Publicité

L'impact de la guerre Israël-Hamas sur le monde - Shafick Osman, docteur en géopolitique : «Si les États-Unis décident d'entrer dans cette guerre de plain-pied, cela pourrait changer la donne, mais à ce jour, c'est très improbable»

23 octobre 2023

«À ce jour, le prix du pétrole est plutôt stable, et ce n’est nullement comparable à l’invasion d’une partie de l’Ukraine par la Russie qui est, elle, une importante productrice de pétrole et de gaz», nous explique Shafick Osman.

«C’est un nouveau nuage dans un horizon déjà peu ensoleillé pour l’économie mondiale»... Déclaration poignante de Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire internationale (FMI), le jeudi 12 octobre pendant la réunion annuelle du Fonds monétaire international et de la Banque Mondiale qui ont eu lieu du 9 au 15 octobre à Marrakech, au Maroc.

 

Depuis le 7 octobre, le conflit Israélo-palestinien a pris un nouveau tournant avec l’offensive surprise du Hamas contre Israël et la riposte de cette dernière. Sous le choc, la communauté internationale assiste à cette escalade de violence avec stupéfaction et tristesse. Au cœur des inquiétudes : la crainte d’une nouvelle crise énergétique.  Tous les regards se tournent vers les prix du pétrole et du gaz. Et les interrogations, autour de l’impact mondial du conflit en termes économiques et sécuritaires, se succèdent. La directrice générale du FMI déplore que ces nouvelles vives tensions viennent s’ajouter aux «chocs sévères» auxquels l’économie mondiale a déjà été confrontée depuis trois ans et qui deviennent «la nouvelle norme venant encore fragiliser un monde déjà fragilisé par une croissance faible et la fragmentation de son économie.» Pour Jihad Azour, directeur régional du FMI, «il est très difficile, en raison de l’ampleur, de la vitesse et des inconnues, d’avoir une lecture claire du court terme ou du moyen terme.»

 

Les plus grandes puissances au monde suivent ainsi de très près la situation. Présent lors de cette réunion, Bruno Le Maire, le ministre français de l’Economie, a souligné, lors d’un point de presse que, pour sa part, «le risque économique majeur est désormais un risque géopolitique» et que les conséquences pourraient être «lourdes» sur la croissance et les prix de l’énergie dans le monde.

 

De nombreux économistes et experts sur le sujet s’accordent toutefois sur le fait qu’il est trôt tôt pour spéculer sur l’impact que pourrait avoir le conflit israélo-palestinien sur le monde. C’est ce qu’a fait comprendre, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, en soulignant qu’il est difficile pour l’instant de déterminer précisément les impacts, même si le FMI « suit de très près la situation ». « Nous avons vu quelques réactions sur le marché pétrolier mais il est trop tôt pour en dire plus, on voit des hausses et des baisses se succéder », a-t-elle déclaré  Est-ce que les conséquences économiques de la guerre entre le Hamas et Israël pourraient encore aggraver l’inflation qui touche de nombreux pays dans le monde, attisée notamment par une nouvelle hausse du prix du pétrole ? C’est la question que nous avons posée à notre compatriote Shafick Osman, docteur en géopolitique (Paris-Sorbonne), et éditeur scientifique, qui suit les tristes événements entre Israël et le Hamas du Canada où il est installé.

 

«Le prix du pétrole est stable»

 

«Non, je ne pense pas que cela serait le cas, à moins d’une régionalisation du conflit avec l’entrée en scène de l’Iran, par exemple, qui demeure un fait assez improbable vu les réalités du jour mais on ne sait jamais comment la situation va évoluer. À ce jour, le prix du pétrole est plutôt stable, et ce n’est nullement comparable à l’invasion d’une partie de l’Ukraine par la Russie qui est, elle, une importante productrice de pétrole et de gaz», nous explique Shafick Osman.

 

Pour lui, la suite des événements est à suivre avec attention : « Il y a encore un élément inconnu : ce que fera l’Arabie Saoudite, c’est-à-dire si elle sera une conciliatrice et emmènera les protagonistes et leurs alliés à la table des négociations ou pas. Mais, encore une fois, cela ne posera pas vraiment de risques pour le prix du baril sur le marché mondial. Par contre, si les États-Unis décident d’entrer dans cette guerre de plain-pied, cela pourrait changer la donne, mais encore une fois, à ce jour, c’est très improbable.» Suivant ce tournant dans le conflit entre Israël et le Hamas, les mesures de sécurité ont été renforcées dans plusieurs pays, notamment en Europe alors que des manifestations de soutien aux Palestiniens ont eu lieu dans plusieurs pays du Proche-Orient et ailleurs.

 

Le président des États-Unis, Joe Biden, est arrivé ce mercredi 18 octobre en Israël pour une visite de solidarité au lendemain d’une explosion ayant fait des centaines de morts dans l’enceinte d’un hôpital de Gaza, dont Israël et les Palestiniens se rejettent la responsabilité. Ce mardi, Joe Biden s’est dit «indigné et profondément attristé» par ce drame. La réalité de cette guerre qui monopolise l’attention mondiale continue de choquer sans oublier le sort des victimes qui interpelle. Durant la semaine écoulée, Tedros Adhanom Ghebreyesus, patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), s’est dit indigné par la tournure des choses.

 

À Maurice également, cette triste actualité ne laisse pas insensible. Ce lundi 16 octobre, deux groupes de pèlerins, la deuxième délégation de l’église Ste-Hélène  (un premier groupe est rentré au pays ce samedi 14 octobre) et ceux qui revenaient de la Mecque, en Arabie Saoudite, ont regagné le pays. Soulagés de retrouver leur famille après plusieurs péripéties pour trouver un vol de retour-la réalité de la guerre oblige-, ces pèlerins ont été accueillis par Joe Lesjongard, ministre de l’Energie et des Services publics et Maneesh Gobin, ministre des Affaires étrangères. Plusieurs voix se sont également fait entendre concernant la souffrance du peuple palestinien et diverses actions comme une marche, ce dimanche 22 octobre à La Citadelle, réunira des Mauriciens en geste de solidarité.

 

Durant les jours écoulés, les sirènes d’alerte aux roquettes ont à nouveau retenti, en Israël. Ce lundi, par exemple, les alarmes ont résonné à Jérusalem et Tel Aviv, ainsi que dans plusieurs villes du centre du pays. À Gaza, où plus d’un million de personnes ont fui les bombardements en cherchant refuge dans le Sud de l’enclave, l’OMS redoute une «catastrophe» humanitaire suite à cette guerre qui tient le monde en haleine...

Publicité