Publicité

Manifester, ça sert à quelque chose ?

26 mars 2014

Les manifestations dans les rues pour défendre une cause fonctionnent-elles toujours ? 

 

Yannick Cornet : Ça sert à montrer qu’il y a un mouvement populaire. Ça envoie un signal fort aux autorités. Et ça fonctionne surtout quand les gens doivent faire face à un problème. Ceux qui ont manifesté contre le port du gilet fluorescent en journée ont obtenu gain de cause. Néanmoins, lorsqu’il s’agit, comme pour manifester contre les centrales à charbon, d’un mouvement pour éviter la mise en place d’une mauvaise mesure, les gens sont moins motivés. La peur des répercussions, quand on est un fonctionnaire, est aussi pour beaucoup. Et puis, il y a ceux qui pensent qu’ils peuvent gagner des combats uniquement sur Facebook.   

 

Saïd Ameerbeg : Pas vraiment. Les gens ne se mobilisent plus. C’est la mentalité de Maurice ; si ça ne me concerne pas, ce n’est pas mon problème. Ou alors, on préfère discuter sur Facebook, dans le confort de sa maison. Pour qu’une manifestation fonctionne, il faut qu’il y ait foule. Pour que les autorités réagissent, il faut qu’elles aient conscience qu’un mouvement de contestation fort est en marche. De plus, il y a toujours d’autres personnes, proches des politiques, qui, dans leur intérêt personnel, font de façon à ce que ces protestations ne soient pas prises en considération. 

 

Descendre dans la rue, est-ce une action nécessaire pour faire entendre sa voix ? 

 

Yannick Cornet : Manifester ? Ce n’est pas seulement nécessaire. C’est primordial. Quand les autorités voient que des gens se mobilisent en masse, ça les pousse à la réflexion. Parce qu’au final, il s’agit d’un rapport de force politique. Les décideurs savent bien que ces citoyens qui se mobilisent sont des électeurs. Si ces personnes ne sont pas satisfaites des actions de leur gouvernement, elles prendront les mesures nécessaires. 

 

Saïd Ameerbeg : Pas forcément. Au final, c’est rare que ce genre d’action apporte des résultats positifs. Souvent, il y a une manifestation et puis plus rien ! D’ailleurs, les autorités le savent. Les gens ne se mobilisent pas vraiment de cette façon. 

 

Pour faire réagir les autorités, n’existe-t-il pas d’autre alternative ?

 

Yannick Cornet : Il y a de nombreuses actions à envisager : pousser les membres de l’opposition à poser des questions, envoyer des lettres aux autorités, médiatiser son combat, et à conscientiser les gens. Néanmoins, le mouvement ultime, c’est la manifestation. C’est la seule façon de démontrer qu’il s’agit d’un mouvement populaire. 

 

Saïd Ameerbeg : Bien sûr. Et je pense qu’elles sont plus efficaces. Dans un premier temps, il faut tenter de discuter avec les autorités autour d’une table ronde. Si elles ne sont pas intéressées, ceux qui combattent doivent se tourner vers la justice pour obtenir gain de cause. 

Publicité