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Lindley Couronne : «Certains patrons considèrent leurs employés comme des esclaves»

14 février 2016

Lindley Couronne : «Certains patrons considèrent leurs employés comme des esclaves»

Le 20 février sera observée la Journée mondiale pour la justice sociale. Que vous évoque cet événement ?

 

Dans les valeurs qui sous-tendent les droits humains, il y a la justice, le fairnessou encore la justice sociale, entre autres, qui vont dans le sens des droits humains. Il ne peut y avoir de paix sociale s’il n’y a pas de justice sociale. Pour nous, au sein de l’association, cette journée est très importante, d’autant qu’elle ressemble beaucoup à celle des droits de l’homme, commémorée le 10 décembre. Nous y croyons car, dans les droits humains, il y a la valeur de fairness.

 

Quelle est votre définition de la justice sociale ?

 

Pour moi, cela concerne d’abord toutes les personnes qui évoluent dans la société. Et la notion de justice sociale doit être présente partout. Dans un emploi, par exemple, tous les employés doivent être traités de façon juste, notamment au niveau du salaire, plus précisément entre les hommes et les femmes. C’est pareil dans une famille. Un mari ne peut considérer sa femme comme inférieure à lui. La justice sociale touche à tout.

 

Quelle est la situation à Maurice concernant l’égalité des droits ?

 

Je prendrai à nouveau l’exemple des salaires. À Maurice, il n’y a pas de salaire minimum. Et les syndicalistes militent pour cela parce qu’il existe des situations injustes. On connaît, par exemple, ces attendants qui ont travaillé pendant longtemps avec un salaire mensuel de Rs 2 000. Tout récemment, j’ai eu affaire au cas d’une jeune fille qui a étudié jusqu’en Form VIet qui touchait un salaire de Rs 6 000 en travaillant dans une firme de 9 heures à 20 heures. Certains patrons, certaines firmes, considèrent leurs employés comme des esclaves. C’est scandaleux ! Il y a des législations injustes, tout comme il y a des relations employeurs-employés injustes. Cela va perdurer tant que les autorités ne mettent pas de l’ordre dans tout cela.

 

Quels sont les exemples d’inégalité dont sont victimes les Mauriciens ?

 

Il y a toujours un grand problème concernant les relations entre les hommes et les femmes. Il n’y a pas de justice quand un homme considère une femme comme un objet ou qu’il peut la contrôler. Il y a aussi les relations patrons-employeurs ou encore les relations entre patrons et employés féminins. Ce sont des injustices qui peuvent toucher et marquer à jamais un humain. On ne peut non plus occulter la situation des handicapés à Maurice. Certes, il y a eu une loi à l’effet que les entreprises doivent employer à hauteur de 3 % des personnes avec un handicap. Ceux qui ne respectent pas cela doivent payer une amende. Et comme ce montant est dérisoire, les entreprises concernées n’emploient pas les handicapés et préfèrent payer une amende. C’est injuste.

 

Comment œuvre votre association pour faire reculer ces injustices ?

 

Depuis un an, à Dis-Moi (DroItS huMains Océan Indien), nous avons créé une dizaine de commissions qui correspondent aux principaux issuesdes droits humains. Par exemple, il y a la commission de prison, de femmes, des enfants ou encore le droit des personnes âgées. Nous avons aussi une politique d’éducation aux droits humains. Et la commission DESC (Droit  économiques, sociaux et culturels). Nous formons tous les mois 30 personnes, notamment avec mon livre Moi, citoyen de la République.

 

Pouvez-vous nous expliquer comment opère votre ONG ?

 

Dis-Moi est une ONG qui existe depuis maintenant trois années. Nous comptons 1 000 membres et nous opérons également 10 commissions avec, en moyenne, cinq personnes par commission. Nous avons aussi 15 clubs Dis-Moi dans les collèges à Maurice et à Rodrigues.

 

Comment faire pour vous contacter ?

 

Nous sommes présents sur Facebooket joignables sur le www.dismoi.org, au 466 5673 ou sur le mail suivant : info@dismoi.org.

 


 

Ma semaine d’actu

 

Quelle actualité locale a retenu votre attention ces derniers temps ?

 

J’ai été scandalisé par l’arrestation d’Ish Sookun – que je connais personnellement – dans le cadre du mail de menace terroriste adressé au bureau du Premier ministre. Je suis tombé sur mes fesses de par la façon de procéder de la police.

 

Et sur le plan international ?

 

L’humanité n’a pas encore fait évoluer l’ONU. Pour moi, les nombreux problèmes qu’il faut résoudre au niveau mondial – environnement, éducation, entre autres – pourront l’être qu’avec un gouvernement mondial. C’est encore une utopie qui reste à être définie.

 

Que lisez-vous actuellement et pourquoi ?

 

En ce moment, je lis un livre sur l’islam qui s’appelle The Vision of Islam, écrit par un Japonais, Sachiko Murata. Je ne suis pas particulièrement religieux mais je suis intéressé par les religions. Je pense que ce sont des organisations qui ont d’abord parlé des droits humains sans en employer le mot.

 


 

Bio express

 

Directeur de Dis-Moi (DroItS huMains Océan Indien), Lindley Couronne travaille au collège Royal de Port-Louis où il enseigne le français et la littérature française. Passionné de sport, il aime le tennis, le foot et la course à pied. Ce fan du groupe Ziskakan, «pour son métissage extraordinaire», est marié et père de  trois enfants.

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