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27 août 2021 14:00
Le scénario de cette nuit tragique défile sans cesse dans sa tête. «Li touzour difisil pou aksepte. Seki pli dir, se fason nou finn perdi li», confie avec émotion Sangeeta, la veuve de Manand Fakhoo. Dans la soirée du 21 janvier, ce dernier se trouvait dans sa voiture, à la jonction des rues Martindale et Swami Dayanand, à Beau-Bassin, non loin de chez lui, lorsqu’il a reçu une balle au visage et une autre à la nuque, tirées à bout portant. Le tireur était à moto, en compagnie d’un complice. Saignant abondamment, Manand Fakhoo, plus connu comme Manand Toro, s’est d’abord rendu au poste de police de la région au volant de sa Hyundai, avant de se rendre à l’hôpital de Candos, où il a été opéré d’urgence. Il est mort à l’unité des soins intensifs 24 heures plus tard.
Soupçonnant un règlement de comptes, la police a arrêté plusieurs suspects. C’est d’ailleurs la libération sous caution de l’un d’eux qui a forcé Sangeeta Fakhoo à briser, enfin, le silence sur toute cette affaire. Bien que de nombreuses questions que ses enfants et elle se posent restent sans réponse jusqu’ici. «Mo ankor rapel sa moman li ti pe trap mo lame dan lopital, zis apre ki li ti gagn kout bal. Li ti pe soufer boukou. Mo ti panse li pou korek apre. Se enn pert enorm pou nou fami», regrette Sangeeta. Son cœur d’épouse est meurtri depuis ce terrible drame : «Manand ti enn bon mari dan lakaz. Li ti perdi so mama an 2019. Enn an apre, nou fami perdi li. Nou tou ankor dan sok. Nou kone li ti bizin mor enn zour me zame nou ti panse li pou fini koumsa.»
Sangeeta Fakhoo avoue qu’elle ne trouve plus facilement le sommeil depuis l’assassinat de son époux. Elle a dû, dit-elle, consulter un psychologue et un psychiatre. Elle doit également prendre des comprimés pour dormir. «Il me manque énormément. L’assassinat de mon époux ne doit pas rester impuni. Il mérite que justice soit rendue», insiste-t-elle. L’épouse de Manand Fakhoo ajoute qu’elle ne sort plus : «Mo pa anvi mem get sime. Manand inn gagn kout bal dan la krwaze pa tro lwin ek nou lakaz. Nou santi nou an danze aster. Sispe-la res pre kot nou.»
Nitisha et Kashish, les deux enfants du couple, ont d’ailleurs animé une conférence de presse aux côtés de leur mère, le vendredi 20 août. La fille et le fils de Manand Fakhoo disent également craindre pour leur sécurité. «Mon frère a reçu des menaces sur les réseaux sociaux. Il a déjà porté plainte à la police. Nous voulons avoir une protection policière car nous avons peur pour notre sécurité», explique la jeune femme. Son frère abonde dans le même sens : «Le suspect libéré sous caution n’habite pas trop loin de chez nous.»
Le jeune homme invite le commissaire de police (CP) à faire le nécessaire pour que l’enquête soit bouclée au plus vite afin que le judiciaire puisse prendre le relais. «Notre père mérite que justice soit faite. Nous remercions la police qui a fait un travail énorme jusqu’à présent, avec l’arrestation de plusieurs suspects. Mais l’enquête est toujours en cours. Nous craignons aussi pour notre sécurité car l’arme du crime est toujours dans la nature», affirme Kashish.
Le groupe Namaste apporte son soutien à Sangeeta et à sa famille depuis ce terrible drame. Dharshini Seesurrun, membre du groupe, invite également la police à boucler l’enquête au plus vite. Elle lance aussi un appel à la sérénité et la paix dans le pays. Navin Unoop soutient également les Fakhoo. Le vice-président de la Voice of Hindu, aussi directeur de la NS Defence Ltd, est à la tête d’une private investigation team qui a enquêté sur l’assassinat de Manand Fakhoo. Son équipe a déjà soumis un rapport au CP à cet effet.
La famille refuse pour le moment de dévoiler le contenu dudit rapport qui est confidentiel. Toutefois, il impliquerait un groupuscule dont les membres seraient entraînés et armés, et auraient déjà plusieurs police cases à leur actif. «Je peux simplement vous dire que cette fusillade était planifiée. Les images des caméras de surveillance ont démontré que mon père était suivi depuis quatre jours», précise Nitisha. Interrogé, Navin Unoop a refusé d’en dire plus. «C’est le CP qui doit maintenant décider de la marche à suivre», souligne Nitisha. Sa famille a retenu les services d’un panel d’avocats pour l’aider à faire éclater la vérité.
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