n’avait pas trouvé d’abri, est décédée lundi à Saint-Gilles (ouest de l’île), et le lendemain, soit le mardi 16 janvier, deux autres SDF «qui auraient refusé l’hébergement d’urgence» ont été retrouvés sans vie. C’est ce qu’a annoncé, durant la semaine écoulée, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer. C’est avec tout ça en tête que les Réunionnais s’unissent et se mobilisent, au lendemain du passage du cyclone, pour nettoyer et déblayer les dégâts causés par Belal.

 

«Une ambiance à la peur»

 

Les moments vécus avec la menace Belal qui planait et les informations qui circulaient sur sa puissance et sa trajectoire sont à jamais gravés dans la mémoire de ceux qui ont passé de longues heures à suivre l’évolution de la tempête à La Réunion. Sébastien Échappé, connu comme Seb Body Arts et ayant une grande histoire d’amour avec l’île Maurice, se souviendra longtemps de cette expérience. «Voilà 30 ans que je suis à La Réunion. Le premier cyclone que j’ai pu vivre est le cyclone Colina en 1992 et il me semble, il est vrai, que nous n’avons pas vécu de gros cyclones destructeurs à La Réunion depuis plusieurs années. Le passage de Belal, nous l’avons vécu pas trop mal dans les hauts de l’Ouest. Après un début mouvementé, ça c’est finalement calmé alors que d’autres endroits de l’île vivaient un désastre», nous confie-t-il. Les heures au rythme du cyclone, étaient, selon Sébastien Échappé, inquiétantes : «L’ambiance était vraiment à la peur puisque les météorologistes prévoyaient un dangereux passage. Ce qui fait que nous n’avons pas dormi de la nuit jusqu’à l’arrivée brutale du vent et de la pluie.» 

 

C’était difficile, raconte-t-il, de ne pas rester scotché aux informations : «Les moments les plus difficiles étaient quand il fallait savoir si tous les proches allaient bien. Puis, il y avait ces nombreux témoignages en direct à la radio, comme celui de cette femme avec un décès en pleine alerte violette, ou encore celui de cette autre femme qui a dû accoucher en direct à la radio avec un médecin auditeur expliquant à son amie comment procéder pour l’accouchement. Il y a eu beaucoup de panique sur les ondes.»

 

Pour notre interlocuteur, les autorités de l’île ont su gérer la situation en prenant les bonnes décisions : «Les autorités ont fait un excellent travail et ont su prévoir les alertes à l’avance et les retirer au bon moment pour que personne ne soit en danger, donc, bravo au service de la météo et au préfet de la Réunion. Quand je vois le désastre à Maurice, je me dis que les mesures auraient dû être pareilles, surtout que La Réunion était déjà en phase d’alerte.» À l’heure de notre interview, l’île Sœur pansait ses blessures : «Le pire est passé et l’État français a mis tout en œuvre pour nous envoyer des aides nécessaires. Nous nous sentons soutenus. L’heure est au nettoyage. Encore bravo aux autorités pour leur excellent travail.»

 

Bien évidemment, Sébastien Échappé a aussi quelques mots pour Maurice, chère à son cœur. «J’ai une énorme pensée pour l’île Maurice en espérant que des mesures seront enfin prises à l’avenir», conclut-il, en espérant que d’autres cyclones ne viendront pas semer la désolation dans nos îles…

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