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Lindley Couronne, directeur de l’ONG DISMOI : «Réclamer la réintroduction de la peine de mort est une réaction simpliste»

29 février 2016

Lindley Couronne, directeur de l’ONG DISMOI : «Réclamer la réintroduction de la peine de mort est une réaction simpliste»

On n’oubliera pas de sitôt la petite Anita Jolita, violée et tuée par deux jeunes avant d’être balancée dans des eaux marécageuses. On se souviendra aussi longtemps de Patricia Martin, 6 ans, violée et brûlée vive par son oncle, d’Edouarda Gentil, agressée sexuellement et assassinée, et dont le corps avait été retrouvé dix jours après sa disparition, de Stacey Henrisson, 17 ans, sauvagement tuée par son beau-père avant que son cadavre ne soit jeté dans un ravin à Plaine-Champagne. Cette fois, le pays est secoué par le meurtre de Yeshna Rughoobin, 14 ans, égorgée chez elle en rentrant de l’école. À chaque fois, ces crimes odieux, mêlant atrocité, barbarie et cruauté, choquent, bouleversent et soulèvent chez la population un sentiment de colère et d’indignation.

 

L’émotion est vive. La colère indéniable. Trouver des solutions pour qu’il n’y ait plus jamais ça devient alors un besoin indispensable et à chaque fois le débat sur la réintroduction de la peine capitale refait surface. Sur les réseaux sociaux et sur les radios, la révolte des Mauriciens gronde. Beaucoup réclament sa réintroduction, brandissant, comme Reza Issack il y a quelques années : «Dent pour dent, une vie pour une vie.»

 

Pour faire reculer la criminalité, la peine de mort est-elle vraiment une solution ? Peut-on répondre à un crime par un crime ? Le MSM n’a jamais caché être pour la peine de mort. Le Premier ministre sir Anerood Jugnauth disait d’ailleurs en 2010 : «J’ai toujours été pour la peine de mort. Envers les trafiquants de drogue, je suis sans pitié, il faut les pendre !»Même son de cloche du côté de Pravind Jugnauth qui déclarait dans nos colonnes lors d’un précédent article sur le sujet : «Je suis pour la peine de mort dans des cas spécifiques, notamment dans les cas d’assassinat où on tue avec préméditation et aussi dans les cas de drug trafficking

 

De son côté, l’ONG DISMOI ne cesse de militer contre la peine de mort, arguant que les chiffres démontrent que ce n’est pas un élément dissuasif et un outil efficace contre la criminalité. Pour son directeur, Lindley Couronne, la demande de certains Mauriciens réclamant la réintroduction de la peine capitale est classique et le fait de la réintroduire serait un retour en arrière pour notre pays. «Certes, ce qui s’est passé à Camp de Masque est atroce et le débat va inévitablement revenir à la surface mais nous ne pensons pas qu’on puisse résoudre des problèmes sociaux avec une loi criminelle», dit-il. L’homme dit ne pas croire à la réintroduction de la peine capitale. En moins d’un siècle, dit-il, deux tiers des pays au monde ont aboli cette loi criminelle et Maurice fait partie de cette mouvance. «Je note que la peine de mort est toujours abolie à Maurice. Réclamer la réintroduction de la peine de mort est une réaction simpliste et les politiciens démagogues ne font que surfer sur cette vague», souligne Lindley Couronne. Maurice a aboli la peine capitale le 30 novembre 1995. La dernière exécution remonte à 1987. 

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