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Ma terrible expérience avec la dengue

21 mai 2024

Le ministère de la Santé conseille aux membres du public de prendre des précautions comme de porter des vêtements longs couvrant les bras et les jambes, d’utiliser des moustiquaires et d’utiliser des produits anti-moustiques...

La vigilance est de mise. Le Conseil des ministres du vendredi 17 mai a souligné qu'il y avait, au 16 mai, 295 cas actifs de dengue à Maurice, dont 32 personnes avaient été hospitalisées dans des hôpitaux publics et privés. Pour Rodrigues, 64 cas actifs de dengue ont été enregistrés, dont trois patients ont été hospitalisés. Lors du comité multisectoriel présidé par le ministre de la Santé Kailesh Jagutpal le mercredi 15 mai, afin de faire le point sur la situation et d'élaborer des stratégies pour mieux contenir la propagation du virus, il a été relevé que le nombre total de cas de dengue enregistrés entre le 11 décembre 2023 et le 14 mai 2024 s'élève à 5 903. Et les régions comptant le plus grand nombre de cas actifs sont Port-Louis,  Pamplemousses et Rivière-du-Rempart.

 

À ce jour, le pays compte huit décès dus à la dengue. Fort de la situation actuelle, au moment où plusieurs familles se retrouvent confrontées à ce virus, le ministre de la Santé a souligné la nécessité de poursuivre les campagnes de sensibilisation aux risques liés à l’accumulation d’eau et aux terrains dénudés. Il a ainsi appelé les autorités locales, les ministères concernés et les principales parties prenantes à faire équipe et à s’acquitter de leurs tâches avec diligence et de la manière la plus efficace possible afin d’éliminer le virus de la dengue dans les sept à huit semaines à venir. Bien que les autorités font tout pour maîtriser l’impact du virus sur la population, les contaminations continuent et ceux qui ont eu affaire au virus racontent avoir vécu une «terrible expérience» de par les symptômes qu'il provoque. Ce n’est pas Kurty Geneviève, 43 ans, un habitant de Quatre-Bornes, qui dira le contraire. Il décrit son face-à-face avec la maladie comme un véritable cauchemar.

 

«Quelque chose de violent»

 

«Quand on est atteint par ce virus, la fièvre qu’il provoque est certes une source d’inquiétude mais pour moi, ce qui m’a le plus marqué, ce sont les forts maux de tête qu’il provoque. C’est difficile de mettre des mots sur cette douleur. Ça m’a surtout affecté au niveau des yeux, c'est comme s'ils voulaient sortir de mes orbites. C’était vraiment douloureux et difficile à supporter. C’était infernal à tel point que c'était difficile de regarder des écrans», nous raconte notre interlocuteur qui se souvient très bien du jour où il a commencé à se sentir mal : «Je n’ai pas pensé à la dengue tout de suite. Je pensais que je faisais une allergie. Ça a commencé avec des frissons. J’avais particulièrement froid. Je demandais aux personnes  autour de moi si elles avaient froids et tout le monde répondait par la négation. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que je couvais quelque chose. J’ai par la suite commencé à faire de la température. C’était un mercredi ; je me suis dit que c’était sans doute passager et j’ai continué avec mes occupations habituelles. En rentrant à la maison le soir, je ne me sentais toujours pas bien et j’avais commencé à avoir un terrible mal de tête. Je suis alors allé à l’hôpital et ils ont fait une série de tests avec moi avant que les résultats ne tombent : j’avais contracté la dengue.»

 

Le virus provoque aussi, souligne Kurty, une perte d’appétit : «Je n’ai pas pu manger pendant cinq jours. Pa kapav manze ditou. J’étais sous sérum. J’ai été malade pendant 11 jours et j’ai perdu à peu près 5 kg. J’avais aussi une violente diarrhée, ce qui m’a affaibli. Des médecins venaient me voir à la maison où j’étais en isolement chaque trois jours pour faire des tests et c’est sur le 11e jour que j’ai commencé à aller mieux.» Notre interlocuteur, n’est pas près, raconte-t-il, d’oublier cette expérience : «C’est quelque chose de violent. Ce n’est pas comme avoir une grippe ou faire de la température. Et surtout, ce n’est pas quelque chose qu’on peut soigner à la maison. On sent que ce n’est pas quelque chose de normal. Je ne pouvais pas supporter les symptômes et c’est pour cela que j’ai voulu aller à l’hôpital pour voir ce qui n’allait pas. J’ai déjà été malade avant mais pas à ce point. Avoir la dengue, c’est vraiment une terrible expérience. Avec ce virus, notre système immunitaire prend un sacré coup. Toute cette expérience m’a marqué. Je ne pense pas avoir été aussi malade avant. Toutefois, cette terrible parenthèse dans ma vie a été un mal pour un bien, car après ce que j’ai vécu, j’ai décidé d’arrêter de fumer. Je fume depuis l’âge de 17 ans, mais après ce que j’ai traversé, je n’ai plus ressenti le besoin de fumer encore. Et depuis, je tiens toujours. Après trois semaines de souffrance, lekor-la nepli reklam sa sigaret-la.»

 

Le jeune homme a une pensée pour tous ceux qui font face à cette maladie en ce moment. «Le conseil que je peux donner, et je pense que c’est le plus sûr, c’est de se protéger des moustiques. Le spray anti-moustique est maintenant devenu un réflexe important pour moi. Alors, protégez-vous. Ayez toujours un anti-moustique avec vous. Pour ma part, j’ai été piqué sur le nez. Et pareil, j’ai senti que ce n’était pas une piqûre normale. Ça laisse une trace et ça avait aussi fait une petite bosse pendant quelques jours. Je n’ai pas envie de repasser par là encore...»

 

Pour les autorités également, la protection des Mauriciens est primordiale. Le ministère conseille ainsi aux membres du public de prendre les précautions comme de porter des vêtements longs couvrant les bras et les jambes, d'utiliser des moustiquaires, des produits anti-moustiques (crème, lotion, spray, serpentin, diffuseur électrique) et d’évacuer l’eau qui s’accumule sur la toiture des maisons. Les autorités conseillent aussi au public de vérifier que les conduits d’eau et les gouttières (dalo) ne soient pas obstrués, de couvrir convenablement les réservoirs d’eau pour que les moustiques n’y aient pas accès et de se débarrasser de tout objet qui pourrait retenir de l’eau dans l’environnement extérieur : pneus usagés, boîtes de conserve, déchets ménagers.

 

La population est aussi invitée à changer l’eau des vases à fleurs au moins une fois par semaine, à défricher et nettoyer régulièrement les terrains inoccupés, de veiller qu’il n’y ait pas de rétention d’eau dans les assiettes sous les pots aux fleurs et d’enlever régulièrement les feuilles mortes de leur cour. Car, plus que jamais, la vigilance reste de mise...
 

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