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7 septembre 2015 12:48
Il a du mal à y croire. «Je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer», lâche-t-il, lorsqu’il débute son «incroyable histoire».
Tout commence lorsqu’après cinq ans en Chine, il décide de retourner à Maurice : «Je suis musicien. Je joue du clavier et de la guitare. J’ai quitté l’île fin 2010 pour aller travailler en Chine.» Ayant vécu, dit-il, ce qu’il avait à vivre, il décide, le 18 juillet, de retrouver son île natale. Très vite, le jeune homme saute dans un train pour ensuite franchir la frontière à pied afin d’atterrir à Hong Kong : «Je me suis alors rendu à l’aéroport.» Comme il y arrive à une heure tardive, il décide de dormir sur place et entreprend le lendemain les démarches pour son voyage : «J’avais mes bagages et une petite sacoche qui contenait mon passeport, de l’argent et mes cartes bancaires.»
Comme c’est courant dans les aéroports, il décide de s’installer là où les passagers en transit patientent avant de prendre leur correspondance : «J’ai mis mes bagages à mes côtés, y compris ma sacoche, et je me suis endormi.» C’est en se réveillant, le lendemain, qu’il se rend compte que sa sacoche a disparu : «J’ai paniqué. J’ai cherché partout avant d’aller faire une déposition au poste de police de l’aéroport.» Il est alors loin de se douter que les choses vont se compliquer.
Linley se rend vite compte que, sans son passeport et sans argent, cela allait être impossible d’embarquer pour Maurice : «Sans mes papiers, je ne pouvais aller nulle part.»
Reprenant vite ses esprits, il se rend au consulat de Maurice à Hong Kong. «Je leur ai raconté mon histoire et ils m’ont fait comprendre qu’ils allaient me délivrer un Travel Document me permettant de regagner Maurice», raconte-t-il.
Soulagé dans un premier temps, il ne réalise pas qu’il s’est engagé dans une longue procédure. «Les préposés m’ont demandé quelques papiers et, comme j’avais mon téléphone portable, j’ai pu vite prendre contact avec mes proches pour qu’ils m’envoient des copies des documents nécessaires», poursuit-il. Linley décide, dans les premiers jours, de rester à l’aéroport : «J’ai dormi sur les sièges, puis par terre. Ensuite, un touriste ayant eu vent de mon histoire m’a offert un sac de couchage.»
Le musicien se rend alors compte que son affaire va durer plus longtemps qu’il ne le croyait : «À chaque fois que j’appelais le consulat, on me disait que mon cas était à l’étude et, à chacun de mes coups de fil, c’était le même refrain. À tel point que je me suis énervé face à un préposé qui s’ést aussi emporté.»
Entre-temps, Linley décide de s’organiser avec les moyens du bord pour «survivre» et «tenir le coup». Comme dans le film Le Terminal avec Tom Hanks (le personnage ne pouvant rentrer dans son pays en guerre, ni passer les portes de la ville, est condamné à rester dans le terminal international de l’aéroport JFK à New York), il trouve vite des petites astuces pour faire face à la situation : «Comme je bénéficiais du wi-fi gratuit, j’ai pu contacter quelques proches. N’ayant ni pièce d’identité ni cartes bancaires, je ne pouvais accéder à mes comptes. Impossible aussi de trouver un emploi dans ces conditions.»
Loin de s’inquiéter de son manque d’argent, sa priorité, c’était ses déboires avec le consulat : «Grâce à mes amis qui ont cotisé, notamment mon ami Gilbert Kuppusami, j’ai eu vite un billet de retour.» Mais en l’absence du fameux Travel Document, impossible de mettre un pied dans l’avion. Ainsi, Linley s’est retrouvé à devoir vivre carrément à l’aéroport : «Je me suis rendu compte que j’y étais depuis un mois.» Par la force des choses, il arrive, souligne-t-il, à s’organiser : «J’ai tout connu : des déboires avec des policiers qui ne comprenaient pas pourquoi je restais là-bas. Je devais raconter mon histoire encore et encore. Les officiers qui s’occupaient de mon cas m’avaient aussi remis un mémo expliquant ma situation. Pour la nourriture, je n’ai jamais eu de difficultés, car j’ai pu compter sur de généreux donateurs.»
Parmi les mauvaises expériences : «Ma rencontre avec trois Mauriciens originaires de Vacoas qui m’ont fait comprendre qu’ils n’avaient pas le temps de m’écouter, encore moins de m’aider.» Pour le reste, il s’organisait comme il pouvait : «J’avais mes vêtements et, les douches, je les prenais dans les toilettes pour handicapés de l’aéroport.» C’est grâce au contact avec ses proches qu’il arrive à tenir le coup : «Heureusement que j’avais mon portable. J’ai passé mon temps à lire des articles ou encore à visionner des vidéos.»
C’est une amie qui, ayant appris sa mésaventure, lui a dit qu’elle va référer son cas à Radio One. Dès que cette radio, à travers l’émission Enquête en direct, animée par Finlay Salesse, commence à travailler sur ce cas, les choses s’accélèrent : «Quand j’ai appelé, on m’a fait comprendre que mon document était prêt. Et j’ai pu prendre l’avion pour rentrer à Maurice le vendredi 28 août.»
Depuis, il arrive difficilement à réaliser comment il a fait pour vivre un mois dans un aéroport !
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