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Par Sabine Azémia
7 mars 2016 14:01
Il est 17 heures, en ce jeudi 3 mars. Au rythme des chants spirituels dédiés au dieu Shiva, jeunes et moins jeunes, munis de longues branches de bambous, de rafia, de guirlandes multicolores, peaufinent les derniers préparatifs avant d’entamer la marche vers le lac sacré. Nous sommes à La Tour Koenig. Plusieurs kanwarsimposants s’alignent, entourés de guirlandes et ornés de la statuette de Shiva faite en fibre de verre.
Tout est presque prêt pour que ces pèlerins se mettent en route. Ils avaient prévu de se diriger vers le Ganga Talao hier, samedi 5 mars, pour ensuite reprendre le chemin du retour aujourd’hui. Et comme tous les ans, ils commencent les préparatifs assez tôt. Cette année, ils se sont mis à l’ouvrage depuis le 1er février. Chaque week-end, une vingtaine de jeunes de La Tour Koenig sacrifie son temps pour faire de ce pèlerinage un moment mémorable. Et cela ne va pas sans les fameux kanwars.
Parmi ce groupe motivé, Andy Gunnoo, 19 ans, président du groupe Shiv Sena, qui se fait un devoir chaque année d’encourager les jeunes de la région à participer à ces activités. «Je trouve que c’est important de partager les valeurs culturelles avec les jeunes pour qu’ils puissent transmettre la tradition à la future génération», poursuit Andy.
Andy s’est lui-même lancé dans cette initiative sur les encouragements de son père. «Quand nous sommes venus nous installer dans la région, il n’y avait personne qui fabriquait des kanwars. On a lancé cette initiative depuis huit ans et cela marche très bien», souligne le jeune homme. Pour Andy, les kanwarssymbolisent la spiritualité, la fraternité, la solidarité et la responsabilité. Les préparatifs ont aussi marqué le début du carême durant lequel les jeunes n’ont mangé aucun produit non végétarien. Ils se sont aussi rendus au temple trois à quatre fois par semaine pour des sessions de prière.
Car Maha Shivaratree est aussi une fête synonyme de sacrifices, souligne Anesh Parboteeah, 20 ans. Entre le carême, les sessions de prière régulières et la longue marche, ce n’est pas toujours facile de se lancer pour un jeune. Mais en groupe, c’est plus facile. Pour Anesh, c’est cet esprit de solidarité et de partage qui règne au sein de Shiv Sena qui l’encourage à se mettre en marche chaque année. «C’est certes un gros sacrifice mais je trouve que c’est important pour les jeunes», poursuit-il. Même son de cloche du côté de Nishal Sookhall, 27 ans. Pour lui, la marche vers le Grand-Bassin est un moment spirituel intense. «C’est un grand moment de partage.»
Parasran Gunnoo, le père d’Andy, 62 ans, considère cette marche vers Grand-Bassin comme une offrande. «J’encourage mes trois enfants à y aller chaque année car c’est un sacrifice qui mérite d’être fait», confie ce père de famille. Selon lui, ce sont des valeurs et traditions qui doivent être perpétuées de génération en génération.
C’est lors de la grande nuit de prière ce lundi que les dévots verseront l’eau récupérée de Grand-Bassin sur la statuette de Shiva. Accompagnés des membres de leur famille, ils passeront la grande nuit de Shiva au temple de la localité en faisant des prières et des offrandes. Cette longue nuit de prière prendra fin au lever du jour, mardi. «Ces sessions de prière sont sacrées pour nous», souligne Parasran Gunnoo.
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Des sarouels, des shorts, des pantalons et des T-shirts avec des imprimés de circonstance… pour une fête. C’est ce qu’a imaginé la marque de vêtements Endjoy pour la célébration de Maha Shivaratree. Pour la couleur, c’est le blanc qui prédomine alors que les designs font la part belle à la fleur de lotus ou encore à des divinités hindoues.
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«Nous vivons dans une île pluriculturelle et, comme nous avions imaginé une collection pour la fête du Printemps ou encore pour Eid, nous avons fait la même chose pour Maha Shivaratreeen s’inspirant de l’esprit de la célébration. Une tenue donne toujours le la à un événement et notre collection s’y prête. Ainsi, les sarouels sont déclinés à la fois au féminin et au masculin et les hauts et T-shirts sont aussi de circonstance. Nous avons aussi prévu des sacs à porter en bandoulière assortis avec les vêtements», explique Kan Chan Kin, directeur artistique d’Endjoy.
Christophe Karghoo
C’est l’une des plus grandes célébrations de la communauté hindoue de l’île. Chaque année, les membres de cette communauté se dirigent vers le lac sacré de Grand-Bassin dans le cadre de la fête Maha Shivaratreequi signifie la grande nuit de Shiva. Selon le pandit Prakash Poonyth de Lallmatie, «Maha Shivaratree veut dire : Maha (la joie et le contentement), Shiv (destructeur), et Aratree (pendant la nuit)».
Plusieurs légendes expliquent l’origine de la fête Maha Shivaratree. L’une évoque le mariage de Shiva et Parvati ; une autre que ce jour serait celui où Shiva aurait exécuté la danse de la création, de la préservation et de la destruction. Enfin, la plus célèbre raconte que Shiva se serait sacrifié pour sauver l’humanité en buvant du poison.
Durant la grande nuit de Shiva ce lundi 7 mars, les temples de l’île accueilleront des fidèles de 18 heures à 6 heures le lendemain matin. «La grande nuit de Shiva est dédiée au créateur, à celui qui a créé l’univers. Cette nuit se passera dans la joie, dans la positivité, avec la dévotion de chaque pèlerin», confie le pandit.
Tout au long de la grande nuit, les dévots s’efforcent de satisfaire le dieu Shiva en jeûnant, en lisant des textes sacrés et en faisant des offrandes. Puis, selon la tradition, pour clôturer le jeûne et l’hommage à Shiva, les pèlerins partagent un repas composé de dattes, de noix, de patates douces et de riz pilé.
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