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Marche contre le prix du carburant : mouvement solidaire autour du gréviste Nishal Joyram

28 novembre 2022

Dans sa voix : de la force. Et cela, même s’il a dépassé le stade des 10 jours sans se nourrir. Ce samedi 26 novembre, le Mauricien Nishal Joyram a entamé le 12e jour de sa grève de la faim, qu’il mène, dit-il, au nom de tous les Mauriciens qui souffrent de la hausse du prix du carburant. Une rencontre de son comité de soutien avec Soodesh Callichurn, le ministre du Commerce, ce jeudi 24 novembre, n’a pas débouché sur une solution. Le ministre a annoncé que le Petroleum Pricing Committee ne se réunira qu’en janvier 2023. 

 

Dans une conférence de presse du MSM ce samedi, Sandra Mayotte a commenté la grève de la faim de Nishal Joyram. «Nou viv dan enn pei de drwa ek demokratik.  Malerezman, sa sityasion-la, li depas nou kar se enn sityasion de konfli ant de pei ki pe inpakte nou. Nou swete ki konfli-la pa dir lontan afin ki pri lesans sibir enn lezer bes ou revinn normal. Donk kouma monn dir, lapersonn li lib pou exprim li koumsa ek mo sir ki bann minis konserne ek le PM sansib a seki sa sitwayen-la ena pou dir», a déclaré Sandra Mayotte. En attendant un move des autorités, les jours passent. Nishal Joyram s'affaiblit (son état de santé se détériore selon le Dr Gujadhur qui le suit) mais il tient bon. Il s’accroche toujours (à ce samedi 26 novembre) et puise sa force, dit-il, de tous ces anonymes qui le soutiennent, lui témoignent de la sympathie et lui envoient des ondes positives et les bonnes énergies pour l’aider à tenir le coup et à poursuivre sa lutte.

 

Et la marche de ce samedi pour donner écho à son combat, qui a démarré devant la place de la cathédrale à Port-Louis et l’engouement de ceux qui se sont déplacés dans la capitale pour se joindre à sa voix dans sa démarche de faire baisser le prix du carburant, lui réchauffent, dit-il, le cœur. C’est en fauteuil roulant, à cause de ses conditions physiques, qu’il a participé à la manifestation pacifique. «Bes lesans, bes diezel, gouvernman dominer...» C’est en scandant ces slogans, entre autres, avec le quadricolore en main, sous des bruits de klaxons d’automobilistes et de motocyclistes, que des manifestants ont marché dans les rues de Port-Louis. Dans les témoignages, les mêmes revendications : «que les autorités écoutent la souffrance des Mauriciens» ou encore des messages comme «bizin aret segn la populasyon, bizin aret plim la populasyon»...

 

«Ekout soufrans sa pep-la»

 

Et tout ce mouvement solidaire autour de son action est, pour Nishal Joyram, encourageant. Prenant la parole, le gréviste a tenu à s’adresser directement au Premier ministre Pravind Jugnauth. «Monsieur le PM, nou pe soufer. La semaine prochaine, lundi, on a un comité de soutien. Ou kapav fer enn demars ou zwenn nou komite de soutien parski apartir mardi, nou pou komans intansifie lapresyon ankor plis. Nou pe koumans fer bann zafer otreman, legalman. Li inportan ou ekout soufrans sa pep-la», a-t-il déclaré.

 

Sollicité, l’enseignant nous a déclaré que le combat ne concerne pas uniquement la baisse de prix du carburant. «Il ne s’agit pas uniquement du prix de l’essence et du diesel mais il s’agit aussi de pointer du doigt la mauvaise gestion des autorités et le besoin de redynamiser l’économie. C’est là, le message que je veux envoyer. Le plus important, c’est de créer des richesses dans le pays au lieu de piller les contribuables pour pouvoir palier aux trous qu’il y a dans la caisse», nous confie l’enseignant Nishal Joyram, tout en nous précisant qu’il tient le coup malgré son état de santé. «Je suis suivi par le Dr Vasantrao Gujadhur et il est inquiet. C’est tout à fait normal que je sois affaibli car je ne me suis pas nourri depuis quelque temps. Avec ce momentum que mon action a gathered, je ne pense pas que je vais back pedal. Je vais tenir. Pour moi, la cause surpasse l’homme. Ma personne est secondaire. C’est la cause qui est plus importante», souligne le gréviste. Dans la foule présente à Port-Louis : des jeunes, des moins jeunes, des hommes, des femmes, des enfants, des familles... Des personnes qui se sont déplacées pour répondre à l’invitation de Nishal Joyram et qui sont venus participer à la marche pour dire qu’ils adhèrent à sa démarche et qu’ils l’«admirent» pour son courage.

 

Pour le gréviste, l’appui du peuple Mauricien est important : «Ces derniers jours, j’ai pu constater que les Mauriciens comprennent mon action. J’ai reçu des gens de tout bord, de tous les âges, des quatre coins de l’île, de toutes les communautés. Le prix du carburant affecte tout le monde, pas uniquement les automobilistes parce qu’il y a une réaction en chaîne qui fait que les prix dans les supermarchés sont aussi concernés, tout comme le coût des services, qui a augmenté aussi.»

 

Présents également à la marche, en sus des citoyens lambda, des syndicalistes, des politiciens de l'opposition et des citoyens engagés. Et dans sa bataille, Nishal Joyram peut, souligne-t-il, compter sur des alliés. Parmi : Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM). «On suit notre ami Nishal Joyram dans son combat et on le soutient bien évidemment. Les gens ont pris conscience du geste très important de Nishal Joyram. Ils ont vu sa détermination. Nishal a une grande abnégation dans son action. Il a imposé une violence physique sur sa personne parce que les autorités font la sourde oreille sur un sujet qui touche tous les Mauriciens», nous confie Jayen Chellum.

 

Dans le comité de soutien autour du gréviste de la faim, il y a également l’activiste Ivor Tan Yan qui estime que le message que veut faire passer Nishal Joyram a touché la population. «Les Mauriciens, pour moi, ne sont pas des san lamour prop. Ils sont conscients et ils ont réalisé que l’action de monsieur Joyram est complètement selfless. Il n’a aucun intérêt personnel dans cette lutte. Il mène une grève de la faim pour trouver une solution à un problème national. C’est pour cela qu’ils soutiennent Nishal Joyram», nous déclare Ivor Tan Yan, en revenant sur le mouvement solidaire autour du gréviste Nishal Joyram...

 


 

Le comité de soutien se penche sur des actions futures

 

À l'issue de la marche dans les rues de Port-Louis, Ivor Tan Yan a fait savoir que d’autres initiatives suivront. «Dans une lettre, le bureau du Premier ministre nous dit de faire preuve de bon sens. On va prendre un petit moment pour réfléchir. Le comité se rencontre ce dimanche pour décider des futures actions qu’on va prendre. Ce qui est sûr, c’est que le comité de soutien va s’agrandir et on va se tourner vers l’international parce qu’il y va de la santé d’un être humain», a déclaré Ivor Tan Yan. Lors de l'inauguration d'un complexe sportif à La Tour Koenig, Pravind Jugnauth a évoqué la correspondance envoyée au comité de soutien de Nishal Joyram.

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