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Maëta Uppiah, 42 ans, succombe à ses blessures dix jours après un accident - Son oncle Mario Radegonde : «Il y a beaucoup de colère et d’incompréhension en nous»

5 février 2023

Cette semaine, les hommages ont plu sur les réseaux. Pour beaucoup, Maëta était un rayon de soleil, un petit bout de femme dynamique et pétillante qui aimait la vie et se battait pour offrir le meilleur à son enfant unique – une fillette de tout juste 7 ans. «Elle était une personne joviale, amicale et très appréciée. C’était quelqu’un d’extraordinaire», lâche son oncle Mario Radegonde, très affligé par sa disparition tragique. Elle avait d’innombrables projets, essentiellement pour sa petite fille, avec qui elle venait tout juste d’emménager à Flic-en-Flac. «Il lui restait tant de choses à vivre», se désole notre interlocuteur qui se fait le porte-parole de la famille.

 

Les faits remontent aux petites heures du matin du dimanche 22 janvier. En début de soirée, la veille, les proches de la quadragénaire s’étaient tous réunis chez Mario Radegonde, également domicilié à Flic-en-Flac, afin de célébrer leurs retrouvailles avec l’un des leurs, à Maurice depuis peu avec son épouse pour des vacances. Le petit groupe de cousins et cousines s’était ensuite rendu dans un pub à Tamarin pour terminer la soirée. C’est sur le chemin du retour, aux alentours de 1h15, que le drame s’est produit. Maëta, qui était au volant, circulait sur la route principale de Rivière-Noire, en direction de Yemen, pour rentrer à Flic-en-Flac, lorsqu’une voiture qui se dirigeait vers Tamarin a soudainement changé de voie et percuté la sienne. D’après l’enquête policière, le deuxième véhicule impliqué roulait à vive allure et est entré en collision avec celui de Maëta lorsque le conducteur a tenté d’en doubler un autre. Le choc a été d’une telle violence que les deux véhicules ont été sévèrement endommagés.

 

Mario Radegonde, resté chez lui à Flic-en-Flac, se souvient encore de l’appel bouleversant de ses fils, l’informant de l’accident. «Ils m’ont contacté pour me dire que c’était grave.» Ce sont d’ailleurs des cousins de Maëta, qui la suivaient dans leur propre véhicule pour rentrer, qui les ont sorties du véhicule, sa passagère et elle, tandis que d’autres cousins, aidés de passants, sont venus en aide au conducteur de la deuxième voiture impliquée et son amie. Ayant subi de graves blessures, Maëta et sa cousine ont été conduites par leurs proches à la Clinique de L’Occident, à Flic-en-Flac. Le chauffeur de la deuxième voiture – un étudiant et DJ de 22 ans – et sa passagère ont, quant à eux, été transférés à l’hôpital Victoria, à Candos, par une ambulance de l’hôpital Dr Yves Cantin.

 

Intervention chirurgicale

 

Bien qu’elles aient pu recevoir les premiers soins à la Clinique de L’Occident, l’état de santé de Maëta et de sa cousine nécessitait davantage d’attention. C’est la raison pour laquelle elles ont été transférées à la Clinique du Nord quelques heures plus tard. Ayant eu les côtes fracturées, elles ont subi une intervention chirurgicale le même jour. Si sa passagère a ensuite pu être admise en salle, Maëta, qui avait eu l’intestin perforé suite au choc, a dû être transférée au département des soins intensifs. Lorsqu’elle a repris connaissance, dit Mario Radegonde, Maëta serait revenue sur ce terrible accident. «Ce chauffard a soudainement foncé sur moi. Je ne savais plus quoi faire. Le temps pour moi de réfléchir, son véhicule avait percuté le mien», a-t-elle raconté.

 

«Pendant ces dix jours d’hospitalisation, Maëta a lutté. Elle s’est accrochée, malheureusement, son état de santé s’est détérioré petit à petit. Elle a fait un stroke, était paralysée du côté gauche, puis elle a fait un choc septique. Ils ont essayé de l’opérer à nouveau ; une opération ayant duré cinq heures, car la famille voulait que les médecins tentent le tout pour le tout, mais elle n’a pas tenu», se désole Mario Radegonde. Il poursuit avec émotion : «Le samedi 28 janvier, elle était revenue à elle. Elle avait regagné connaissance et se rappelait de l’accident mais dans la soirée du lundi 30, son état a empiré en raison d’une infection.» C’est finalement aux alentours de 00h30, le mercredi 1er février, que Maëta a succombé au choc de ses multiples blessures, plongeant sa famille dans un profond désarroi.

 

Le plus dur pour son entourage a été d’annoncer la mauvaise nouvelle à sa fille après lui avoir, durant plusieurs jours, caché l’accident de la quadragénaire. «Nous avons dû le lui dire. C’est son père qui a pris la responsabilité de le lui annoncer. Pour l’heure, elle tient le coup. Elle a été très impactée mais ce n’est qu’une enfant, elle ne comprend pas trop ce qui se passe. Elle est très touchée et semble très distraite. Je pense que c’est lorsque la vie reprendra son cours que cela l’affectera davantage vu qu’elle était très attachée à sa mère. C’est sûr que ce sera très dur, donc elle devra forcément être suivie», précise Mario Radegonde. Entre-temps, les membres de leur famille ne peuvent que la soutenir et l’épauler dans cette épreuve que nul ne souhaite traverser.

 

«Elle nous a été arrachée...»

 

Directrice de marketing, Maëta est également décrite comme quelqu’un de très professionnel. «Au bureau, tout le monde est bouleversé, n’arrive pas à travailler. Ses collègues sont tous très perturbés par ce qui s’est passé. Même les clients ont été très touchés», relate Mario Radegonde. Ce dernier, qui ne tarit pas d’éloges sur sa nièce, poursuit : «C’était quelqu’un de très attaché à sa famille, particulièrement à sa fille. Il aura fallu qu’on la perde pour réaliser l’impact qu’elle avait sur chacun de nous.» Le coeur lourd, il se remémore : «Nous avons passé des moments très agréables en famille et tout s’est toujours très bien passé. Elle était toujours là, très attentionnée, surtout envers sa mère, de qui elle était très proche. D’un coup, elle nous a été arrachée.»

 

Depuis son départ tragique et inattendu, Mario Radegonde conçoit qu’«il y a beaucoup de colère et d’incompréhension en nous. C’est vraiment injuste». Car, selon ses renseignements, «le chauffeur a doublé une voiture dans un virage, alors qu’il y avait une ligne blanche. De Cascavelle, il faisait la course avec une autre voiture. L’autre ne s’est pas arrêtée et c’est dommage». D’après lui, cette enquête comporte également plusieurs zones d’ombre. «Je ne comprends pas pourquoi tout a été enlevé très rapidement. Les lieux n’ont même pas été marqués à la craie. C’est étrange. Si un passant n’avait pas envoyé une vidéo, personne n’aurait su qu’un accident s’était produit en ces lieux.»

 

Ce qui l’a davantage choqué, ce sont les propos d’un haut gradé de la police à leur égard. «Il nous a dit que “ena enn sirkonstans. Piti-la zenn, li ena zis 24 an”. Quand quelqu’un est majeur et a un permis, on ne peut pas parler de circonstances ! Il est tout autant responsable qu’un conducteur plus âgé ! Comment peut-on dire cela avec autant d’indécence aux proches de la victime ? L’avenir d’un enfant de 7 ans a été hypothéqué !» Ce même officier, dit-il, leur aurait aussi déclaré que «”de toute façon, la loi prévoit une charge d’homicide involontaire. Li pou gagn zis enn lamann”. C’est inélégant, indécent de dire cela à des personnes qui sont meurtries. Lorsqu’on nous dit que l’enquête se fera en toute transparence, permettez-moi d’en douter». À savoir qu’au vendredi 3 février, la police indiquait que le conducteur impliqué, toujours hospitalisé, n’avait toujours pas subi d’alcotest parce qu’il était sous traitement. Il fera l’objet d’une accusation provisoire d’homicide involontaire une fois remis de ses blessures.

 

«Des lois plus sévères»

 

Déjà engagé dans le social, Mario Radegonde prévoit de lancer un mouvement pour toutes les familles ayant traversé pareille épreuve afin de «plaidoyer pour que cela cesse. Nous ne pouvons pas continuer comme ça. Les chauffards ne peuvent pas continuer à régner comme cela sans être punis. Il faut que nos lois soient plus sévères, qu’il y ait une éducation chez les jeunes pour qu’ils prennent conscience». Selon lui, «il y a beaucoup de choses à faire mais il faut bien commencer quelque part. Les autorités ont leur rôle à jouer mais il en est de même pour les citoyens».

 

Il estime que si les jeunes ont besoin d’un espace pour se défouler, pour faire des rallyes, «il nous faut créer et aménager cet espace car nos routes ne sont pas faites pour cela. Rouler à une telle vitesse, c’est comme avoir en main une arme pour tuer. Il est temps que cela cesse. Ce sera ma bataille car Maëta ne méritait pas de partir ainsi, tout comme tous les autres ayant perdu la vie dans les mêmes circonstances».

 

Les funérailles de Maëta Uppiah auront lieu ce matin. Le convoi mortuaire quittera le domicile de sa mère à Cité Mangalkhan, Floréal, à 9 heures, pour se rendre à l’église Saint-Jean Bosco, et de là au crématoire de Bambous.

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